Le Trouble Dysphorique Prémenstruel, c’est, en gros, un syndrome prémenstruel hardcore. En plus des crampes, des seins qui gonflent (et des diarrhées, vous-même vous savez), on expérience un dérèglement d’humeur bien vénère qui intervient 7 à 10 jours avant les règles, et dure généralement jusqu’à leur arrivée. Ça peut se traduire par des phases dépressives, une irritabilité, une agressivité, des phases de léthargie, une fatigue intense, des difficultés à se concentrer… Et ça peut aller jusqu’à des pensées suicidaires très fortes.

 

C’est ce qu’a vécu Victoria il y a quelques mois : « J'ai toujours eu des SPM très compliqués, où j'ai énormément de mal à me lever le matin car tout mon corps me fait mal, notamment mes seins, mon dos et mes jambes. Mon esprit est hyper embrumé, c'est une vraie lutte. Cette fois-là, en plus de ces douleurs et du mélange tristesse-colère qui ressemble à un ciel tout gris qui te suit pendant une semaine, j'ai ressenti du désespoir. Le vrai désespoir qui te fait te demander à quoi tu sers, qui te donne l'impression que tu es la personne la plus nulle et décevante du monde, que tu fais ultra mal ton travail, que tu vas te faire virer, etc. J’avais clairement envie d’en finir, alors que je n’avais jamais eu de pensées suicidaires de ma vie, même pendant l’adolescence. Ce qui est fou c’est que le jour où mes règles sont arrivées, peut-être le lendemain : tout était parti. Je me sentais à nouveau bien dans mon corps et dans ma tête. »

Si 20 à 40 % des personnes qui ont leurs règles expériencent un syndrôme prémenstruel, seules 5% sont touchées par sa forme sévère, le trouble dysphorique prémenstruel. Ce qui est tant mieux, mais crée malheureusement beaucoup d’erreurs de diagnostic. Les personnes qui en souffrent sont souvent diagnostiquées dépressives ou bipolaires, il ne faut donc pas hésiter à en parler avec son/sa médecin, son/sa gynéco ou son/sa psy si on sent qu’il y a baleine sous petit caillou.

 

Malheureusement bis, il n’y a pas encore de traitement contre le TDPM, mais il existe des solutions #boueesdesauvetage. Les chercheur·ses qui se sont penché·es sur la question conseillent plusieurs choses :

 

1/ se lancer dans une activité physique (aka PILE ce qu’on a zéro envie de faire à ce moment-là, sauf que les endorphines sécrétées pendant le sport sont hyper bénéfiques contre l’humeur dépressive) : ça peut être un tour de pâté de maison, une séance de boxe ou de danse like nobody’s watching sur des chansons tristes

 

2/ augmenter l’apport en hydrates de carbone complexes dans son alimentation (riz, blé, orge, maïs, pain, pâtes, céréales, haricots, noix, graines, pommes de terre, ignames, patates douces) et se supplémenter en calcium et magnésium

 

3/ être accompagné·e par un·e psychothérapeute avec des rendez-vous calés pendant la phase difficile et en dehors, et disponible en cas d’urgence

Valentine, elle, a trouvé une autre solution : « Je subissais vachement mes changements d’humeur avant mes règles : tout m’énervait, tout était triste, j’étais à fleur de peau, je m’effondrais en sanglots pour des broutilles, ce qui me rendait du coup encore plus triste et irritable, bonjour le cercle vicieux ! Quand j’ai bien cerné que c’était dû au syndrôme prémenstruel, je me suis dit que la solution la plus évidente était de ne plus avoir mes règles. Du coup j’ai décidé de me faire poser un implant contraceptif. Ça fait plus de 6 ans maintenant que je suis sous implant (j’en suis à mon 3ème) et ça a clairement changé ma vie. J’ai l’impression d’avoir récupéré beaucoup de joie de vivre et d’être plus détendue, moins fatiguée, et surtout moins dans l'attente de la prochaine fois où ça irait mal. Ça soulage. »

 

C’est aussi une solution qui est proposée aux personnes qui souffrent d’endométriose, mais il faut savoir que certaines personnes ne le supportent pas. Ce que vous pouvez commencer par faire, c’est toujours garder dans un coin de votre tête le pourquoi de ces émotions. Le TDPM ne les rend pas non valides ou fausses, mais il les explique et peut vous aider à les apaiser, les rationaliser. Si besoin, n’hésitez pas à vous écrire un mot dans un carnet ou à l’afficher quelque part pour les moments où vous avez l’impression que tout s’effondre : Ça va aller, tu es fort·e, on est passé·e par là le mois dernier et on s’en est sorti·e, tu vas y arriver, il y a des cookies dans le placard, respire. Une petite bouillote émotionnelle bien utile.