Le mouvement No Bra est-il (vraiment) adapté à toutes les poitrines ?

S’il y a bien une chose qu’on ait retenue du confinement, c’est que le soutien-gorge n’était peut-être pas si utile que ça, finalement. Depuis mars 2020, on entend de plus en plus d’histoires magiques de meufs qui se sont libérées de leur push up et autres soutifs étouffants. Et même si ça ne date pas d’hier, ça nous fait très très plaiz’ au moral.

 

Pourquoi ? Eh bien déjà, parce que nos seins n’ont pas besoin de lingerie affriolante pour être beaux (même si on est tout à fait d’accord sur le fait que ce soit le kif d’en porter de temps en temps pour certain·es). Ensuite, parce que l’idée selon laquelle nos seins finiraient par se casser lamentablement la gueule sans soutif est finalement… une idée reçue (#unedeplus).

 

Selon Camille Froidevaux-Metterie, autrice du génial livre Seins, En quête d’une libération, le soutien-gorge n’empêche pas l’affaissement de la poitrine. Elle explique à ce sujet que les ligaments de Cooper, qui sont “les suspenseurs” naturels des seins, vont grosso modo, se relâcher quand on utilise un soutien-gorge (puisque ce dernier fait le taf à leur place). Selon une étude citée par la philosophe, le fait d’arrêter de porter un soutien-gorge au quotidien pourrait même stimuler ces ligaments et donc contribuer au redressement naturel de la poitrine. On pose ça là !



Ok mais si je fais un bonnet D / E / F… est-ce que je peux vraiment vivre sans soutif ?

 

Certaines d’entre vous nous ont écrit pour nous dire que c’était bien cool ce truc de no bra… mais que ça ne pouvait pas concerner toutes les poitrines. Ce qu’on comprend évidemment tout à fait, puisque, pour certain·es, le soutien-gorge est limite un dispositif médical, qui permet de s’éviter bien des souffrances.

 

Ceci dit, sachez que le no bra peut a priori tout à fait être adapté à toutes les poitrines et les personnes, et qu’il nécessite parfois tout simplement un temps d’adaptation pour que le corps s’habitue, et que les fameux ligaments de Cooper dont on vous parlait plus haut, soit à nouveau stimulés et se remettent à faire leur taf.

 

Donc dans la pratique, comment on fait ?

 

Que vous ayez une petite ou une grosse poitrine, si vous souhaitez vous lancer dans l’aventure de la vie sans soutien-gorge, le plus simple est d’y aller par étape… un peu comme de la rééducation, en gros.

 

Vous pouvez, pour commencer, arrêter de porter un soutien-gorge à la maison - de quoi être à l’aise et vous familiariser avec cette nouvelle sensation (tout en vous mettant à l’abri du male gaze #enfinonespère). L’idée : vous créer des espèces de plages horaires “free the nipples” où vous vivez sans soutien-gorge, tout en continuant à en porter un quand vous en ressentez le besoin ou l’envie - pour permettre à votre corps de s’adapter petit à petit.

Pour le sport, vous pouvez plutôt partir sur des brassières conçues pour les petites ou pour les grosses poitrines, histoire d’avoir un bon maintien / soutien sans les fameuses baleines qui rentrent dans la peau.

 

Et pour plus de conseils pratiques, vous pouvez consulter ce petit guide de Free the boobies (tout est dans le nom) qui reprend point par point les différentes étapes de la vie sans soutif, à base de tips déculpabilisants et d’infos qui font du bien au moral.



Pour en finir avec le mythe du sein rond et parfait comme une pomme


J’ai l’impression que ma poitrine est différente des autres, pourquoi ?

 

Eh bien “tout simplement” parce que notre société souffre d’un vrai manque de représentation des seins dans toute leur diversité. Comme l’explique en effet Camille Froidevaux-Metterie pour BRUT, l’idéal du sein en “demi-pomme”, bombé, bien équilibré, et dressé est non seulement un idéal… mais aussi un mythe.

 

Des films érotiques ou porno en passant par les pubs de lingerie et de maillots de bains, un seul modèle : celui de cette poitrine qui est pourtant loin d’être représentative de la grande diversité de formes que nos seins peuvent avoir. Dur dur, dans ces conditions, d’assumer et d’aimer sa poitrine, qu’elle soit en forme de poire, d’ogive, de cerise, asymétrique ou de toute petite taille.

 

Pourtant, il faut savoir que les seins, comme le reste de notre corps, évoluent tout au long de notre vie et des grands évènements / bouleversements hormonaux qui nous traversent. Poussée de seins à la puberté, fluctuation de la poitrine à différents moments du cycle menstruel, prise d’une taille de bonnet à la grossesse ou lors d’un changement de contraception…, nos poitrines sont loin d’être une “image figée”, et c’est tout à fait normal !

