
Réponse au manifeste de Marguerite Stern et Dora Moutot
Démêlons tout ça
Une femelliste, c’est une femme ancrée dans la réalité biologique de son corps. Une femme qui pense qu’un accouchement c’est puissant : la porte du monde c’est le sexe des femmes.
Ancrer les femmes dans “la réalité biologique de leur corps” en valorisant la “puissance” de l’accouchement, leur sexe comme “porte du monde”, c’est les essentialiser à leurs fonctions physiologiques en zappant complètement les choix d’expression de leur féminité. Quid des femmes qui ne souhaitent pas enfanter ? Des femmes asexuelles ? Des personnes intersexes ? Des femmes touchées par le syndrome de Rokitansky et donc nées sans utérus ? Elles non plus ne sont pas des femmes du coup ? Pourquoi faudrait-il davantage protéger une donnée chromosomique que l’importance de nos choix ?
Simone de Beauvoir - pour ne citer qu’une des plus grandes figures féministes françaises - a écrit « On ne naît pas femme, on le devient », et a précisé le sens de cette phrase dans une interview filmée : « Être femme ce n’est pas une donnée naturelle, c’est le résultat d’une histoire, il n’y a pas un destin biologique, psychologique qui définisse la femme en tant que telle ».
La construction d’une femme repose sur les combats qu’elle va devoir mener toute sa vie, pour obtenir la paix, le respect, la sécurité, l’équité. Des combats que mènent doublement les femmes transgenres.
Le problème c’est que des idées ont été accolées à nos corps, alors dénaturalisons ces stéréotypes au lieu d’essayer de changer nos corps pour qu’ils correspondent à ces idées.
La transidentité n’empêche en rien les combats contre les stéréotypes de genre, au contraire : elle agrandit le champ d’expression de la féminité. Comme le rappellent le militant trans Tal Madesta et la militante décoloniale Habibitch dans une tribune Médiapart cosignée : « Il existe autant de femmes trans que d’expressions de genre, comme chez les femmes cis en fait ».
Et juste au cas où : de même que nous ne jugeons pas les femmes cisgenres qui se vernissent les ongles, s’épilent les jambes, portent des talons, nous ne jugeons pas les femmes transgenres qui portent les mêmes attraits. C’est au patriarcat qu’il faut foutre un procès, pas aux femmes.
Une femelliste, c’est une femme qui pense qu’être une femme n’est pas un ressenti.
Ça tombe bien, les femmes trans non plus. Comme l’écrivent Tal Madesta et Habibitch : « Allez dire aux femmes trans qui vivent violences administratives, sur violences médicales, sur harcèlement de rue, sur rupture familiale, sur précarisation, que ce qu’elles vivent est un “sentiment personnel”. Nos positionnements et nos identités ne relèvent pas du ressenti, de l’émotion, du sentiment, ils sont situés et ancrés dans le réel, en réponse aux oppressions que nous subissons et qui nous définissent (petit rappel : l’identité est produite par le regard extérieur altérisant) ».
Souffrir de dysphorie de genre ne signifie pas être né dans le mauvais corps, cela signifie que le cerveau de l’individu lui fait croire qu’il est né dans le mauvais corps.
Selon l’Association Américaine de psychiatrie, la dysphorie de genre n’est pas un trouble mental. La réalité, c’est qu’on est encore incapable (scientifiquement, psychiatriquement, sociologiquement) de définir les causes de la dysphorie de genre, encore moins de prétendre savoir que c’est une question de croyance ou de cerveau trompé par lui-même.
Imaginez un monde où des personnes blanches s’auto-proclament noires, imaginez que ces personnes trans-raciales demandent à la sécurité sociale de rembourser intégralement séances d’UV et injections de mélanine. L’accepteriez-vous sans broncher ? C’est pourtant similaire à ce qu’il ce qu’il se passe actuellement.
L’appropriation culturelle, le blackfishing n’ont Rien. À. Voir. Avec. La. Transidentité. Habibitch et Tal Madesta encore une fois Messieurs-dames : « Il y a dans la notion de race un principe d’hérédité, de descendance, c’est à dire une généalogie qui implique une histoire ethnique communautaire bien définie et documentée.
Cela fait des décennies que nous essayons de sortir du prisme fasciste de la “race biologique”, raciste et essentialisante, merci de ne pas y retomber en réduisant la notion de race à une couleur de peau et des phénotypes (on ne devient pas racisé·e en allant faire des UV deux fois par semaine au Body Minute).
Tout ceci n’est pas le cas du genre, plutôt organisé autour de deux classes binaires supposément complémentaires (hommes/femmes), créées artificiellement pour que le premier groupe puisse exploiter économiquement et structurellement le second, en s’appuyant sur une soi-disant binarité biologique qui n’existe pas dans le monde réel. Les TERFs opposeraient qu’il en est de même pour les femmes trans, qui "ne deviennent pas magiquement femmes en mettant du rouge à lèvres et des talons", mais nous n’avons jamais entendu aucune femme (trans ou cis d’ailleurs) affirmer que c’est le maquillage - ou des faux-seins, ou un vestiaire féminin - qui font d’elles des femmes ».
