Si beaucoup la trouvent chelou, la peur du téléphone est en fait une angoisse sociale répandue, au point d’avoir sa propre page sur Wikipédia #vousnetespasseul·es. Le ventre qui se noue quand le téléphone se met à sonner d’un coup, les mains moites au fur et à mesure des sonneries, la panique générale quand c’est un numéro inconnu…

 

Cette peur se manifeste à différents degrés suivant les personnes, et peut parfois devenir un vrai handicap au point de faire perdre des potes, des opportunités pro, ou juste beaucoup de temps tout le temps. C’est pourquoi, pour vous détendre, cet article sera sponsorisé par des gifs de chiens avec des téléphones.

Pourquoi ça nous fait autant flipper ?

 

Cette angoisse peut naître de beaucoup de choses. Parfois d’une grande timidité ou d’un manque de confiance en soi, mais aussi chez des personnes très à l’aise en société. Dans ce cas-là, les psychologues l’expliquent par l’idée de la conversation à l’aveugle. Au téléphone, on est privé·e de langage non-verbale, aka de gestes et d’expressions faciales.

 

Résultat : on se coupe la parole (puisqu’on ne voit pas quand l’autre ouvre la bouche), les silences sont chelous (puisque chacun·e fait à l’autre la politesse de le ou la laisser parler) et nos propos peuvent être mal-interprétés (surtout quand on est adepte du second degré). Bonjour la gênance.

Une appréhension qui peut aussi être alimentée par des traumas personnels. Beaucoup de téléphonophobiques ont peur de recevoir une mauvaise nouvelle ou que la conversation soit désagréable - coucou la bonne vieille peur de se faire engueuler.

 

Sans oublier le taff de nos réf culturelles sur notre inconscient. Victime Spectatrice·eur de films d’horreur ? Le téléphone y est souvent utilisé pour annoncer le pire, voire pour vous condamner à la seconde où vous décrochez. The Ring, Scream, Black Christmas, When a stranger calls back, La mort en ligne, Phone Game, The Caller, La mort au bout du fil, Cell Phone… Frappant quand on le remarque non ?

 

Et à ces raisons, s’ajoutent bien sûr les nouvelles technologies.

 

 

Le mal d’une génération

 

Dans un article pour The Cut, la journaliste Cari Romm compare deux études : en 2011, les propriétaires de téléphones aux USA passaient ou recevaient en moyenne 12 appels par jour. En 2015, ce chiffre est passé à 6. Parce que depuis, on a découvert les textos, puis encore mieux, Facebook Messenger et Whatsapp, puis encore encore mieux, Snapchat et les DM d’Insta. Bref, qui a besoin de s’appeler pour se parler aujourd’hui ?

Ce contact différé a rendu l’appel intrusif, voire impoli. Les codes de notre génération en matière de communication, c’est : envoyer un message, puis attendre une réponse. Quand on rend visite à un pote, on s’annonce d’abord, on tape pas direct à la porte. Appeler quelqu’un sans envoyer d’abord un message “On peut s’appeler ?”, c’est frapper à sa porte un dimanche à 16h sans avoir vérifié au préalable qu’elle ou il n’était pas plongé·e dans un binge watching de The Crown. Ça se fait ap.

 

En plus avec les textos et mails, aka le monde merveilleux des emojis et gifs, on retrouve le langage non-verbal. On peut faire des vannes au 3ème degré sans passer pour un gens chelou 🤓. Clairement, si les entretiens téléphoniques devenaient des entretiens textophoniques, on serait déjà PDG d’Apple.

À force d'alternatives, on perd donc l’habitude du téléphone, et l’inconnu - ou ce qui le redevient -, c’est flippant. Ce qui nous amène à une partie compliquée mais nécessaire : comment calm down sa peur ?

 

 

Tips anti-flip

 

Toustes les psy sont formel·les : pour se débarrasser d’une peur, il faut l’affronter. Étape par étape.

 

#1 S’entraîner avec les mémo vocaux. Ca reste un message différé, mais ça remet la voix dans vos interactions.

 

#2 Programmez des rendez-vous. Demandez à un·e proche de vous appeler tous les jours à la même heure (ou toutes les semaines selon ses dispo, mais ça marche mieux tous les jours). Ça va créer une anticipation pour votre cerveau, donc une habitude, donc réduire votre peur. Et vous prouver que finalement, le coup de fil en soi n’est pas si effrayant.

#3 Peser le pour et le contre. Pour vous aider à relativiser sur ce qui vous attend au bout du fil, dites-vous que c’est bien plus facile de gérer un coup de fil de votre agence qui vous annonce une augmentation de loyer de 5 € (ça vaaaa), que des mois d’impayés avec lettres d’huissier si vous ne répondez jamais. Rompez le cercle vicieux direct en répondant au premier appel, vous vous sentirez vachement plus légèr·e.

 

#4 Devenez celui/celle qui appelle. En devançant les coups de téléphone (pote, famille, rencontre pro), vous pouvez préparer la conversation dans votre tête et ne pas vous sentir pris·e au dépourvu. Au pire, si la personne ne répond pas, vous pouvez lui envoyer un message 😏.

#5 Parlez avec les mains. Ca va vous permettre d’être plus clair·e dans le déroulement de vos idées. Vous pouvez aussi marcher, pour dévier votre full attention de la conversation et stimuler votre créativité. Et les expressions du visage ne sont pas à bannir non plus. Oui, le sourire s’entend au téléphone (et vous fait aussi secréter des hormones de bien-être #toutbenef).

 

#6 Enfin, n’hésitez pas si vous le souhaitez, à consulter un·e thérapeute. Il ou elle va vous aider à gérer les ressorts psy de cette peur et vous donner des conseils adaptés à votre situation et votre personnalité. Non, ce n’est pas un motif de consultation idiot. De nombreuses personnes sont suivies pour téléphonophobie. Reste plus qu'à appeler pour prendre rendez-vous...