Les Troubles du Comportement Alimentaire sont des pathologies reconnues : VRAI

 

Et il faut bien comprendre qu’une anorexie mentale n’a rien à voir avec un caprice alimentaire ou un régime, et que la boulimie ne se définit pas comme un craquage occasionnel sur un pot de Ben&Jerry’s. Ce sont des pathologies qui sont inscrites au registre des troubles psychiatriques et qui comptent d’ailleurs parmi les troubles mentaux les plus fréquents : selon l’Assurance Maladie, 10% de la population serait concernée par un TCA - et ces chiffres grimpent follement chez les adolescent·Es.

On considère qu’il y a Trouble du Comportement Alimentaire quand une personne développe une relation inhabituelle (#toxique) avec la nourriture / son alimentation, et que celle-ci s’accompagne d’une souffrance psychique et physique durable. Les symptômes associés peuvent aller de l’anxiété à la dépression, de l’obésité à la dénutrition, en passant par d’autres problèmes moins visibles (troubles intestinaux, dysmorphophobie, aménorrhée, problèmes cardiovasculaires...).

 

 

Il n’y a pas d’autres TCA que l’anorexie et la boulimie : FAUX

 

L’anorexie et la boulimie sont les deux TCA dont on entend le plus souvent parler, mais c’est un peu plus compliqué que ça.

On s’est appuyées sur les définitions données par la Fondation pour la Recherche Médicale en France pour distinguer les 3 troubles principaux :

 

L'anorexie mentale qui “se caractérise par une alimentation insuffisante par rapport aux besoins physiologiques, par des perturbations de la perception du corps liées à l’estime de soi et par un refus de prendre du poids même lorsque le corps est très amaigri.

 

La boulimie qui se manifeste par des épisodes de surconsommation de nourriture (qu’on appelle des crises) “suivies de comportements compensatoires inappropriés : vomissements, jeûne, exercice physique excessif”, ou de restrictions alimentaires... qui mènent souvent aux crises boulimiques, et ainsi de suite (#cerclevicieux). Les personnes boulimiques ont en général un poids stable, ce qui rend la maladie difficile à détecter.

L’hyperphagie boulimique (= le binge eating disorder), qui “se présente sous la forme d’épisodes récurrents de crises de boulimie mais sans comportements compensatoires associés”. De nombreuses études font donc état du lien entre l’hyperphagie boulimique et l’obésité. Notez bien cependant que l’obésité N’EST PAS un TCA, même si elle peut-être une des (nombreuses) conséquences de ces troubles.

 

On compte aussi parmi ces troubles les troubles de l’alimentation nocturne ou night eating disorder (= personnes qui s’alimentent seulement à partir de la fin de la journée et consomment de grandes quantités de nourriture au dîner, après et tard dans la nuit), l’orthorexie (= l’obsession pour la qualité nutritionnelle / digestive de l’alimentation), encore le pica (= ingestion compulsive de substances non-comestibles).

Les personnes sur le spectre autistique peuvent elles aussi souffrir de troubles alimentaires (qui se manifestent en général dès l’enfance et sont bien spécifiques).

 

 

On est soit anorexique, soit boulimique, soit hyperphagique : FAUX

 

En fait, ces troubles peuvent être le revers d’une même médaille.

 

Pour mieux mettre la chose en perspective, imaginez un curseur qui irait (en gros) de la sensation d’hyper-contrôle (= anorexie mentale) à celle d’une perte de contrôle totale (= crise de boulimie ou d’hyperphagie). Les personnes qui souffrent de TCA se situent à différentes échelles sur ce spectre qui va d’un extrême à l’autre, et ces troubles peuvent d’ailleurs se manifester (ou évoluer) simultanément chez certain·es.

Par exemple, pour une personne sur deux, l’anorexie mentale est associée à des épisodes boulimiques : soit des phases d’hyper-contrôle (anorexie) mêlées à des épisodes de perte de contrôle (boulimie). De nouvelles études tendent d’ailleurs à prouver que l’anorexie mentale et la boulimie ne seraient pas tant liées à la crainte de prendre du poids (= phobie), qu’au plaisir d’en perdre (= addiction).

