Apprendre à se connaître

 

Pour bien poser ses limites, il faut déjà les connaître (merci d’être venu·es à notre TED Talk). Mais comprendre ses sensibilités, ses triggers et leurs causes, c’est pas toujours évident. Dans un premier temps, c’est benef de se poser seul·e avec soi-même pour pouvoir prendre du recul. Vous pouvez par exemple commencer une note dans votre tél pour consigner les moments où vous vous êtes senti·es mal à l’aise, blessé·e, frustré·e et écrire en face ce qui a généré ce sentiment d’après vous.

 

Il existe aussi des apps gratuites comme How We Feel qui vous aide à monitorer vos émotions au fil de la journée, et à noter où vous êtes à ce moment-là, avec qui, si vous avez bien dormi la veille ou fait du sport, etc. Toutes ces datas émotionnelles vont vous aider à prendre du recul sur le paysage global de vos émotions, et donc ce qui vous met bien, ou au contraire dans le mal..

 

 

Accepter ses sensibilités

 

Notre société n’encourage pas beaucoup la bienveillance, notamment envers soi-même. Injonctions, rythmes de vie effrénés et stéréotypes de genre sont autant d’obstacles entre nous et notre emotional self.

Anyways, on ne choisit pas ce qu’on ressent. Donc pour poser des limites saines, il faut avant tout accepter ses émotions, pour ensuite voir si ça nécessite un ajustement des autres, un taff sur soi-même, ou un mélange des deux. Une fois ce point éclairci, on se sent plus légitime à s’exprimer. Et peut être qu’un truc qui nous fait bader amuse quelqu’un d’autre, mais ça nous rend pas moins légitime. Chacun·e a son bagage, son vécu, ou ses traumas. Pas besoin de matcher la norme pour mériter de la bienveillance #duh.

 

 

Distinguer explications et justifications

 

Parce qu’on n’a pas toustes les mêmes refs, codes sociaux, ou sensibilités, personne ne peut anticiper les limites de tout le monde, et c’est ok. Du coup, connaître et accepter ses limites est essentiel pour l’étape 3 : savoir les exprimer à son entourage. Être dans l’honnêteté favorise des dialogues qui renforceront le confort de tout le monde.

 

Mais, nuance : si c’est cool d’être clair·e avec ses proches parce que personne n’est devin, il faut aussi que les gens ouvrent leurs oreilles. Quelqu’un qui n’en aura rien à faire de vous écouter réclamera des justifications - « Je vois pas pourquoi ça te dérange » - plutôt que des explications - « Si je comprends bien, tu es mal à l’aise à cause de ça et ça ? » - pour réellement vous comprendre, et ça peut être super drainant. Donc n’hésitez pas à vous exprimer fermement si besoin et ne culpabilisez pas si la personne en face manque d’intelligence émotionnelle.

 

 

Repérer les situations où on a du mal à s’affirmer

 

Peu importe qu’on soit Jedi expérimenté·e ou jeune Padawan de la pose de limite, il y a toujours des situations plus ou moins easy à gérer. Les spotter permet d’anticiper et de préparer ses interventions sans être dans le stress de l’improvisation.

Selon notre vécu, on galère pas partout pareil. Genre vous n’avez aucun problème pour dire à votre boss que vous devez poser une journée à cause d’un mauvais rhume, mais vous êtes angoissé·e d'annoncer à votre bestie que vous ne pourrez pas venir à sa soirée à cause dudit rhume.

 

Again, il n’y a pas de norme universelle pour les sensibilités de chacun·e. Garder ça en tête permet de détecter et capter quel contexte vous met mal et pourquoi. D’ailleurs, pour préparer une interaction qu’on redoute, s’entraîner avec des proches ou un·e psy peut aider à être plus serein·e quand c’est le moment d’exprimer sa limite.

 

 

Gérer quand nos limites sont challengées

 

Parfois la vie est nulle : on a énoncé clairement une limite tout à fait légitime, et on se fait recaler. Dans ce cas, comment réagir en préservant sa santé mentale ? Ça dépend des situations. Si votre limite empiète sur celle d’une autre personne, s’écouter mutuellement et en discuter est un bon plan pour trouver un compromis. Ou choisir des chemins différents, mais sans rancune. Par exemple, dans le cas de deux personnes in love, mais une n’est heureuse qu’en couple exclusif et l’autre qu’en couple ouvert, il est possible de ne pas trouver d’accord commun. Et c’est ok, personne n’a à se forcer.

Mais si une limite évidente est bafouée dans la violence ou la discrimination, on n’a qu’un conseil : faites ce que vous voulez. Ce “pote” qui n’arrête pas de faire des blagues racistes alors que vous êtes directement concerné·e ? Vous ne lui devez aucune leçon de pédagogie. Ignorez-le, criez-lui dessus ou expliquez-lui le problème bref, faîtes ce qui vous met le plus à l’aise. Pareil pour ce relou qui n’arrête pas d’essayer de vous prendre par la taille en boîte : esquive, remarque glaciale ou bonne gueulante… suivez votre mood. Savoir poser ses limites clairement, c’est cool, mais chacun·e à son rythme et sa façon pour éviter d’en faire une injonction supplémentaire.

 

 

Atomiser le patriarcat

 

Parce que si on croit dur comme fer à la puissance du self love et des analyses psy, on pense aussi que les systèmes qui renforcent les oppressions empêchent de nombreuses personnes de poser leurs limites, à cause des attaques et du gaslighting qu'elles subissent. Notamment les femmes, dont la parole est constamment dévaluée et ridiculisée. Normal du coup, d’avoir du mal à dire stop, quand on sait ce qu’on risque.

 

On peut carrément appliquer les tips précédents pour améliorer notre situation individuelle rapidement, tout en ayant conscience qu’un taff plus long et plus large est aussi nécessaire. S’impliquer pour que les stéréotypes et les discriminations systémiques disparaissent, pour que les vécus et les paroles de tout le monde soient considérés avec attention. Avec ça, le respect des limites augmentera sûrement de plusieurs levels.


Claire Roussel