Pendant un an, j’ai vu une psy une fois par semaine. Une heure à parler dans une pièce cosy remplie de livres et de tapis persans. J’ai adoré ça et pourtant j’ai décidé de la ghoster. Comprenons-nous bien : en matière de thérapie, chacun a sa propre expérience et elle mérite d’être respectée. Si je vous raconte pourquoi j’ai ghosté ma psy, ce n’est pas pour vous inciter à en faire autant. C'est un peu plus compliqué que ça.

 

À cette époque, j’étais en couple avec une « accro au bien-être ». Selon elle, pour aspirer au bonheur il fallait faire du yoga, des to-do list, être carriériste, ne pas sortir avec ses potes fêtards, acheter une maison de campagne, couper le cordon avec sa mère, partir en vacances trois fois par an, boire des tisanes et… suivre une thérapie. Elle ne m’imposait pas son mode de vie mais il me faisait intérieurement culpabiliser. Et je ne suis pas vraiment le genre de fille qui sait s'écouter. Quand ça ne va pas, j'ai plutôt tendance à mettre mon cerveau sur off et à fuir mes contrariétés en regardant L’Amour est dans le Pré sous un plaid ou à boire des doubles Ricard.

 

Mais un jour, après une énorme dispute, mon exe me pose un ultimatum : « Si tu ne vas pas voir un psy, c’est fini entre nous. » Bon… grosse ambiance. J’appelle Odette à reculons. Et là, révélation : je passe le premier rendez-vous à pleurer. Le second à parler. Le troisième à rigoler. Le quatrième à creuser dans mon enfance. C’est la grande introspection. J’étudie mon père, ma mère, mes sœurs, ma sexualité, mes côtés sombres… Ça va loin, je ne me suis jamais autant posé de questions sur moi-même. Rapidement, je me sens « awake », consciente, en pleine possession de mon histoire, de mon corps. Passé, futur, je pense à TOUT et je me sens forte.

 

Passée cette euphorie, tout s’est ensuite écroulé en une seconde, sans prévenir : j’ai eu la première crise d’angoisse de ma vie. Énorme. Paralysante. La semaine suivante, j’en parle à Odette car je sens que c’est peut-être lié à cette thérapie intense et à cette conscientisation trop brutale de qui je suis. Je lui dis qu’entre elle et moi ça va surement trop vite, trop fort, trop loin (on parle de séances psy hein, calmons-nous, merci.). Mais elle ignore cet appel du pied, selon elle cette crise d’angoisse est juste « l’expression inconsciente d’un besoin de changement ». Alors je quitte ma copine, mon job, certains amis, mais je ne quitte pas Odette. Les mois passent, notre analyse continue, les crises s’intensifient.

 

Heureusement, un matin, avant d’aller à une séance, mon cerveau se rebelle contre Odette et une question de consentement émerge en moi. Et si en fait, cette thérapie sous forme d’hyper-introspection était incompatible avec ma personnalité et avait un effet nocif sur mon mental ?

 

J’ai annulé mon rendez-vous avec Odette, j’ai pris un billet de train, je suis partie à la campagne. Je ne l’ai pas rappelée la semaine suivante, ni celle d’après. Doucement, le poids de nos conversations s’est éloigné. Je me suis remise à cuisiner, à faire des choses simples et concrètes de mes mains. Mais surtout, j’ai arrêté de culpabiliser. Aller voir une psy n’est pas une fin en soi, l’apaisement peut venir d’ailleurs : hypnose, sport, cuisine, séries, pétanque, gobage de mouches… À partir de ce jour, je n’ai plus laissé personne me dicter quoi faire pour me sentir bien et guess what ? Tout va bien et j’ai recommencé à mater L’Amour est dans le Pré. Franchement, qu’on se le dise, elle est cool cette saison, non ?