 

 

Il y a un lien entre les TCA et le culte de la minceur : VRAI

 

On vous parlait déjà dans notre article sur la grossophobie de l’absurdité de l’IMC (l’Indice de Masse Corporelle), systématiquement mis en avant ces dernières décennies par médecins et nutritionnistes. Le (gros) problème ? La plupart des personnes (et surtout des femmes, #cecalculsexiste) ne sont pas en mesure d’avoir un IMC considéré comme “normal” sans tomber dans des comportements de contrôle du poids dommageables pour la santé physique et mentale.

 

Le culte de la minceur est d’ailleurs tellement admis dans notre société que bien des personnes anorexiques en témoignent : leurs épisodes peuvent susciter dans un premier temps des compliments voire des encouragements de leur entourage (le fameux : “tu as maigri, ça te va bien”). Sous-titre : la maigreur est si socialement acceptable qu’elle peut être valorisée même lorsqu’elle se manifeste de manière excessive et dangereuse.

Un point chiffres ? Selon cet article, “pour 5 personnes sur 10, la boulimie débuterait au cours d’un régime amaigrissant. Pour 3 personnes sur 10, la boulimie a été précédée par une anorexie mentale. Enfin, 2 fois sur 10, c’est une dépression qui a inauguré la survenue de la boulimie”. De quoi se demander si les régimes amaigrissants ne sont pas une forme de TCA en eux-mêmes (#hypocrisie).

 

 

Les TCA ont un impact sur le cycle menstruel et la contraception : VRAI

 

Le plus connu reste l’absence de règles (ou d’un cycle menstruel normal) chez les personnes qui souffrent d’anorexie mentale ou d’obésité liée à leur hyperphagie (#parlezenàvotregynéco).

 

Pour les personnes qui souffrent de boulimie, et particulièrement pour celles qui se font vomir, on recommande d’éviter la contraception orale (comme la pilule) et de privilégier les patchs, anneaux ou stérilets (selon la possibilité). Les contraceptifs non-hormonaux (comme le stérilet au cuivre) peuvent éviter le stress de la prise de poids (= un élément à prendre en compte pour une personne souffrant de TCA).

Bon à savoir aussi : le Syndrome Prémenstruel (ou Trouble Dysphorique Prémenstruel, dans sa version la plus hardcore) peut-être aussi source d’anxiété décuplée pour les personnes souffrant de TCA. État émotionnel généralement plus instable + fringales fréquentes = des situations “à risque” à surveiller de près pour mieux anticiper cette période potentiellement difficile.

 

 

C’est impossible de guérir d’un TCA : FAUX mais

 

L’un des enjeux reste encore aujourd’hui la prise en charge des personnes malades puisque comme le souligne la psychologue clinicienne et spécialiste des TCA Rebecca Shankland, 80% des personnes touchées par ces troubles (!) n’ont pas recours ou accès à des soins médicaux (adaptés). Ces cas concernent le plus souvent la boulimie (= souvent indétectable on l’a vu), ou l’hyperphagie boulimique (= souvent imputée à l’obésité, #argumentgrossophobe).

 

Le problème : ces maladies peuvent évoluer de manière chronique ou co-morbides avec d’autres pathologies comme la dépression, des troubles anxieux, la dénutrition ou l’obésité s’ils ne sont pas pris en charge. Les parcours de reconstruction nécessitent souvent l’intervention de plusieurs médecins et thérapeutes : ils peuvent être longs, et les rechutes nombreuses.

La bonne nouvelle, c’est qu’il est tout à fait possible de guérir de ces troubles, ou bien de vivre avec eux (à peu près) harmonieusement (#résilience). D’où l’importance que les personnes malades et leurs allié·es puissent être au mieux renseigné·es et accompagné·es. :)

 

 

Pour aller plus loin :

 

On vous recommande chaleureusement cette vidéo qui fait le point sur les TCA (chiffres, solutions thérapeutiques etc)… et le COVID et le confinement (#nécessaire).

 

Côté témoignages, on a beaucoup aimé les textes de @hali_piapia qui parlent aussi bien du corps mince que des troubles alimentaires avec une sincérité troublante.