Redescendre la passion de son piédestal


Commençons par DÉ-SA-CRA-LISER. Une passion n'est pas forcément incroyable, glamour ou visible. Une passion, ça peut être simple et discret : contempler la beauté de la nature, découvrir de nouveaux lieux, apprécier le silence sont des passions tout à fait respectables.

 

D’ailleurs à la question « c’est quoi ta passion ? », répondre « la vie ! » pourrait suffire. Et bim.

 

Ensuite, il est important de déconnecter “passion” et “performance”. La passion a cet arrière-goût d’exigence de résultats pas franchement agréable. Il est d’ailleurs possible que vous ayez des passions mais que vous leur portiez un jugement si sévère qu’il vous empêche de les assumer. Breaking news : on peut être passioné·e de musique sans être musicien.ne. On peut être passioné·e de danse sans être danseur·se professionnel.le

 

Le mot « passion » peut mettre la pression. Pensez plutôt « plaisir » : que faites-vous par plaisir ? Qu’est-ce qui vous fait oublier le temps ? Voire oublier de manger ? (bon OK, c’est plus rare.)



Ne vous laissez pas berner

(et ne vous bernez pas vous-même)


Souvent, il y a une forme de confusion entre talent, passion et bonheur.

 

La sublimation du quotidien – via les réseaux sociaux notamment – entretient l’illusion qu’il y aurait une sorte d’élite, dotée d’incroyables passions à la naissance, qui serait seule détentrice du bonheur.

 

Cette confusion peut mener au piège de devenir spectateur·rice de son quotidien, et d’attendre patiemment qu’une passion miraculeuse vienne nous en délivrer. Sauf que… c’est en fait le meilleur moyen de passer à côté du moment présent.

 

En psychologie, cela s’apparente au « soi idéal », la personne totalement fantasmée dans notre tête (faites pas genre ;)) qu’on s’imagine devoir être pour être heureux·se (à la tête d’un business de sapes vintage, incollable sur la culture techno 90’s, jeune actrice montante...)

 

Plus ce « soi idéal » est éloigné du « soi réel », plus on aura tendance à se comparer avec cette créature imaginaire, mais aussi avec des inconnu·es qui lui ressemblent de près ou de loin. Le risque ? Se dévaloriser inutilement. Votre valeur est avant tout intérieure avant d'être extérieure, ce que l'on vous partageait déjà dans cet article.

 

Déléguer votre bonheur à une passion hypothétique qui vous attendrait quelque part, c’est un peu comme prendre des résolutions de début d’année : souvent vain. On le répète, il n’est pas nécessaire d’exceller dans un domaine et de le montrer pour « réussir » sa vie.



Remplacer la passion par le don


« Un don ? Mais j’sais pas chanter, moi ! » Alors, non : la passion, comme le don, est souvent plus accessible qu'on n'imagine.

 

Petit retour aux sources : étymologiquement, don vient du latin odum qui signifie cadeau. Un don c’est offrir un cadeau, à soi et au monde. La personne qui reçoit ce cadeau en a souvent plus conscience que celle qui l'offre. C’est un peu le propre du don : un talent naturel dont on a parfois peu conscience.

 

De nombreuses personnes se réalisent grâce à leur don sans en faire tout un plat. Il peut s’agir de la capacité d’écoute, de qualité d’organisation, d’un humour à toute épreuve. Rien à voir avec réaliser des saltos, donc.

 

Pour prendre conscience de vos dons, rien de plus simple : demandez à vos proches ce que vous leur apportez d’unique. Vous serez surpris·e de découvrir qu’être pragmatique, faire rire ou être sensible sont de véritables cadeaux pour les autres.



Créer votre « sens »


Ce désir d’avoir « sa passion à soi » renvoie souvent à la quête identitaire : qui suis-je ?

 

Vous pouvez remplacer la passion par le sens, votre définition du sens. Laissez-vous guider par ce que vous ressentez, ce qui vous plaît, sans rechercher si c’est « labellisé passion » ou pas : qu'est-ce qui a du sens pour vous ? Quelles causes vous animent ?

 

Définir vos valeurs et vivre en accord avec elles est tout aussi jouissif que de chanter parfaitement We belong together de Mariah Carey, promis.

Et peut-être que de ce sens, émergera une passion. Ou peut-être pas.

 

Une chose est sûre : en suivant ce fil d’or, vous verrez comment votre sens peut être mis au service de plus grand. Si vous en avez l'envie, bien sûr. Et si finalement votre passion était d’être vous-même et de l’exprimer ?
 


Aurélia Monaco