 

À ce sujet, vous nous avez écrit pour nous parler des “seins qui tombent” et du complexe que cela peut occasionner pour vous. Un seul conseil à vous donner en ce sens : apprendre à aimer vos seins, en déconstruisant petit à petit l’idée qu’ils ne sont pas beaux parce qu’ils ne ressemblent pas aux diktats de la beauté en cours (on sait, c’est chaud).

 

Il n’y a pas de miracle, et c’est un vrai travail de self love, mais ça peut passer par des trucs tout simple, comme toucher votre poitrine, la masser, l’apprécier… ou bien, évidemment, vous choper des sous-vêtements dans lesquels vous vous sentez bien, si ça vous fait plaisir (#votrecorpsvoschoix).

 

Enfin, et parce qu’on n’a rien trouvé de mieux pour déculpabiliser que de s’armer de bonnes infos sur nos corps et la manière dont ils fonctionnent, n’hésitez pas à vous choper le livre de la philosophe Camille Froidevaux-Metterie, dont on vous parlait plus haut. À découvrir par ici.


Comment faire pour assumer le no bra dans l’espace public ?

 

Last but not least au pays du no bra : le moment où l’on arrive à aller au travail / à l'école / en soirée / en vacances (...) sans soutien-gorge. Parce qu’évidemment, entre le palier où vous kiffez chez vous les tétons à l’air sous votre T-Shirt blanc et le moment où vous débarquez dans l’open space, il peut y avoir un gap, aka celui du regard des autres.

 

DONC pour rappel, qu’il s’agisse de votre mini-jupe / short, de vos poils, de vos vergetures, de votre cellulite ou de vos tétons qui pointent sous vos fringues : personne ne peut s’octroyer le droit de vous faire un quelconque commentaire.

 

Et même si ça ne se passe pas forcément comme ça dans la pratique, et qu’il peut donc être plus facile pour la plupart d’entre nous d’oser le no bra dans un safe space (= un endroit et des personnes avec lesquelles vous êtes en confiance), si vous vous en sentez : GO FOR IT.



Les seins aka les grands oubliés du plaisir dans les relations hétéro

Le saviez-vous ? Une étude du Journal of Sexual Medecine publiée en 2011 présentait la stimulation du mamelon comme le lieu possible d’activation d’une zone du cerveau nommée le cortex sensoriel génital… aka la même zone, donc, que celle activée par la stimulation du clitoris par exemple. Génial ? On trouve aussi.

 

Mais le problème, c’est justement l’écart qu’il peut y avoir entre la sexualisation omniprésente de la poitrine des fxmmes (= femmes cis & personnes trans et non-binaires) dans l’espace public versus l’intérêt qui leur est accordé dans le cadre d’une relation sexuelle.

 

À ce sujet, Camille Froidevaux-Metterie précise d’ailleurs qu’il s’agit surtout d’une problématique hétéro (#étonnant) puisque les lesbiennes ont bien davantage tendance à inclure la stimulation de la poitrine comme partie intégrante du kif dans leur sexualité.

 

Dans la pratique comment on fait ?

 

Eh bien, déjà, on commence par (re)découvrir cette zone aux mille plaisirs et aux mille possibles, en évitant de réserver la stimulation des seins aux “préliminaires”. Le bon deal pour ça ? Comprendre (surtout) que les préliminaires n’existent en fait pas vraiment, et que les baisers, les caresses, les coups de langue, les soupirs, en bref, tout ce qui vient en amont de la pénétration dans le cadre d’un rapport hétéro… fait tout autant partie de la jouissance et du plaisir sexuel que le reste.

Voilà, c’est tout pour aujourd’hui ! On vous laisse avec une petite sélection de marques de sous-vêtements inclusifs, écoresponsables et cool… à base de soutien-gorges sur mesure, brassières sans coque pour flotter la poitrine au vent, ou body tout doux à porter sans rien dessous… au cas où ;)

 

Par ici pour découvrir Bertille Isabeau, la marque de lingerie française inclusive, féministe et éco-responsable et beaucoup trop bien(veillante), tout droit débarquée de Brooklyn. Vous y trouverez des tops style brassière, des bodys, et des culottes mi-lingerie, mi-prêt-à-porter pour toujours plus cool (oui, on est fan, et non, il n’y a pas de soutien-gorge #partipris).

 

Côté lingerie sur-mesure et bon délire, vous pouvez checker du côté de Louise Feuillère (meilleure ouvrière de France, SVP) = on y trouve des soutien-gorges stylés qui misent tout sur le soutien et la respiration (sans les méchantes traces sur la peau qui font mal), mais aussi des sous-vêtements sur-mesure, pour toutes les tailles (because nos poitrines sont rarement parfaitement symétriques… et que quitte à porter à soutien-gorge, autant que nos deux seins aient le même confort !).

 

Vous pouvez aussi checker du côté Lonely Label (#bodypositive) ou de Nénés Paris (#écologique)... pour des brassières douces mi-prêt-à-porter, mi-sportswear ou des bodys nickel à porter avec un jean.

 

Bon kif et bonne quête et à la semaine prochaine ! :)