Le porno est né avec le cinéma : FAUX

 

Introducing : la fabuleuse histoire de la pornographie en 4 minutes (#dequoibrilleraudînerdeNoël) (#non) :

 

🍆 Le porno est vieux comme le monde. Si le terme “porno” tel qu’on l’entend aujourd’hui désigne le plus souvent le cinéma, c'est parce que c’est de cette manière-là qu’il est majoritairement consommé depuis la fin du XXème siècle. Mais avant le cinéma, il y avait les livres, la peinture, la sculpture, bref : tous les arts qui sont venus avant le septième, et qu’utilisaient déjà les Grecs ou les Romains dans l’Antiquité pour créer des contenus de type coquins (et ça puait déjà le male gaze, on peut vous le garantir). D’ailleurs, le Kama-Sutra a été écrit au IVème siècle #CQFD.

 

💦 Au Moyen-Âge, nouveau rebondissement avec le puritanisme ambiant. La sexualité est un tabou de taille, sévèrement contrôlé par l’Église qui entend bien faire la loi en matière de qui-couche-avec-qui-et-pourquoi : les contenus “pornos” existent mais se refilent sous le manteau. Quelques siècles plus tard, le Marquis de Sade fait une entrée fracassante dans le game pornographique avec ses histoires de sexe bourgeoises, salaces et décadentes, en plein dans un XVIIIème intello-débauché (...et ça pue plus que jamais le male gaze bis).
 

📸 Unsplash / Sasha Freemind

 

 

🔞 Au XXème siècle, prolifération des contenus : le boum de la photographie et du cinéma, le développement de revues ou de petites éditions format poche permettent à la culture érotique et pornographique de se développer et de devenir plus accessible, tous supports confondus. Les années 70-80, et le combo libération des mœurs sexuelles et apparition de la télé dans tous les foyers du monde ou presque, contribue très largement à la démocratisation du porno tel qu’on le connaît encore aujourd’hui.

 

😏 Dernier chapitre en date : Internet, et ses milliards de contenus accessibles à portée de clics, qui a achevé de transformer l’industrie et les contenus pornographiques.

 

Bref, l’histoire en version courte : des sculptures d’éphèbes à poils en passant par les revues coquines, Canal+ la nuit et Jacquie et Michel, il y a eu du chemin. Et c’est pas fini 👇

 

 

Le porno est surtout pensé pour les hommes cis hétéro : VRAI MAIS FAUX

 

Bon, déjà, parce qu’il n’y a pas du porno que pour les mecs cis-het : l’industrie du porno gay (qui est aussi massive) en est bien la preuve, mais ce n’est pas vraiment ce qui nous intéresse aujourd’hui (sorry).
 

📸 Unsplash / George Pagan III

 

 

Ce qu’on peut dire en revanche, c’est que la plupart du temps dans le porno mainstream, les femmes cis sont le plus souvent mises en scène du point de vue du plaisir masculin (#malegaze)... ce qui n’est pas sans lien avec le shaming qui entoure la sexualité des femmes et leur plaisir de manière générale.

 

Pour le dire autrement : pendant longtemps, on a surtout proposé du porno pour les hommes cis, parce que l’on considérait que seuls les désirs de ces hommes pouvaient/devaient s’assumer. C’est la fameuse dichotomie (bien relou et bien ancrée) de “l’homme acteur” versus “la femme objet”.

 

Le problème ? Cette vision très masculine et hétéronormée du sexe a donné lieu à une (très) mauvaise représentation des ressorts et mécanismes du plaisir des personnes qui ont une vulve. Invisibilisation du clitoris, sexualité très pénétro-centrée… au pays du porno hétéro, on attendait avec impatience l’arrivée du féminisme (#enfin).

 

 

Le porno, c’est soit Erika Lust, soit Jacquie et Michel : POURQUOI PAS MAIS...

 

Le saviez-vous ? Le porno amateur est une mine d’or pour mater des films de cul qui changent ou qui sont au plus proche de la vraie sexualité des personnes. Comme sur Tiktok ou sur Insta, le principe est aussi de trouver vos chaînes / comptes / plateformes préf’ parce qu’on ne vous cache pas qu’il y a du monde sur le marché (et que tous les goûts sont dans la nature, tmtc).
 

