Mais qui êtes-vous, en fait ?

 

On était un peu perdues alors on a commencé par demander à Google son avis sur la question. Très politique comme à son habitude, Google nous a donné les renseignements suivants : la famille (ou ménage), c’est un groupe d’individus (au moins deux), en gros soit un couple avec ou sans enfant, soit un parent seul avec un enfant.

Bref, la famille, dans son acception la plus courante, ce n’est plus seulement un-papa-une-maman (dieu merci). Il y a des familles mono-parentales, des familles homoparentales, des familles recomposées, bref... aujourd’hui, qui veut (au prix de certaines luttes) ou en a envie, peut “fonder une famille” comme on dit (quoique ça veuille dire). Reste néanmoins par exemple à ouvrir les droits de la PMA pour tous·tes, donc bon : y'a encore du boulot.

 

 

QLF ?

 

Le sociologue Serge Vallon appelle la famille “un groupe solidaire d’appartenance composé de ceux qui vont devoir m’aider sans réfléchir, ni calculer”.

 

Ce qui est au fond, une bonne définition : à la fois juste, marrante et un peu perturbante.

 

Traduction : la famille, ce devrait donc être celles et ceux sur qui on peut toujours compter. Inconditionnellement (façon Passion du Christ). Parce que les liens du sang, tavu. D’ailleurs, ces mêmes personnes doivent, selon cette définition, pouvoir compter sur vous aussi. Mais dans la réalité, qu’est-ce que ça veut dire ? Ne pourriez-vous pas d’ailleurs aujourd’hui associer plus facilement vos potes à cette définition que vos propres parents ?

 

 

Alors la famille c’est quoi ?

 

La question c’est aussi : qu’est-ce que c’est pour vous - et surtout comment et QUI. On met toujours la famille “de sang” au coeur du sujet, mais quid de celles et ceux qui n’en ont pas, qui ont perdu un ou leurs parents, qui ont été adoptés ou forcé·es - par les circonstances, et bien souvent la violence de la situation - de couper les ponts avec un ou plusieurs membres de leur famille ?

La réalité, c’est qu’on flotte aujourd’hui entre plusieurs idées et “interprétations” de ce que la famille peut être. Qu’il n’y a pas que THE institution du mariage-avec-enfants, mais bien d’autres manières de se lier aux gens (pour la vie, si on veut), de les aimer (inconditionnellement, bis), et de les considérer comme nos proches, ou nos ultra-proches… bref : comme notre famille, quoi, mais appelez-ça comme vous voulez.

 

 

On ne choisit pas sa famille… mais en fait si

 

Déboulé tout droit des communautés queer, le concept de la famille choisie (chosen family, en anglais) met de l’oxygène dans nos vies hors-normes. Il dit : une relation est avant tout humaine et non civile ou génétique, c’est une histoire que l’on construit ensemble. Ce qui veut dire que les choses ne se jouent pas à échelle génétique ou administrative.

 

En résumé : ce qu’il y a écrit sur votre acte de naissance importe moins que “l’amour” que vous partagez avec ces personnes ou pas. Que la place que vous pouvez avoir au sein de cette “famille” ou pas. Que la possible nécessité pour vous de trouver d’autres espaces et d’autres personnes.

Avoir une famille choisie, c’est donc s’offrir un safe place : une nécessité pour les personnes queer qui peuvent être rejeté·es par leur famille, faire l’objet de violences (homophobes, ou transphobes par exemple). Dans cette mesure, par nécessité ou “par amour”, pour les deux ou juste parce que c’est ainsi, on choisit les personnes qui nous entourent.

 

Alors pour nous, c’est ça la famille : une aventure qui prend la forme et la manière dont vous la définissez. Que ce soit votre famille “de sang”, vos potes d’enfance ou d’avant-hier, votre communauté de lutte ou juste une partie de votre famille génétique, la famille c’est cette aventure collective que vous partagez avec celles et ceux qui comptent. Une aventure qui pourra toujours évoluer au fil de votre vie.