C’est quoi exactement l’éco-anxiété ?

 

En entier, c’est une anxiété liée à sa conscience écologique. Ça se traduit par un sentiment d’impuissance et donc de panique face à la pollution et à l’épuisement des ressources, un stress permanent par rapport au sort du vivant, une déprime voire une dépression face à l’état critique de la planète. Relate much?

En 2003 déjà, le philosophe de l’environnement Glenn Albrecht étudie les habitant·e·s d’une vallée australienne lourdement polluée et défigurée par l’économie minière. Il crée un mot pour définir leur grande détresse et leur nostalgie du territoire perdu : la solastalgie.

 

En 2019, le philosophe français Baptiste Morizot étend ce concept à notre mal être face au dérèglement climatique. Il définit la solastalgie comme un « mal du pays, sans exil ». On ne reconnaît plus notre “planète bleue” derrière les marées noires, on n’arrive plus à “se mettre au vert” sans penser à la déforestation exponentielle, les déserts deviennent des zones réservées aux essais nucléaires et les littoraux sont bétonnés pour accueillir des flots de touristes fraîchement débarqué·e·s de vols low cost. Comme l’impression de vivre dans la chanson Respire de Mickey 3D, on a la nostalgie de notre jardin d’Eden et on ne reconnaît plus le monde qu’on a étudié en SVT.

Pour Charline Schmerber, psychothérapeute et auteure d’une enquête sur la solastalgie, être éco-anxieux·se c’est être complètement sain·e d’esprit au vu de l’état objectif du monde. Mais il existe quand même des moyens d’apaiser cette anxiété pour ne pas se sentir constamment sous l’eau, voire d’en faire un super-pouvoir.

 

 

Les cool tricks de l’écopsychologie

 

Pas question ici de se voiler la face, on ne va pas vous entraîner à croire que tout va bien dans le meilleur des mondes et que Trump s’est converti au veganisme dans la nuit. Mais il y a des choses qu’on peut faire pour ne pas sombrer dans la dépression tout en restant conscient·e.

 

La psycho-somatothérapeute et écothérapeute belge Martine Capron emmène par exemple ses patient·e·s en pleine nature pour qu’iels prennent le temps de s’y reconnecter. On sort de la ville bétonnée pour “retrouver une écologie intérieure” et privilégier la sensibilité plutôt que l’intellect (aka couper avec ses réflexions éco-anxieuses en renouant avec son witchy side).

Autres conseils des écopsy : vivre en adéquation avec ses valeurs. C’est à dire par exemple ne plus acheter de fast fashion, devenir végé, remplacer son rasoir en plastique par un rasoir de sûreté ou même partir vivre à la campagne - ou dans une ville plus verte - si c’est possible. Et surtout : ne pas culpabiliser quand on fait quelque chose qu’on trouve discutable. On se concentre sur tout ce qu’on fait déjà, et on s’accorde un peu d’indulgence.

 

 

Transformer son éco-anxiété en super-pouvoir

 

Pour lutter contre ce mal être, vous pouvez aussi vous engager auprès d’une asso écolo, si vous vous en sentez le courage. Ça vous permettra de vous sentir entouré·e par des personnes aussi concerné·e·s que vous, et de rompre à la fois avec les sentiments de solitude et d’impuissance.

C’est exactement comme ça que Greta Thunberg est devenue une figure du proue de l’activisme écolo dans le monde. Après une lourde dépression après avoir pris conscience de l’état de la planète, elle décide de lancer une grève pour le climat devant son école. Si l’éco-anxiété peut ressembler à une petite voix qui nous répète h24 qu’une action individuelle ne changera rien, Greta et son mouvement mondial sont bien la preuve du contraire.