Le Chemsex, c’est quoi concrètement ?

 

Issu de la contraction des mots chemicals (aka produits chimiques en anglais) et sex, le Chemsex est le fait de consommer des drogues dans « l’intention d’avoir une relation sexuelle pour l’initier, la faciliter ou encore l’amplifier », explique Dorian Cessa, médecin et coordinateur de l’étude inédite Sea, Sex and Chems publiée en novembre. En France, les deux drogues principales du Chemsex sont la 3-MMC et le GHB, qui ont un effet proche « d’un mix entre des amphétamines et de la cocaïne », précise le docteur. Leur particularités ? On se les procure facilement et elles sont peu chères - environ 15 euros le gramme, soit 4 fois moins que le prix de la cocaïne.
 

Ça concerne qui ?

 

Il y a encore une petite dizaine d’années, seule une catégorie précise de personnes – des hommes gays de 35 à 45 ans plutôt aisés – pratiquait le Chemsex. Mais depuis, le phénomène a pris de l’ampleur et touche désormais les jeunes homosexuels qui « construisent leur sexualité en consommant des produits », explique Dorian Cessa. Surtout, même si le Chemsex reste principalement présent dans les relations sexuelles entre hommes, les femmes s’y mettent aussi. Sur les près de 2700 personnes interrogées dans l’étude Sea, Sex and Chems, environ 16% des « Chemsexeurs·euses » étaient des femmes, d’en moyenne 27 ans et majoritairement hétérosexuelles.

On risque quelque chose ?

 

Le premier danger, c’est l’addiction. « Près de 80% des gens qui pratiquent le Chemsex auraient des risques d’addiction aux drogues », précise le médecin. Mais au-delà de ça, le nombre grandissant de jeunes « Chemsexeurs·euses » pose problème car plus tôt on commence à associer la prise de drogue avec l’acte sexuel, et plus c’est difficile de s’en sortir. Et puis il faut aussi se méfier des syndromes anxio-dépressifs qu’on peut avoir car on peut ne « pas se sentir bien après avoir consommé ou encore culpabiliser », explique Dorian Cessa. Sans oublier le repli sur soi que ça peut engendrer, et les dangers liés à la désinhibition qui favorise notamment les rapports non protégés et donc le risque de contracter une IST.
 

Les tips pour limiter les risques

 

Pour le Dr Cessa, ce qu’il faut garder en tête quand on prend des drogues, « c’est qu’on est moins conscient·es et donc moins vigilant·es vis à vis des risques ». Donc si on décide d’en prendre, le mieux est d’essayer de trouver des solutions pour limiter les risques d’infections sexuelles ou même d’overdose. A côté de ça, il faut tenter de limiter au max la consommation « systématique » quand on a un rapport sexuel et « préserver une sexualité sans produit » car ensuite c’est « difficile de retourner à une sexualité standard ». Et si on veut vraiment tenter, le meilleur conseil est d’y aller « de manière progressive » car lors des premières consos, on a souvent l’impression de gérer le produit alors qu’en réalité c’est difficile de jauger la consommation de drogues. En cas de doute, ne pas hésiter à s’adresser à des pros en appelant le numéro d’appel d’urgence « Chemsex » de AIDES - 01 77 93 97 77, en visitant la page du site de Drogues Info Service dédiée au Chemsex, ou encore en allant sur le groupe d’entraide Facebook pour les pratiquante·s du Chemsex mis en place par l’association AIDES.


 

Olivia Sorrel Dejerine