Le VRAI/FAUX du frottis
aka l’examen gynéco bien flippant (mais en fait non)
La première fois qu’on entend parler du frottis, on comprend “baptême du feu gynécologique”. On sait pas de ouf à quoi ça sert, on entend juste les rumeurs sur la douleur et on se dit qu’il faudra y passer dès notre premier rendez-vous, jambes en l’air sur les étriers (miam). Il y a quelques années, on aurait aimé avoir les bonnes infos pour éviter de flipper pour rien et avoir notre santé bien en main, so on a décidé de vous les partager aujourd’hui. A faire tourner à vos potes, cousin·e, petite sœur et petit frère.
Cet article a été réalisé avec l'illustratrice Hélène Pouille, auteure du projet Frottis Chéri.
Le frottis sert à détecter le cancer du col de l’utérus : VRAI
Le frottis cervico-vaginal est un examen de prévention du cancer du col de l'utérus (notamment dû au papillomavirus) ou du cancer du vagin. Réalisé régulièrement, il permet de détecter la présence de cellules anormales, bien avant qu'elles ne deviennent cancéreuses, et de les traiter.
Photo : Ashley Armitage
Il faut faire un frottis dès le début de la vie sexuelle : FAUX
Les frottis avant 25 ans sont inutiles (à moins d’avoir un début de sexualité très précoce) car 7 personnes sur 10 attrapent le papillomavirus au cours de leur vie (la plupart au début de leur vie sexuelle) et 90 % s’en débarrassent naturellement. Avant 25 ans, on risque d’avoir des taux de dépistage très hauts et un traitement très probablement inutile car le système immunitaire se serait chargé tout seul d’éliminer le virus.
On peut m’imposer un frottis : FAUX
En gynécologie comme partout, la première étape, c’est le consentement ! Aucun·e professionnel·le de santé ne peut imposer un examen médical, quel qu’il soit.
Le frottis, ça fait mal : FAUX
Il ne faut pas confondre frottis, qui porte bien son nom - c’est un frottement indolore de la paroi du col de l’utérus avec un petite brosse - avec biopsie, qui est un prélèvement d’un tout petit morceau de muqueuse et qui lui, peut (on dit bien peut) faire un peu mal. C'est un examen plus rare, qui fait souvent suite à un frottis si besoin de plus d’infos.
En revanche, parfois on peut redouter la pose du spéculum pour écarter les parois du vagin, mais ce n’est absolument pas normal d’avoir mal. La ou la professionnel·le qui réalise l’examen peut utiliser des spéculums de petit diamètre pour que ce soit le moins gênant possible, et vous pouvez aussi demander à l’insérer vous-même. N’hésitez pas à alerter si vous ressentez la moindre douleur, ou à changer de praticien·ne si vous n’êtes pas entendu·e. Rien ne justifie la douleur.
Seul·e·s les gynécologues peuvent réaliser des frottis : FAUX
Cet examen peut aussi être réalisé par un·e médecin généraliste, un·e sage-femme ou encore un·e professionnel·le en laboratoire.
Pas besoin de faire de frottis si on a été vacciné·e contre le papillomavirus : FAUX
Les vaccins contre le HPV protègent des HPV les plus oncogènes (qui donnent lieu à des cancers). Ils permettent aujourd’hui d’éviter 2/3 des cancers du col de l’utérus mais les frottis réguliers restent indispensables.
Photo : Ashley Armitage
Le préservatif protège du papillomavirus : FAUX
Le HPV est un virus de « contact » donc le préservatif a un effet limité. Vous pouvez le transmettre par les doigts, la peau, les organes génitaux ou encore les sextoys.
Les lesbiennes aussi ont besoin de faire des frottis : VRAI
Le HPV est un virus de « contact » donc toutes les personnes ayant une activité sexuelle peuvent le contracter (et le transmettre !).
Les hommes et femmes trans ne sont pas concernés par le papillomavirus : FAUX
Les hommes/femmes trans sont aussi porteur·se·s que les femmes cis du HPV (c’est à dire 7 personnes sur 10 rappelons-le !) mais iels l’éliminent plus facilement. Pour les virus de bas grades, iels peuvent tout autant que les femmes cis attraper des condylomes (ou verrues génitales, à ne pas regarder sur Google Image !). Iels ne peuvent évidemment pas contracter de cancer du col de l’utérus mais des cas de cancer oro-pharyngés existent.
Mon frottis est anormal, je dois paniquer : FAUX
Le frottis est un examen qui repère des cellules anormales du col de l’utérus. Après un test HPV, on pourra savoir quel type de papillomavirus a été contracté et c’est ensuite, en faisant une biopsie, qu’on pourrait mesurer l’état d’avancement des lésions pré-cancéreuses. Le cancer du col de l’utérus a une évolution très lente (environ 10 ans). Donc tout l’intérêt des frottis, c’est de repérer des lésions pré-cancéreuse avant qu’elles n’atteignent un stade de cancer. Donc pas de panique, quand les frottis sont réguliers, tout devrait bien se passer !
Pas d’activité sexuelle depuis plusieurs années, pas besoin de faire un frottis : FAUX
Les lésions dues à un HPV de haut risque peuvent se développer 5 à 10 ans après avoir été en contact avec le virus (le papillomavirus est sournois). Donc vie sexuelle au point mort ou non, on se fait examiner régulièrement.
Photo : Ashley Armitage
Le frottis est le seul examen de dépistage du cancer du col de l’utérus : FAUX
Un test HPV peut être effectué en auto-prélèvement mais les retours sur les techniques d'auto-prélèvements sont encore aujourd’hui limités. Leur efficacité reste encore à prouver (ça peut être difficile pour une femme d’atteindre la partie interne du col de l’utérus et donc de fournir un prélèvement exploitable). Cela reste néanmoins un bel espoir pour l’autonomisation des femmes. À noter que, en théorie, ce test est remboursé à 100% par la sécurité sociale comme le frottis, mais que dans la pratique, c'est encore un peu chaotique (= renseignez-vous bien auprès de votre soignat·e).