Bien utile de prendre du recul sur un discours médiatique, que ça soit un édito du Point ou le meme d’un compte suivi par des milliers de personnes. Parce qu’en plus d’alimenter le patriarcat sur le long terme, le gaslighting des femmes a des effets immédiats graves. Sur les personnes visées directement - les actrices Jameela Jamil et Meghan Markle ont eu des pensées suicidaires suite au harcèlement de journalistes - mais aussi sur toutes les femmes qui sont témoins de ce phénomène.

 

Quand on prend le traitement médiatique violemment inéquitable entre Amber Heard et Johnny Depp (alors que dans les faits, les deux ont été reconnus coupables à la fin de leur dernier procès et Depp en a déjà perdu deux autour de la même affaire), on imagine la terreur de femmes victimes de violence : qu’est ce qui pourrait les empêcher d’être elles aussi atomisées dans la sphère publique si elles osent s’exprimer ? Heureusement, il y a des réflexes easy à choper pour contrer ce phénomène.

 

Checker le vocabulaire : des petits mots peuvent donner de gros indices sur les préjugés sexistes de la personne qui s’exprime. Ça parle “hystérie”, “victimisation”, “elle l’avait bien cherché” : fort probable que l’article aie un biais misogyne et que les femmes qui y sont mentionnées aient des mauvais côtés exagérés voire inventés.

 

Faire attention aux citations : certaines personnes a d o r e n t citer les féministes et tronquer leurs propos en les coupant à un moment critique. Quand Alice Coffin a écrit Le Génie Lesbien et a dit à propos des hommes « Il ne suffit pas de nous entraider, il faut à notre tour les éliminer. », cette phrase a circulé sur Twitter et dans des médias qui ont hurlé au scandale sans inclure la seconde phrase : « Les éliminer de nos esprits, de nos images, de nos représentations », transformant une réflexion sur le male gaze en incitation au meurtre.

 

Retourner aux sources : vous avez l’impression que les idées ou les actions d’une femme ne sont pas restituées correctement ? Go checker ça à la source : lisez son livre, matez ses vidéos, ses réseaux sociaux… Vous constaterez par vous-même ce qu’il en est.

 

Se demander qui parle : c’est toujours bénef’ de savoir quelle personne ou entreprise est derrière un propos pour avoir une idée de ce qui l’influence. Parce que, spoiler, la neutralité journalistique, ça n’existe pas. On est toustes un minimum orienté·es par nos éducations, nos intérêts, nos expériences… Le goal est de rester le·a plus factuel·le possible, mais ça ne sera jamais absolu (en exemple positif, ce thread hyper sourcé de la journaliste Charlotte Bienaimé sur le procès Heard-Depp).

 

Prendre en compte les privilèges : si un article/un post couvre un conflit entre deux personnes, c’est intéressant de voir s’il prend parti, et si la personne défendue est plus privilégiée. Genre l’affaire Strauss Kahn, où un homme politique blanc-cis-hétéro a agressé une femme de chambre noire, ce qui a été qualifié de simple “troussage de domestique” sur France Culture (source : Défaire le discours sexiste dans les médias, Rose Lamy, Editions JC Lattès). On peut garder en tête que, de façon générale, les personnes minorisées sont plus déshumanisées et donc susceptibles d’être défavorisées dans leur traitement médiatique.

 

Checker notre propre agacement : on vous en parlait déjà ici. A force de voir des femmes - souvent célèbres - sous un angle déformé, on peut développer une allergie pour zéro autre raison que “elle m’agace je sais pas pourquoi”. Pour stopper ce cycle de misogynie, n’hésitez pas à vous demander si une femme vous saoule à cause de ses actions/paroles, ou si vous avez juste vu passer trop de memes qui la ridiculisent.

 

Follow des meufs engagées : pour des analyses en béton armé, on adore suivre le taff des femmes qui portent un regard engagé sur les médias. Les stories de l’actrice et podcasteuse Jameela Jamil, le compte et le livre de Rose Lamy, les articles de la journaliste Constance Vilanova, le podcast Mécréantes, les analyses de l’actu par Marie Bongars… Régalez-vous.

 

 

Claire Roussel