Elle était longue cette intro hein ? Imaginez si on avait vraiment listé toutes les injonctions du healthy living, ce mode de vie sain sensé rendre notre vie meilleure, et qui semble au contraire avoir contaminé notre quotidien d’une culpabilité omniprésente.

Entendons-nous bien, on ne critique pas l’idée d’améliorer sa condition physique et morale avec un régime équilibré, un peu de sport et de la nourriture intellectuelle de qualité… Mais on aimerait ajouter à tout ça la mention “si vous le souhaitez”. Parce que, si à la base le healthy living est une idée positive (= vivre en bonne santé), il s’est malheureusement perdu dans les affres de notre société capitaliste (la valeur travail 💸💸😍) pour devenir un diktat productiviste. Avec beaucoup de bullshit marketing dedans. 

 

 

5 squats et légumes par jour

 

En soit, avoir une bonne hygiène de vie à base d’activité physique régulière et de repas équilibrés (aka not fast food everyday), c’est sympa. Mais quand on reçoit les regards accusateurs de tout le monde dès qu’on va chez KFC, ou que nos potes veulent jouer à “calculons notre IMC” tous les quatre matins, ça devient tout de suite MOINS sympa. Surtout que cette injonction salle de sport et smoothie chou kale participe à la grossophobie, au validisme et au mépris de classe.

Déconstruction de cliché : non, les personnes grosses ne sont pas des feignasses qui pourraient perdre 10 kg “si elles décidaient d’y mettre un peu de bonne volonté”. Il y a plein de facteurs qui entrent en jeu dans la prise de poids (comme une maladie physique ou psy), et le fait d'être gros·se n’implique pas forcément qu’on est en mauvaise santé. Sans oublier que le calcul de l’IMC est remis en cause depuis plus de 10 ans par les médecins. Et ouais.

 

Avoir une bonne hygiène de vie coûte aussi du temps et de l’argent. C’est un luxe, un privilège. Tout le monde n’a pas les moyens de manger bio et de suivre des cours de yoga, ou le temps de cuisiner frais tous les soirs et d’aller courir. C’est une contrainte ajoutée au seul poids qu’on devrait pointer du doigt : la charge mentale.

 

 

Le culte du miracle morning

 

Se lever à 5h pour méditer, faire un footing ou son ménage en musique ne peut pas être miraculeux pour tout le monde. Ça imposerait de se coucher très tôt (21h pour compter 8h de sommeil) alors que nos rythmes de vie le permettent rarement. On a besoin de couper du taff avec une activité qui nous détend (Netfliiiiix), ou de temps pour réviser juste, en fait. Et se coucher à 23h pour se réveiller à 5h, c’est non. Parce que : le sommeil n’est pas une perte de temps (!).

Si les gens d’Instagram ont réussi à vous faire croire qu’il fallait se lever aux aurores pour réussir dans la vie, sachez qu’Obama et Mark Zuckerberg sont des lève-tard, tout comme Balzac, Bob Dylan ou Tolkien. Et que chacun·e devrait pouvoir adapter son rythme à ses besoins et envies. Surtout quand on sait qu’un collège de scientifiques a prouvé que les personnes qui ont du mal à se lever tôt sont plus alertes et concentrées que les early birds au fil de la journée

 

Alors la prochaine fois qu’on vous dit “L’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt”, répondez que vous préférez la version de Stéphane Hessel : “L’avenir appartient à la non-violence et à la conciliation des cultures différentes”. Bou. Ya.

 

À lire aussi pour se détendre par rapport à tout ça : le faux guide de coaching de la brillante Alison Wheeler, Ma vie est mieux que la vôtre.