📸 Unsplash / Shannon VanDenHeuvel

 

Autre alternative de type cool : le porno audio, très chouette pour les personnes qui fonctionnent moins sur du stimuli visuel, et/ou qui préfèrent fantasmer dans leur tête en écoutant des voix les guider (cf les séries audio-érotiques VOXXX, ou Le Son du Désir dont on vous parlait déjà ici).

Et évidemment, est-ce utile de vous rappeler qu’il existe une littérature érotique au-delà de 50 shades of grey ? Vous pouvez par exemple jeter un œil du côté de la revue Spasme, frissons et émotions garanties. Duuuh.

 

 

Le porno ne peut pas être féministe : FAUX

 

C’est d’ailleurs tout l’enjeu de cette nouvelle génération de réalisateur·ice·s de “films pornos féministes” : se réapproprier le terrain de la pornographie pour proposer d’autres images, d’autres imaginaires érotiques, et d’autres modes de représentation de la sexualité des fxmmes (= femmes cisgenres, personnes trans, et non-binaires). D’ailleurs, des meufs qui ont niqué le game du porno dès le départ en y intégrant une perspective féministe et intersectionnelle, il y en a - à l’image d’Annie Sprinkle, dans les années 80.

 

Ce qu’il faut retenir dans tous les cas, c’est qu’il est important de critiquer le porno pour le faire évoluer, de proposer d’autres idées pour le rendre plus inclusif... tout en gardant bien en tête que ça n’a rien de constructif de “vouloir abolir le porno parce qu’il exploite le corps des femmes”.
 

📸 Unsplash / Charles Deluvio

 

 

Pour résumer : critiquer le porno et les violences systémiques dont il est le miroir et le vecteur, c’est oui ; mais stigmatiser les femmes qui bossent dans le porno (ou le travail du sexe) sous prétexte de les libérer tout en les shamant au passage, c’est non.

 

De nombreuses (ex) actrices porno se sont d’ailleurs exprimées sur le sujet ces dernières années : elles dénoncent la stigmatisation dont elles font l’objet, aussi bien dans une industrie majoritairement masculine et machiste, que dans une société qui utilise largement le slut-shaming et la putophobie pour sous-entendre que des femmes ne pourraient pas choisir de telles carrières et les trouver épanouissantes. Par ici pour le Ted Talk de Céline Tran aka Katsuni - passionnante et brillante - sur le sujet.

 

 

C’est grave si mon/ma partenaire m’oblige à regarder du porno : VRAI

 

La limite peut-être floue : on pourrait se dire que regarder du porno n’est pas une pratique sexuelle en soi, et qu’il n’y a donc “pas de mal à se forcer un peu” pour regarder un porno qu’on n’aurait en fait pas du tout envie de regarder, juste parce que notre partenaire en fait la demande.

 

On vous arrête tout de suite : c’est un non. Si vous n’avez pas envie de consommer ce genre de contenus (que ce soit juste un soir, ou toute la vie), ça vous regarde, et personne ne peut vous obliger à le faire. Tout simplement parce que la pornographie, c’est du sexe, et que le sexe, on n’est jamais obligé·e·s de le faire.
 

📸 Unsplash / Jakob Owens

 

 

Si, en revanche, vous êtes tenté·e à l’idée d’essayer mais que vous vous sentez paumé·e par rapport à ce que vous pourriez aimer ou pas, le meilleur conseil = en parler avec votre partenaire. Lui demander à l’avance ce qu’iel aime regarder, ce qu’iel aimerait regarder avec vous… et voir déjà comment vous vous sentez par rapport à ça.

 

On prend le temps de réfléchir, et comme pendant un rapport sexuel : on peut aussi commencer à mater un truc ensemble, ne pas se sentir à l’aise, et être en droit de dire : “en fait déso pas déso mais on arrête” :).

 

 

Les mots les plus recherchés sur les sites porno en disent long sur les enjeux sociétaux en France : VRAI ET…

 

Ça ne date (vraiment) pas d’hier.

