Un nouveau sujet à aborder avec votre psy

 

La charge écologique (ou environnementale) est une des petites cousines de la charge mentale. Théorisée par Monique Haicault dans les années 80, cette dernière est de plus en plus discutée, débattue et comprise dans les couples hétérosexuels. Elle correspond en réalité à une charge cognitive et pas uniquement au simple fait de faire le ménage et à manger. Elle prend en compte tout ce que ces tâches demandent comme organisation et projection dans le temps. En général, ce sont plein de petites pensées parasites mais essentielles au bon fonctionnement de la vie de toutes les personnes qui cohabitent.

 

Le pire dans la notion de charge cognitive c’est surtout ce qu’elle provoque. Contrairement au fait de sortir les poubelles, par exemple, où on voit concrètement que l’action a été faite et a bénéficié à toustes, penser et demander à quelqu’un d’autre de le faire, ça ne génère pas beaucoup de reconnaissance. Pire encore, ça peut donner l’image que vous donnez des ordres aux autres. Il y a donc un manque de reconnaissance, un sentiment de culpabilité car on n’arrive pas à en faire assez, un sentiment de fatigue qui s’installe progressivement et puis finalement pas mal de ressentiments car il est difficile d’aborder le sujet.

@moodydarkroom

 

La charge écologique est donc elle aussi, une charge cognitive. Elle est légèrement plus pernicieuse que la charge mentale. C’est toutes les décisions individuelles qui sont prises pour adopter un comportement plus respectueux de l’environnement comme le tri, le compost, les produits circuit-court ou les produits de nettoyage faits-maison, par exemple. Et, étonnamment, comme la charge mentale, cette charge cognitive repose aussi beaucoup plus sur les épaules des femmes.

 

 

Mais pourquoi c’est toujours nous ?

 

On pourrait se dire que, en réalité, se préoccuper de l’avenir de notre planète ça ne semble pas particulièrement genré. En fait, si vous êtes un homme cis qui passe par là vous pourriez même vous demander c’est quoi le rapport ? Et bien Il existe deux pistes de réflexion qui répondent partiellement à cette question.

 

Nous aussi on a des potes mecs qui ont décidé qu’ils ne prendraient plus jamais l’avion (ce qui, entre nous, est un privilège mais on en parlera une autre fois), on a ceux qui ont décidé qu’ils allaient « investir vert » et ceux qui ne portent plus que des Veja. Et honnêtement, c’est déjà quelque chose. Mais comme chez Coline, qui nous l’expliquait, en 2020 dans sa vidéo « J’en ai marre d’être écolo », la majorité des changements globaux d’un foyer sont mis en place par les femmes. Qui en a marre de jeter des couches à usages uniques ? Qui s’occupe de préparer la lessive -super simple- faite maison ? Qui a fait la liste des AMAP du quartier ? Qui se renseigne sur les options Vinted quand on lui parle d’un beau pantalon ? Si ce sont les femmes du foyer qui récupèrent ces tâches un peu plus longues, chronophages et relativement satisfaisantes c’est souvent parce qu’elles concernent la vie du quotidien, l’organisation et la gestion du lieu de cohabitation. C’est assez logique, c’est la personne qui nettoie le plus souvent le plan de travail qui va penser à tout le sopalin gaspillé.

@coline

 

Une autre raison, bien vicieuse, est à trouver derrière la valeur du soin léguée aux femmes par leurs propres mères. Comme on nous a appris à faire les petits remèdes maison, à s’assurer que tout le monde va bien et à apporter de la tendresse aux autres, on a tout aussi logiquement développé le même rapport à l’environnement. On parle bien de « protection » de l’environnement, et donc d’un certain rapport de soin par rapport à l’exploitation de nos ressources naturelles. Selon une étude du Pew Research Center en 2015 (qui commence à dater), les femmes ont plus tendance à penser que le changement climatique leur porte préjudice et continuera à leur nuire dans le futur. En gros, elles n'ont pas encore dit balek. Bien sûr, il n’existe pas de différence génétique dans le rapport à l’écologie, cependant l’on peut affirmer sans prendre de risques, qu’il existe bien une différence dans la prise de conscience et l’application.

 

 

Et comment on se débarrasse de cette mauvaise herbe ?

 

Spoiler alert : c’est pas demain la veille. Comme pour la charge mentale, il est difficile d’aborder la charge écologique car il est parfois difficile de communiquer sur des sentiments qu’on n’a pas encore bien compris. Est-ce du ressentiment ? De la culpabilité ? Est-ce que vous avez l’impression que vous êtes en train d’exagérer ? C’est tout à fait normal. La première étape pour se défaire graduellement de ce problème c’est d’abord de le conscientiser. Ensuite, de savoir comment et où est-ce que cela nous dérange de prendre en charge ces questions dans la maison ? Beaucoup préfèrent tout faire plutôt que de laisser une chance à leur partenaire de tout rater. Alors, oui, nous aussi ça nous agace quand on doit repasser derrière. Mais, et si vous leviez le pied ? Tout le monde est adulte et s’il n’est pas capable de s’adapter à vos standings… c’est peut-être parce que vous êtes avec un gros bébé… ? (On a notre propre lot chez nous, on se sait)

@ohkiistudio

 

Ensuite, l’échange et la discussion sont clés si vous voulez réellement faire avancer la situation de manière concrète. On ne vous apprend rien, mais la clé de toute relation, c’est la cOmMuniCatiOn. Donc posez-vous entre 4’zyeux et au moins, si ça ne fait pas avancer les choses, vous aurez eu l’occasion de mettre les choses au clair et de vous débarrasser un peu de ce ressentiment bien aigre.

 

Enfin, (et notre préf !) repensez votre rapport à l’écologie. Les petits gestes sont utiles, nous aident à prendre conscience de notre impact et permettent aussi de nous ancrer dans une réalité difficile mais inaliénable. Nous vous conseillons de vous plonger dans Pour une écologie pirate (Fatima Ouassak, 2023) ou Pour un un soulèvement écologique (Camille Étienne, 2023) et de vous renseigner sur les actions collectives tout autour de vous. Peut-être que votre partenaire vous suivra à une réunion ?