To fuck or not to fuck

 

On n’a pas envie. On se dit que c’est normal. Que ça va passer. Qu’il n’y a pas de quoi s’en faire. Et qu’après tout, le sexe est le dernier des endroits où il s’agirait de se forcer. Et tout ça, c’est vrai : pas de raison de se mettre la pression parce qu’on n’a pas envie H24. Encore moins parce qu’on n’a pas la vie sexuelle de Samantha Jones (en même temps, qui ?).

 

Mais d’un autre côté, en France, les troubles du désir sexuel touchent beaucoup de monde. Il peut s’agir d’un trouble médical (un déséquilibre hormonal et neuronal provoquant une chute de la libido, aka Désir Sexuel Hypoactif), ou d’une raison plus liée au contexte.

Dans tous les cas, le dialogue n’est pas toujours facile. On n’est pas forcément à l’aise d’avouer que l’idée de s’envoyer en l’air nous excite autant que celle de manger une salade de pâtes. Et il n’est pas évident de comprendre pourquoi, d’un coup, on a moins envie de sexe en général. Ou de son/sa partenaire en particulier. Et bien souvent, on en vient à se dire qu’on a un problème. Ou que notre relation s’épuise.

 

 

C’est l’histoire d’un silence

 

Du coup, c’est compliqué. Mettez là-dessus un bon gros tabou sociétal et vous tenez la recette d’un joyeux bordel. La question du trouble du désir n’est pas neuve : en témoignent le développement d’un viagra masculin dès les années 90, et la large place qu’occupent les troubles de l’érection dans le débat public.

Pour les femmes, c’est une autre histoire : coincées entre une injonction à la sexualisation (#femmesobjets) et un tabou monstrueux entourant la sexualité féminine (#slutshaming), il est beaucoup plus compliqué d’aborder la question du désir ou de son absence. On s’est dit pendant des années que les femmes avaient moins de libido que les hommes et que de fait, il n’y avait pas de raison qu’elles en souffrent.

 

Mais ras-le-bol : autant soulever les vraies questions. Du genre : est-ce que j’en ai envie ? De quoi est-ce que j’ai envie ? Et si je n’en ai pas envie est-ce grave ? Pourquoi suis-je mal à l’aise avec le fait de ne pas ressentir de désir sexuel ? Ou d’en ressentir énormément ?

 

 

STOP les injonctions, merci

 

En fait, pour être bien sûre de vivre sa sexualité et sa libido, quelle que soit sa situation, il faudrait être capable de remettre les choses à notre échelle. De se poser des questions essentielles qui viennent de nous. Autrement dit :

 

  • Pas d’une injonction à la sexualité épanouie (Comment ? Tu fais l’amour SEULEMENT une fois toutes les deux semaines alors que t’es en couple ?)- Pas d’une injonction à la sexualité active (Comment ? T’es célibataire et tu n’as pas eu d’aventures depuis 6 mois ?)- Pas d’une injonction venant de son/sa partenaire à avoir des rapports sexuels fréquents (Comment ça, t’as pas envie ce soir ?)

Il s’agirait donc de comprendre que nous avons le droit de vivre nos envies à notre rythme et que c’est parfaitement normal. Et que si on le vit bien (seule ou en couple), il n’y a pas de raison de se torturer en se demandant pourquoi on n’est pas en mode très très chaud H24.

 

 

Retour à l’école du kif

 

Pour autant, pour beaucoup de femmes (et d’hommes), l’absence - ou la baisse - de libido peut être une vraie problématique et la cause de souffrances. Dans ce cas, vous pouvez tout à fait aborder le sujet avec votre gynéco (une baisse de libido peut-être liée, par exemple, à votre pilule), avec votre thérapeute (un trauma ou une dépression peut induire une chute du désir sexuel), avec votre partenaire (parfois, réimaginer sa sexualité à travers de nouveaux stimulis et fantasmes peut relancer la machine).

 

Et puis, surtout, SURTOUT : n’oubliez pas que le plaisir et la jouissance sont les deux paramètres clés d’une vie sexuelle épanouie. Alors parfois, explorer son plaisir seule, redécouvrir son corps et la manière dont il fonctionne peut vraiment aider à mieux se projeter dans sa sexualité.

Pour ça, en guise de cadeau, on vous laisse avec ce tout nouveau tout brûlant concept de podcast : ça s’appelle VOXXX et ce sont des jerk-off instructions. En gros, comme des séances de masturbation féminine guidées sous différentes formes : “fiction”, “méditation” ou “excitation brute”... Make a pick, pluggez vos écouteurs et bonjour le paradis en solitaire. Enfin tout ça, bien entendu, et sans vouloir insister... si vous en avez envie.

 

Pour aller plus loin :

Le site Unblush (en anglais, sorry) est une plateforme géniale qui aborde à 360° les questions liées aux troubles du désir sexuel féminin. Décomplexante, déculpabilisante, c’est une mine d’or pour en apprendre davantage et faire la nique au tabou. Bonne lecture !