 

En pleine époque coloniale, au début du XXème siècle, de nombreux clichés pornographiques consommés en Occident représentaient des femmes noires ou racisées dont les corps étaient mis en scène et exotisés : une vision fétichisante qui contribuait à véhiculer des idéaux racistes, et à légitimer une culture du viol très largement installée dans les colonies.
 

📸 Unsplash / Marcus Santos

 

 

D’autres exemples criants ? La culture du revenge porn, la male gazification totale de la sexualité lesbienne dans le porno mainstream, ou encore le fait que “beurette” soit le mot le plus recherché sur les sites porno en France. D’ailleurs, c’est (affreusement) simple : si vous tapez “beurette” sur Google, vous trouverez… des films de cul. Tout comme c’était le cas il y a encore pas si longtemps quand vous recherchiez le mot “lesbienne”.

 

Tout ça pour dire que le porno se fait toujours la représentation des violences de son époque. Il en est à la fois l’écho, et un des catalyseurs. Et parce que nous évoluons dans une société sexiste, raciste, LGBT-phobe, à la culture du viol très ancrée… Il n'est donc “pas étonnant” de retrouver ces mêmes violences dans la culture pornographique. Ce qui ne veut pas dire qu’on ne peut pas la réinventer, bien au contraire : rendez-vous au point 4 ;).

 

 

Il n’y a pas de différence entre le porno et le sexe dans la vraie vie : POURQUOI PAS MAIS…

 

Pour l’instant, on ne va pas se mentir : SI. D’ailleurs, c’est tout simple : le porno, ça reste de la fiction (à moins que ce ne soit du porno amateur), qui est encore le plus souvent imprégnée de la société dans laquelle nous vivons comme on l’a vu (#contrastes).
 

📸 Unsplash / Dainis Graveris

 

 

Une bonne nouvelle à ce sujet néanmoins : il existe maintenant ce que l’on appelle des coordinateur·rice·s pour les scènes de sexe, dont le métier est de faire en sorte que le plaisir sexuel des un·e·s et des autres soit “justement” représenté = autant que possible comme dans la vraie vie. Un propos qui reste à nuancer, puisque cela concerne surtout les séries grand écran (Sex Education ou Normal People y ont d’ailleurs eu recours). Bref : on se doute bien qu’on n’est pas prêt·e·s de voir ça sur tous les contenus PornHub non plus.

 

En attendant que ce soit le cas (#lespoulesaurontdesdents), on vous renvoie vers notre article sur le Clit Test, pour prolonger vos réflexions sur le sujet en regardant vos séries préf’.

 

 

Bon, et maintenant, on mate quoi ?

 

Vous la connaissez sans doute, mais c’est toujours la meilleure : la filmographie d’Erika Lust a 1000 idées en stock pour vous foutre l’orgasme et le frisson tout en même temps. Comptez environ 15 € par film (oui, c’est un budget, mais ça contribue à créer du porno de qualitay).

 

La crème de la crème du porno féministe et LGBT+ amateur : c’est ce que propose la plateforme Pink Label. Vous pouvez louer des films, ou bien carrément vous payer un abo au mois (10 € environ) : adieu Netflix, bonjour clitorix !
 

📸 Unsplash / Margarita Loza

 

 

 

Enfin, petit point info pas déconnant : PornHub est accusé d’avoir mis en ligne des images de viols et autres vidéos volées - une pétition massive propose en ce sens de boycotter la plateforme jusqu’au retrait. Vous faites ce que vous voulez de cette info.

 

Et sinon, on vous offre -60% sur la sélection de films de Noël de YouPorn avec le code TAPAGENOCTURNE… Pas du tout, on plaisante 😏

 

 

On vous parlait dans cet article…

 

De la série audio-érotique Le Son du Désir

Du podcast VOXXX - des séances de masturbation guidées pour les personnes disposant d’un clitoris

De la revue érotique Spasme

De la performeuse, ex-hardeuse, éducatrice sexuelle, et queen du postporn Annie Sprinkle

Du Ted Talk de Céline Tran aka Katsuni

Des coordinateur·rice·s de scènes de sexe sur les plateaux des grandes séries

De notre article sur le Clit Test, la méthode infaillible pour digger des séries à la hauteur