Être hypersensible concernerait 30% de la population, autant d’hommes que de femmes. C’est la psy états-unienne Elaine Aron qui a théorisé la notion d’hypersensibilité dans les années 90. Être hypersensible n'est ni un choix, ni un caprice (promis) et les études confirment son caractère héréditaire. De quoi changer de regard sur papa et/ou maman…
 

Alors l’hypersensibilité : kezako ? C’est vivre les émotions intensément, mais pas que. C’est aussi percevoir un tas d’informations via vos 5 sens : on parle alors d'hyperesthésie. Un mot compliqué pour dire que vous vous connectez automatiquement au cloud humain #wifipublic, quand la plupart des gens s’y connectent avec un mot de passe, donc par choix.

Les antennes sensorielles des hypersensibles vont en effet plus loin que la moyenne : pas toujours évident au travail entendre votre collègue au téléphone plus fort que votre propre conversation, être dérangé.e par l’odeur de la moquette, ne pas supporter le désordre sur le bureau, détester la lumière artificielle, ressentir le stress de votre boss qui affirme avec un grand sourire que “tout va bien”.

 

De quoi finir votre journée au BDR si vous ne respectez pas vos besoins. Alors plutôt que de vous épuiser à essayer de changer le système - ou de vous planquer dans les WC pour laisser couler - on vous propose de commencer par vous-même, en 3 points.

 

 

#1 Less is more ou comment adapter votre environnement de travail

 

Avoir un cadre de travail ressourçant est essentiel pour limiter votre hyper-stimulation. Votre mantra : toutes les informations autour de moi doivent être utiles ou/et ressourçantes. Un câble d’ordinateur mal rangé et c’est l’impression d’être enseveli·e sous les fils. Notre conseil : identifiez votre sens le plus développé et aménagez votre environnement en conséquence.

Par exemple porter des matières agréables (on évite le pull en laine avec étiquette qui gratte), écouter des bruits blancs ou porter un casque anti-bruit, limiter les objets sur votre bureau, ajouter une plante, demander une journée de télétravail, faire circuler l’énergie en ouvrant les fenêtres ou en allant marcher…
 

Apprenez également à C-O-M-M-U-N-I-Q-U-E-R. On vous arrête tout de suite : “Sorry je suis hypersensible” ne va pas suffire. On vous conseille plutôt d’informer votre manager ou de lui proposer des aménagements comme un jour dans la semaine sans réu pour pouvoir vous concentrer pleinement sur vos tâches.

 

Autre point d’autant plus difficile qu’il est invisible : l’hyper-empathie ou l’art de ressentir naturellement les émotions des autres sans qu’ils ne les expriment. Apprenez à identifier d’abord vos propres émotions pour les dissocier de celles des autres, et rappelez-vous que vous n’avez de pouvoir que sur vous-même. Vouloir comprendre vos collègues c’est bien, au point de vous oublier, c’est non.

Bref, donnez du love à vos 5 sens et imaginez votre hypersensibilité comme le 6ème sens à chouchouter.

 

 

#2 Identifier vos valeurs (et pas celles du/de la voisin·e)

 

Pour un·e hypersensible, travailler sans se sentir utile est aussi fatiguant que de pratiquer le small talk 7 days a week. Les hypersensibles ont besoin de sens. Comme tout le monde ? Pas faux. La différence est encore dans l’intensité : pour un·e hypersensible, c’est viscéral car iel voit au-delà des apparences et a besoin de cohérence. Le combo fatal : conflits de valeurs et environnement politique/toxique. Deux destinations se profilent alors : le burn out ou le bore out (l'ennui au travail, par moins grave que son cousin). Pour l’éviter, ne faites pas l’économie d’identifier vos 3 valeurs prédominantes.

 

Comment ? En faisant un test en ligne, en cherchant ce qui vous énerve chez les autres (votre valeur sera souvent l’antonyme), en identifiant les organisations qui vous inspirent. Si vous êtes perdu·e, petit indice : les hypersensibles partagent souvent les valeurs de cohérence, bienveillance, collaboration, amour…

Si incarner vos valeurs au travail n’est pas possible immédiatement, commencez par les cultiver dans votre vie perso, et n’hésitez pas à refuser une offre d’emploi géniale sur le papier mais qui va à l’encontre de votre valeur la plus chère.

 

#3 Dissociez le conflit du “non”

 

Chez les personnes non hypersensibles, être en conflit c’est s’engueuler avec sa famille le dimanche, briser un peu de vaisselle et rentrer chez soi énervé·es, être dans une telle impasse avec son ou sa boss qu’on se prépare des brouillons de lettre de démission, faire chambre à part avec son ou sa partenaire...

 

Chez les hypersensibles, le seuil est plus bas. Culpabiliser 72h pour avoir décliné une proposition de déj ? Check. Résultat : iels sont souvent les dernier·es parti·es, n’osent pas dire “non” au mail urgent du vendredi 18h, et deviennent parfois les proies idéales des pervers narcissiques.

Conseil pratique : dire non n’a aucun sens si vous ne comprenez pas pourquoi. Pour dire non, commencez par identifier vos besoins et donc, vos limites : la fine frontière entre ce qui est ok et non ok. Par exemple, si vous avez besoin d’être seul·e pour vous ressourcer, autorisez-vous le refus d’invitations. Si c’est trop compliqué, commencez par vous autoriser à réfléchir et osez dire “Je regarde et reviens vers toi d’ici - insérez un délai raisonnable” La communication non-violente sera votre outil préféré pour apprendre à dire non.

 

 

Bonus : osez servir votre créativité sur un plateau d’argent

 

Les hypersensibles sont souvent si fatigué·es par l’hyper-stimulation qu’iels ne sont jamais en mesure d’exprimer leur créativité. Or c’est l’un de leurs plus grands talents. Être hypersensible c’est penser de manière novatrice, la fameuse pensée “out of the box” tant recherchée par les recruteur·ses, et si peu exploitée en pratique.
 

A quoi bon penser en arborescence uniquement pour créer des scénarios catastrophes dans votre tête ? (Et oui, c’est une forme de créativité !)

Un conseil : créez des opportunités pour montrer votre créativité et mettre votre intuition à profit. Personne ne peut savoir que vous avez de super idées si tout reste dans votre tête. Vous pouvez par exemple participer à l’intraprenariat, noter les détails qui peuvent gripper l'expérience client en vous mettant à leur place, proposer des cours de yoga ou de méditation collectifs...

 

La bonne nouvelle dans tout ça ? Les conditions de travail qui fonctionnent pour les hypersensibles sont bénéfiques pour les autres, alors attendez-vous à recevoir la reconnaissance de vos collègues ;)

 

Aurélia Monaco