CHEVEUX BLONDS = SÉDUCTION

Marylin Monroe, Sharon Stone dans Basic Instinct, Madonna… de l’ingénue pulpeuse à la femme fatale qui rentabilise son apparence, les blondes sont constamment présentées comme des figures de séduction, là avant tout pour satisfaire le male gaze. D'ailleurs, elles sont souvent représentées avec des formes, une sexualité débridée et en opposition aux brunes, qui seraient plus “coincées” : Marilyn Monroe/Jackie Kennedy, Brigitte Bardot/Jane Birkin, Samantha/Charlotte dans Sex and The City... Le traitement médiatique de ces figures instaure, au final, une dichotomie “femme avec qui coucher” vs. “femme à épouser”, qui nous met dans des cases réductrices et stéréotypées pendant que les hommes ont droit à des représentations complexes et nuancées.

Evidemment, les choses évoluent en 2022, mais cette tonne de représentations a forgé l’inconscient collectif de plusieurs générations. Ce qui fait que la blondeur est encore associée au stéréotype misogyne préf du patriarcat, j’ai nommé la “salope”. Aka ce fantasme d’une femme qui serait constamment disponible sexuellement pour n’importe quel homme, une excuse bien pratique pour harceler et ignorer le consentement de celles classées dans cette catégorie.

 

On va reposer les bases : la pigmentation des veuch n’a strictement aucun rapport avec la libido ou le nombre de partenaires qu’on veut avoir. D’ailleurs, qu’on couche avec zéro ou soixante quinze personnes dans notre vie, ça n’enlève RIEN à notre droit au consentement et au respect. Ça parait obvious dit comme ça, mais quand je pense au nombre de blaireaux qui m'emmerdent depuis mes 11 ans -en se basant en partie sur cette image de “la blonde”-, je me dis qu’un reminder ne fait jamais de mal.

“LES BLONDES SONT DÉBILES"

Dans une logique patriarcale et raciste, la blondeur est perçue comme la féminité ultime. Et si on reste dans cette logique pourrie, féminité = stupidité, donc blondeur = stupidité ultime. “Comment on noie une blonde ?”, “C’est une blonde, une brune et rousse et”, “Alors c’est une blonde qui conduit à l’envers”... Si j’avais eu 1€ à chaque plaisanterie vaseuse qu’on m’avait sortie sur mes cheveux, j'aurais concurrencer Elon Musk pour le rachat de Twitter.

 

Ce qui peut s’apparenter à de simples blagues contribue -encore- à notre inconscient collectif, et je me retrouve souvent dans des situations où on m’explique l e n t e m e n t des bails évidents, où on me taquine pas très gentiment avec un air narquois, en bref où on me prend pour une quiche. Bien sûr, toutes les femmes sont touchées par cette condescendance (hello le mansplaining et le manterrupting), mais il me semble que les blondes s’en prennent souvent une couche supplémentaire. Cette stupidité fantasmée contribue à notre objectification.

UNE INFANTILISATION CREEPY AU POSSIBLE

En parlant de paternalisme, on arrive à un autre aspect de la sexualisation des blondes. Vous avez peut-être remarqué que pas mal d’enfants sont blond·es, et ont les cheveux qui foncent à la puberté (apparemment dû à une activation tardive de la mélanine). Ça contribue à l’association de la blondeur -surtout celle des femmes, étonnant- à la naïveté et à la candeur, un autre bon prétexte pour déconsidérer notre intellect.

Il suffit de voir le culte voué à la féminité incarnée par Marilyn Monroe, à la fois ultra sexualisée mais présentée comme souvent perdue, en détresse et ayant besoin d’un protecteur, que ça soit dans La rivière sans retour, Certains l’aiment chaud, Les hommes préfèrent les blondes (sans commentaire)... Ces personnages sexy, candides et vulnérables ont contribué à créer la figure de la “femme-enfant”, régulièrement incarnée par des actrices blondes.

 

D’ailleurs je ne sais pas pour vous, mais je trouve que la sexualisation de cet archétype participe aussi à une atmosphère pédocriminelle glauquissime, parce que ça brouille la frontière entre des adultes capables de donner leur consentement et des enfants qui ne le peuvent pas. Ça donne des horreurs style l'adaptation par Kubrick de Lolita, où une ado -blonde, obviously- est présentée comme une tentatrice irrésistible, message au top pour l’audience de l’époque.

RACISME ET COLORISME

On se retrouve donc avec un combo d’objectification et d’infantilisation qui mène à des discriminations, voire des violences sexistes #ambiance. Mais fétichiser la blondeur ne pourrit pas que la vie des concernées : c’est aussi - surtout ? - une façon de hiérarchiser les femmes et de rabaisser toutes celles qui s’éloignent de cet archétype. Comme le fait très justement remarquer l’artiste Maedusa dans ce post, la survalorisation de la blondeur est un mécanisme profondément raciste, car la grosse majorité des femmes naturellement blondes sont blanches.

 

Ce duo racisme/colorisme (quand on classe les individu·es en fonction de la clarté de leurs traits) rapporte aussi une tonne d’argent aux industries cosmétiques : une étude* a estimé qu’environ la moitié des femmes blondes en France avaient une teinture, un processus coûteux qui demande un entretien régulier. Comme chaque mécanisme de fétichisation sexiste, la figure de “la blonde” est à déconstruire, parce qu’on en paie toutes le prix.

 

Claire Roussel

 

* TSN Worldpanel, 2007