Elodie, 30 ans

 

La première fois que j'ai croisé le regard de Benjamin, j’avais 26 ans et lui 19, et j'ai su qu'il allait changer ma vie pour toujours. J'ai rapidement su que c'était lui "le bon", c'était une évidence que je ne m'explique pas, malgré les réticences de nos parents par rapport à notre différence d’âge.

 

En avril 2018 (donc au bout de 6 mois de relation), on commence à évoquer l’anniversaire de ses 20 ans au mois d'août prochain, et il m'annonce qu'aucune grande fête n'est prévue. J'ai immédiatement pensé qu'on n'avait 20 ans qu'une fois et que c'était bien dommage de ne pas le célébrer ! J'avais un CDI avec une paye confortable, je pouvais donc me permettre de lui offrir son rêve : en quelques semaines j'ai organisé un voyage pour la Norvège, avec déjà ma petite idée derrière la tête...

 

Lors de notre dernier jour à Oslo, j'avais prévu "innocemment" une après-midi près d'un lac. Le jour J, je mets tout en place et je lui dis que j'ai une surprise et qu'il doit fermer les yeux. J'allume la caméra, je place un genou au sol et je lui dis tout ce que j'ai sur le cœur. En résumé : qu’il est le partenaire de vie que j'ai toujours recherché et que jamais je n'ai autant aimé quelqu'un. Je lui demande donc s'il veut bien être l'homme de ma vie et que je sois la femme de la sienne. Quand il a ouvert les yeux et qu'il m'a vu le genou à terre avec la bague, il a souri comme je ne l'avais encore jamais vu sourire. Il n’a rien dit, a pris la bague, l’a mise à son doigt tout content... Et moi je n’avais pas bougé. J’ai fini par lui dire : « J'attends ta réponse en fait...! », et là il a réalisé la situation, éclaté de rire, m’a pris les mains pour m'aider à me relever et m’a dit « Ah oui oui ! Oui bien sûr ! Pardon ! ». On a ri tous les deux et on s'est embrassés.

 

Lorsqu'on en a discuté quelques heures après, il m'a avoué y avoir pensé lui aussi ! Il voulait également me faire sa demande pendant ce voyage, mais il n'avait pas trouvé la bague qui lui convenait ou qui était accessible à son portefeuille. Finalement, le soir du 31 décembre de la même année (2018 donc), il m'a offert une bague à son tour. Ça faisait 9 mois que nous étions ensemble, aujourd'hui, ça fait 4 ans ! Nous ne sommes pas mariés parce que nous n'avons pas l'argent pour faire une belle cérémonie comme nous le voulons, mais ça ne nous dérange pas. Nous avons d'autres projets, et nous nous considérons déjà comme mari et femme, même sans papier officiel.

Gaya, 35 ans

 

Avec mon mari ça va faire 7 ans que nous sommes ensemble et 16 ans qu'on se connaît. Un an après le début de notre relation, il m'a offert une bague de fiançailles à Noël, 3 mois plus tard je tombe enceinte mais malheureusement la grossesse se passe mal et on me diagnostique un cancer du placenta. Nous avions mis le mariage de côté et un jour de 2019 je lui dis « C'est quand que tu me redemandes en mariage ? » et il me répond « Pourquoi c'est pas toi qui me fait la demande ? » en explosant de rire. Je lui ai dit « Bah écoute, on joue ça sur une seule partie de Uno, et celui qui perd demande la main de l'autre »... J'ai perdu (je le soupçonne d'avoir triché).

 

Je lui ai fait ma demande au restaurant, la bague était dans son assiette à dessert avec écrit « Veux-tu m'épouser ? ». Nous avons célébré notre mariage civil le 20 juin 2020, et il y a à peine quelques jours on a accueilli notre petit bébé.

 

En tout cas, si certaines hésitent à demander leur homme en mariage, j'ai qu'un mot à leur dire : foncez ! Il n'y a aucune honte à avoir et perso, j'ai adoré voir sa tête.

Séverine, 50 ans

 

J’étais reporter en Inde, je ne voulais ni me marier, ni avoir d’enfant, je me demandais même si à la fin de ma vie de photographe je n’allais pas rejoindre les bonnes sœurs… Et puis un jour, j’ai rencontré mon mari. J’avais 26 ans. On a dansé une valse ensemble, quelqu’un m’a donné son numéro, et c’est tout. Le soir-même j’ai appelé ma grand-mère pour lui dire que j’avais rencontré l’homme de ma vie et que j’allais lui demander de m’épouser. Quatre jours plus tard, j’ai décroché le téléphone, je l’ai appelé, et je lui ai dit : « Je suis la personne avec qui tu as dansé une valse, tu te souviens de moi ? ». Il m’a répondu oui, et je lui ai alors demandé « Est-ce que tu veux m’épouser à dos d’éléphant à Bénarès le 25 décembre ? », et encore une fois il m’a répondu oui. Je savais qu’il s’appelait Marco, qu’il travaillait à l’usine, mais surtout je savais que c’était lui.

