L’art du paradoxe

 

Venons-en aux faits : vivre en 2019, c’est compliqué. On nous balance à tout va que notre conscience écologique est largement plus élevée que celle de nos parents à nos âges (normal, on hérite de leur bordel), et on voudrait se montrer à la hauteur des enjeux de notre temps. Askip, on n'achèterait que quand une marque est cohérente avec nos valeurs, et on aurait plus que jamais besoin de faire des trucs qui ont du sens pour nous. Seulement, c’est compliqué, parce que partout, c’est la merde : il suffit de zapper 20 minutes entre BFM TV et LCI pour avoir l’impression qu’il ne nous reste que 2 options : 1/ se laisser mourir, puisque de toute façon tout est foutu, 2/ mourir pour la bonne cause, mais bon, de toute façon tout est foutu.

 

Les répercussions ? On vous en parlait la dernière fois : d’un côté on a l’impression qu’il faudrait tout changer à notre mode de vie et en même temps ça fout tellement de pression qu’on se retrouve un peu paralysées. Alors, on fait comment ?


Faire du mieux qu’on peut

 

Ça ne veut pas dire : être parfaite tous les jours, claquer son maigre salaire dans des produits exclusivement bios, ou ne jamais craquer sur une sape Zara parce que oh-mon-dieu-la-fast-fashion. Certain-e-s le vivent de cette manière (et c’est très bien), quand d’autres préfèrent ou ne peuvent pas faire autrement que de moduler. Dans la veine des flexitariens (ceux qui diminuent leur consommation de viande sans pour autant l’arrêter), vous pouvez considérer que vous faites du mieux que vous pouvez, en cohérence avec ce que sont vos valeurs et votre budget. Ça permet d’évacuer un peu de culpabilité et les visions apocalyptiques de la situation (on va tous crever). Et aussi d’éviter de sombrer dans l’apathie générale.

 

Comment mettre ça en place ? En comprenant que toutes les petites actions ont un sens. Que vous ne portez pas sur vos épaules la mission (impossible) de sauver le monde, mais peut-être simplement celle de le changer. Ça peut passer par le choix de tampons bio (mieux pour vous et pour la planète) ou par l’achat d’une paire de chaussures cool en friperie plutôt que chez Mango. En résumé, votre pouvoir d’achat, c’est aussi votre pouvoir de choisir.


La loi du désir

 

On est toutes soumises à une loi imparable : celle du désir. Celle qui fait que quand vous voyez cette incroyable paire de boots vernie, vous êtes capable de lâcher l’équivalent de ce qu’il vous reste pour bouffer sur le mois, simplement parce que vous la verriez bien côtoyer votre sympathique jupe plissée en laine. Aujourd’hui, la mode va si vite qu’il est très facile de pouvoir désirer une (trois ?) nouvelle-s sape-s par jour - ce qu'on comprend tellement. Mais on pourrait aussi se dire que les articles entiers consacrés aux nouvelles collections de sapes, nos propres sélections de fringues compilées en Fashion Crush ou nos paniers abandonnés sur le site d’Asos servent à autre chose : ce sont des inspirations. Et c’est peut-être comme ça, parfois, qu’il faut regarder la mode. Comme de l’art, de la beauté à l’état pur. Comme un truc qui peut tout à fait être beau sans qu’on ait besoin/envie de l’acheter.

 

Alors on fait comment ? Eh bien on accepte son désir. On le regarde bien en face, et on négocie avec lui. Comprendre son désir, c’est à la fois savoir y succomber mais aussi pouvoir lui résister. Et qui sait si peut-être, à terme, cette paire de chaussures en moins que vous auriez de toute façon fini par revendre sur Vinted (finalement, 15 cms de talon… non) aura changé le monde d’un iota, parce que vous aurez choisi de ne pas la prendre.

 

Ok, c’est pas si simple, mais parfois, rien que de se poser la question, ça aide.

 

Allez, on vous laisse, on a une vente privée.

Lol.