D’après la définition du Larousse, l’ambition est un “désir ardent de gloire, d'honneurs, de réussite sociale ; de posséder quelque chose, de parvenir à (faire) quelque chose”. Comme le résume l’écrivain et prix Nobel de littérature Gao Xingjian : “L’ambition c’est pour se distinguer des autres”, en faisant “mieux” et en ayant “plus” donc. Et dans notre ère occidentale, quand on parle de mieux et plus ? On parle surtout de faire de la thune vite et fort, d’être famous et/ou d’avoir une carrière qui suscite les “Waouh, ah ouais !” des gens qu’on croise en soirée.

 

Bien orienté, ce désir peut pousser à réaliser de grandes et belles choses comme monter sa boîte, écrire un livre, marcher sur la Lune, trouver un remède contre le cancer… Vrai. Mais à l’inverse, il peut aussi entretenir des mécanismes de compétition malsains pour tout le monde, en instaurant une pression du jamais-assez-bien sur celleux qui se disent ambitieux·ses, et en rabaissant les personnes qui ne sont pas considérées par la société comme successful, alors que qui pour juger, juste.

Vous avez peut-être vu passer cette BD où une mère pointe un éboueur du doigt pour menacer son enfant du fameux “Si tu n’étudies pas à l’école, tu finiras comme lui !”, à côté d’une autre mère qui dit à sa fille “Si tu étudies bien à l’école, tu ne finiras pas comme cette dame”. Dans tes dents l’ambition mal placée.

 

Et c’est vrai que les personnes qui “manquent d’ambition” (l’expression en dit déjà long), sont direct épinglées par la société. On s’étonne de l’absence d’ambition, on ne comprend pas, on juge, on catégorise les personnes qui sont perçues ou se déclare sans ambition particulière comme feignant·es, sans vision, assisté·es… Bref, que des mots doux supplément ouverture d’esprit quoi. Alors que ne pas vouloir à tout prix manager des gens, se remplir les poches ou signer des autographes dans la rue, bon, on a vu pire comme tare.

 

Ne pas coller à l’ambition façonnée par notre société productiviste, c’est clairement s’échapper d’un schéma social avilissant (et btw vide de sens) pour trouver son propre bonheur, sa propre voie, en créant ses propres réussites.

Parce que, revenons-y, cette forme d’ambition professionnelle et monétaire exclut une infinité d’autres réussites personnelles, comme un quotidien sans stress, des relations entretenues avec temps et tendresse, s’en sortir après un trauma, apporter de la joie ou son aide aux autres, inconnu·es ou proches, lutter pour la sauvegarde de la planète, chanter pour soi et dead ça, se sentir bien dans son corps malgré les standards inatteignables de la société…

 

Oui, se faire une vie douce avec un job pépère décemment payé pour s’offrir un chez soi humble dans lequel on peut savourer un bon bouquin, c’est une sacrée réussite (tant qu’on n’est pas Capricorne, on s’entend). Et si on vous rétorque encore quelque chose, vous pourrez toujours répondre que vous avez l’ambition de ne pas laisser l’ambition dicter votre vie ;).