Une femelliste, c’est une femme qui pense qu’on ne peut pas naitre dans le mauvais corps. Est-ce que l’âme et le corps seraient deux entités séparées ? Est-ce que l’âme se serait incarnée dans la mauvaise forme ? Et qui déciderait de cela ? Nous ne nions pas le droit des personnes à pratiquer leur foi, mais cela doit rester dans le cadre privé. Les sciences ont de tout temps été le meilleur rempart face aux institutions religieuses qui tentent de s’immiscer dans les affaires d’État.
“Naître dans le mauvais corps” est une phrase simple utilisée pour définir le vécu complexe des personnes trans, ce n’est en rien un terme scientifique - et encore moins religieux - qu’il faut interpréter littéralement.
Une femelliste sait qu’un des instincts primaires humains les plus essentiels est la capacité à reconnaître immédiatement qui est un homme ou une femme. Cet instinct est particulièrement utile aux femmes puisqu’il leur permet de savoir avec qui il est possible de se reproduire.
Coucou les lesbiennes, les asexuelles, les femmes qui ne veulent ou ne peuvent pas avoir d’enfant. Coucou aussi la GPA et l’adoption.
Toutes les luttes féministes sont en rapport avec les corps des femmes.
Salut le droit de vote, le droit d’ouvrir son propre compte en banque, l’accès aux postes à responsabilité, la visibilisation dans l’écriture, l’identité avec le nom de famille, la lutte contre le manspreading dans l’espace publique et le mansplaining dans le débat publique.
Une femelliste, c’est une femme qui refuse qu’un homme lui explique ce qu’est une femme. Ils ne sauront jamais ce que ça produit dans l’inconscient d’une fille de n’avoir jamais vu de présidente à la tête de son pays. Ils ne savent rien des heures d’inquiétude face au miroir.
S’identifier femme ne signifie à aucun moment qu’on explique aux autres ce que ça veut dire. En revanche, elles (pas ils) connaissent trop bien les heures d’inquiétude devant le miroir.
Une femelliste, c’est une femme qui ne supporte plus l’incapacité des hommes à inclure ceux qui sont dits efféminés dans leurs espaces, car ces derniers viennent ensuite coloniser les nôtres. Au nom de quoi la peur des femmes trans d’être moqués dans les toilettes des hommes devrait-elle primer sur celle des femmes d’être violées ?
Les femmes trans ne sont pas des hommes efféminés. Les hommes efféminés ne sont pas des femmes trans. Les hommes trans le sont-ils parce que les femmes sont incapables d’inclure les garçons manqués, les butch, les masc, les grandes gueules, les tomboys, les androgynes dans leurs espaces ? Non, les hommes trans sont des hommes trans parce qu’ils se définissent comme tels, point.
Les femmes trans aussi ont peur d’être violées. Toutes les femmes méritent d’être protégées.
Une femelliste c’est une femme qui refuse des termes tels que cis ou personne à vulve, qui refuse d’accepter qu’on change les définitions de mots structurants comme femme, homme, sexisme ou homosexualité. Dicter à autrui quelle devrait être sa perception de la réalité est une forme de totalitarisme idéologique.
Ah donc il ne faudrait pas dicter à autrui quelle devrait être sa perception de la réalité ? Donc ne pas dicter à une femme trans une identité d’homme par exemple ? Ça serait une forme de totalitarisme idéologique ? Tiens tiens.
Pour info, le mot cisgenre - qui définit une personne en adéquation avec le genre qui lui a été assigné à la naissance - a été introduit pour arrêter de dire “personne normale” en opposition aux personnes trans, anciennement définies par comparaison comme “anormales”. Ce n'est pas un caprice, ça sauve des vies.
Une femelliste c’est une femme qui comprend que le transgenrisme est une idéologie homophobe dans la mesure où elle nie l’orientation sexuelle et qualifie de transphobes les lesbiennes qui refusent d’avoir des rapports avec des femme à pénis.
Encore une fois pour tout le monde : orientation sexuelle et identité de genre n’ont aucun rapport. On peut être une femme cis lesbienne, un homme trans hétéro, une femme trans pansexuelle, un homme cis asexuel, etc etc etc. Et encore une fois pour tout le monde aussi : on a le droit de choisir avec qui on souhaite avoir des rapports sexuels ou non, ça s’appelle le consentement, et c’est à la base du féminisme.
Une femelliste, c’est une femme qui ne supporte plus l’hypocrisie des écologistes qui soutiennent le transgenrisme et qui refusent de voir que cette idéologie pourrait participer à la pollution hormonale des eaux. Certains polluants et perturbateurs endocriniens sont responsables de la féminisation des poissons, du développement des l’hermaphrodisme chez certains crapauds ou de la baisse de testostérone chez certains hommes. Et si la pollution hormonale était en lien avec le nombre croissant de dysphories de genre ?
Avec des si, on mettrait les TERFs en bouteille.
Et si on avait vraiment cherché, on aurait découvert que la science a longtemps mis en cause la pillule contraceptive, avant de réaliser que ces modifications chez certains animaux ou chez l’homme sont accélérées par des produits de synthèse à effet anti-androgène présents entre autres dans des antibactériens et des parabens, en précisant qu’il reste encore de nombreuses recherches à mener - avant d’avancer des théories fumeuses (sources : Futura, Le Monde).