Se faire refaire les lèvres : la nouvelle tendance ?

 

La chirurgie de la vulve, appelée “nymphoplastie” ou “labioplastie”, serait de plus en plus fréquente. Selon la Société Internationale de la Chirurgie Esthétique et Plastique, elle a augmenté de 45% de 2014 à 2015 et près de 100 000 femmes dans le monde y ont eu recours en 2015. Concrètement, cette opération consiste à changer la forme ou la taille des lèvres vaginales pour 2 500 euros environ. L’objectif ? Avoir une vulve “parfaite” c’est à dire ni trop petite, ni trop grande, ni trop gonflée, ni trop flasque... Mais à quel modèle se réfère-t-on ?

 

 

La vulve normale n’existe pas

 

Le hic c’est que les modèles qu’on nous propose sont ultra-éloignés de la réalité. D’un côté, on a le porno qui véhicule l’image d’un sexe intégralement épilé et ressemblant à celui d’une petite fille (no thanks), de l’autre on a les pubs pour lingerie ou maillots de bain où le sexe est encore trop souvent représenté comme étant lisse, plat et où rien ne dépasse.

Or, « il n’y a pas deux vulves qui soient pareilles, explique Deva Broncy, sexothérapeute. Chaque vulve a un aspect, une couleur, un volume différent. » Sauf que pour les femmes c’est difficile de se comparer – « quand un homme nu est debout, on voit son pénis, quand une femme nue est debout, sa vulve est cachée entre ses jambes », note la spécialiste – et surtout cette partie du corps est souvent invisibilisée. « Tout le monde connaît la forme d’un pénis, mais la vulve n’est pas mise en valeur, elle n’est pas dessinée, elle n’est pas représentée de façon réaliste... ».

 

 

Pourquoi c’est grave ?

 

Penser que notre vulve n’est pas normale va alimenter nos complexes et peut même avoir un impact sur notre sexualité. « Ca va jouer sur le plaisir, sur le ressenti de désirabilité (est-ce que je me sens désirable ou pas ?), sur le lâcher prise... », précise Deva Broncy.

Cela peut même engendrer un certain dégoût envers notre anatomie et avec ça tout un lot de sentiments : « de la honte, de la peur que notre vulve soit vue ou même qu’elle dégage des odeurs », explique la sexothérapeute.

 

 

On fait quelque chose ?

 

Plusieurs initiatives se sont mises à représenter toutes les différentes morphologies qui existent : The Labia Library, The Vulva Gallery, Vagina Museum, Viva la vulva casting, My Vulva and I... Et sur Tik Tok, on assiste au mouvement Outie Labia (les lèvres “dehors”) en contraste avec les lèvres dedans – symbole d’une vulve idéale. A l’image de @sativaplath69 dont la vidéo coup de gueule pour défendre les “phat coochie” (les grosses vulves) cumule près de 200k likes ou encore de @gabygabss qui parle régulièrement de sa vulve et a créé Cherri une marque de sous-vêtements adaptée à toutes les morphologies de sexes féminins. Des gynécos telles que @drjenniferlincoln ou encore @drjengunter, l’autrice de The Vagina Bible, adressent aussi la question et donnent de vrais conseils.

 

 

Que faire pour ne plus être complexée si on l’est ?

 

Deva Broncy conseille dans un premier temps de « regarder sa vulve d’une manière scientifique c’est-à-dire sans jugement, comme on regarde une fleur ou un insecte nouveau ».

Photo par @daantjebons


Découvrir sa forme, sa couleur, sa peau, sa pilosité et ainsi se familiariser avec cette partie de notre anatomie. Pour être le plus à l’aise possible, le mieux est de « s’allonger confortablement, de mettre une petite musique de relaxation guidée trouvée sur Youtube, puis de regarder avec un miroir, de s’examiner, de toucher, de goûter... ». Il est aussi important de découvrir d’autres morphologies et si on est vraiment complexée, de consulter ou de faire un stage « d’empuissancement féminin », destiné entre autres à redonner aux femmes l’amour de leur corps.


 

Olivia Sorrel Dejerine