Bienvenue dans le récit absolument extraordinaire et fascinant de Lauren Hough. Dans La fureur de vivre (2023, Les Éditions du Portrait) ou Leaving isn’t the hardest thing en V.O., elle nous transporte à travers une succession de chapitres dans son parcours de vie. Parfois lunaire, parfois terrifiant mais très souvent euphorique, on découvre l’histoire d’une femme qui ne s’est pas souvent retrouvée là où elle aurait dû…

Un destin incroyable

 

À moins de 50 ans, Lauren Hough a déjà vécu 1001 vies. Née dans une secte (Les Enfants de Dieu) avec des parents assez peu critiques de leur mode de vie, elle voyage avec eux autour du monde et suit le chemin imposé par le gourou David Berg qui y encourage la pédophilie et l’inceste. Adolescente, après que son père ait quitté la secte, elle rejoint l’armée pour s’extraire complètement de l’influence de son ancienne « Famille ».

 

Mais là aussi, elle se découvre lesbienne dans un univers où la règle du Don’t Ask, Don’t Tell règne. Un environnement peu accueillant voire carrément hostile quand elle découvre qu’on a brûlé sa voiture après qu’on y ait écrit « MEURS SALE GOUINE ». Pire, quand on l’accuse d’avoir elle-même provoqué l’incendie, c’est la goutte de trop pour Lauren Hough.

 

Elle quitte l’armée et entame une nouvelle période de sa vie faite d’expériences hétérosexuelles chaotiques et de la confirmation de son lesbianisme. Elle passe de petit boulot en petit boulot avec toujours la même angoisse : comment raconter d’où l’on vient quand on a du mal à l’assumer soi-même ?

Un portrait de l'amérique rarement montré

Cette crack finira par trouver sa voie et sa voix à travers l’écriture. Elle utilisera cet outil pour raconter ce qu’elle a toujours eu du mal à dire à l’oral et ce à travers plusieurs chapitres revenant sur différentes étapes de sa vie et différents thèmes. Au cœur de ces confidences, on retrouve toujours le rapport aux autres et à l’amour.

 

Si elle ne voudrait plus devoir penser à la secte où elle a grandi, l’autrice est parfaitement consciente de l’impact que ces règles ont eu sur sa vie et comment le rapport à la violence, au sexe et au pouvoir ont construit son rapport aux autres. Et pourtant, elle raconte aussi que si la Famille a été dure avec elle, le « système », la vraie vie, l’ont également été. Être une femme lesbienne dans les années 90, entourée quasi exclusivement de conservateur·ices et traditionnalistes ne peut être une mince affaire.

 

À travers les portraits acérés de ses personnages, elle cherche à exposer en quelques mots ce qu’il y a de plus sincère chez eux. Impossible de cacher quoique ce soit à Lauren Hough ni de lui échapper, elle ne nous épargne pas. Un de ses premiers écrits « I Was A Cable Guy. I Saw The Worst Of America » (J’ai été un mec du câble. J’ai vu le pire de l’Amérique.) montrait déjà ses talents de portraitiste hors-pair qui rend toute situation bien plus drôle que prévu.

 

À écouter partout

 

S’il existe une vraie fascination pour les histoires de true crime, on ne peut pas négliger l’effet qu’ont les histoires de sectes ou de cultes sur nous. Et celle-ci a un twist particulier. Ici, c’est à la première personne qu’on nous raconte ce système politique basé sur la manipulation et l’abus de biens et de personnes. À chaque nouvel essai, plongez-vous dans un récit plus rocambolesque que le précédent et sur une nouvelle façon de comprendre les États-Unis.

 

Lu par Cate Blanchett en version originale, en français, c’est Seynabou Sonko (autrice de Djinns, 2023, Grasset) et sa voix fascinante qui nous transportent dans cet univers pendant un peu plus de 9 heures. Le meilleur moyen de découvrir ce récit est de vous laisser porter par cette voix qui transmet toute l’ironie et le sarcasme propres à Lauren Hough, essentiels à la compréhension de ses mémoires.

 

Car si l’autrice aborde des sujets difficiles et que l’audio amène quelques TW (à checker avec vos potes avant de le mettre à fond pendant une aprèm chill à la maison), le ton et l’histoire de Lauren Hough sont définitivement emplis d’espoir, de sororité et d’outils de défense. On s’identifie à elle comme on empathise pour elle. On pleure parfois, on rit aussi mais surtout on sourit tout le long et on pense à toute la force de cette femme, si contagieuse.

 

Pour vous procurer cet audiobook et plonger dans l’histoire de Lauren Hough, c’est par ici que ça se passe.