 

Ce n’était pas un coup de foudre, parce que même physiquement il n’avait pas ce qui me plaisait à l’époque chez un homme, c’est la lumière de son cœur qui a fait écho à celle du mien. On s’est mariés sur le Gange, nos familles et nos ami·es ont illuminé le fleuve de 4000 bougies, c’était magnifique.

 

Je pense qu’il m’a dit oui parce qu’il est aussi libre d’esprit que moi, mais je ne sais plus s’il croyait encore en l’amour à ce moment-là. Depuis je l’ai redemandé deux fois en mariage, on s’est mariés civilement puis dans notre chapelle en France, parce que beaucoup de personnes n’avaient pas pu faire le déplacement jusqu’en Inde. Et on a eu 4 enfants. Comme quoi il faut toujours suivre son intuition, c’est vraiment important. Et je pense que tout le monde devrait se marier plusieurs fois, juste pour se souvenir de l’amour et revivre ce moment solennel. J’espère qu’un jour il me demandera en mariage lui aussi.

Eloïse, 29 ans

 

C'était en vacances en septembre 2020, on faisait les châteaux de la Loire à vélo. On venait de visiter le château de Chenonceau et sur le retour à vélo le long de la Loire je lui ai demandé de s’arrêter. Il n'y avait personne donc je voulais en profiter. J'ai mis un genou à terre, sorti une boîte contenant des boutons de manchette gravés de nos initiales, et je l'ai demandé en mariage. Sur le coup il m'a demandé « C'est pour de vrai ? » avant de me dire oui. Il ne s'y attendait pas du tout, il pensait le faire, mais pas que je le fasse à sa place.

 

Ça faisait 6 ans qu’on était ensemble, 12 ans qu’on se connaissait, et un moment qu'on parlait mariage. J'attendais qu'il fasse sa demande mais en septembre 2019 on lui a diagnostiqué un cancer, puis le Covid est arrivé et on s'est retrouvés à vivre chez ses parents pendant un an. Le temps s'est un peu arrêté et je trouvais la situation frustrante. J'ai demandé à mon frère quelques jours avant qu'on parte en vacances s'il savait quelque chose sur la demande en mariage prévue, il m'a révélé que mon chéri voulait la faire en haut du Machu Picchu. C'est romantique, mais entre sa maladie et le Covid je ne voyais pas à quel moment on allait partir au Pérou... Du coup j'ai décidé de prendre les devants. Je lui ai fait ma demande un an pile après cette journée horrible passée aux urgences où on lui a diagnostiqué son cancer, comme pour conjurer le mauvais sort.

 

Je ne vois pas non plus pourquoi ça serait à la fille d'attendre qu'on lui demande. La société met peut-être aussi trop de pression sur les garçons pour qu'ils fassent des demandes grandioses, alors que le plus important en soi c'est le mariage, pas la demande. Et puis ça ne m'a pas empêchée d'avoir quand même ma bague de fiançailles (c'était même mieux parce que comme ça j'ai pu la choisir moi-même hahaha).

Joséphine, 30 ans

 

C’était en avril 2018, j’avais 28 ans et lui 30, ça faisait 11 ans qu’on était ensemble. Je voulais le surprendre dans notre quotidien mais pas en public, et bien sûr je voulais que ça soit authentique, quelque chose qui nous ressemble. Mon mari adore les kebabs, alors un dimanche je lui ai proposé d’aller lui chercher son préféré.

 

J'ai préparé des post-its avec la demande : « Veux-tu m'épouser ? Kebab ensemble pour le reste de notre vie ? » et j'ai demandé au personnel de mettre les post-its dans l'emballage. Je suis rentrée et j'ai posé son repas sur la table, il l’a déballé, trouvé les post-its, m’a souri, puis il s'est penché vers la table pour m'embrasser et m’a dit oui. Il a gardé l'emballage du kebab et l'a mis dans un cadre.

 

Je ne comprends pas la tradition d’attendre la demande, l'égalité dans un couple c'est aussi avoir le choix et que chaque partie du couple puisse faire sa demande. Je voulais montrer que ça ne fait aucune différence. Puis c'est important de demander des choses aux hommes, de prendre les choses en mains. Et c'est hyper motivant de se rendre compte qu’on le fait par amour et pas pour la société ou la tradition.