Ce qui nous a mis la puce à l’oreille

 

Ça fait un petit moment que les sorcières répandent leurs vibrations surnaturelles autour de nous. Vous n’avez pas pu passer à côté : sur Tumblr et Instagram, la “basic witch” c’est un lifestyle à part entière, avec ses influenceuses (comme the Hoodwitch ou Fay Nowitz) et ses références ciné, mode et horoscope. Mi-goth, mi-90s, les sorcières de 2017 nous replongent avec délice dans une esthétique régressive à la The Craft ou Charmed. Mais il y a plus derrière cette mode : un vrai engouement autour de l’occulte est en train de (re)naître. Après une vague Ouija board, Kate Bush & co dans les 70s, l’année 2017 signe le retour de hype des sorcières.



Les féministes, ces vilaines sorcières

 

C’est un fait : tout le monde est à peu près d’accord pour les détester. Souvenez-vous Maléfique, Ursula, ou la sorcière de Blanche-Neige… Ou allez juste jeter un coup d’oeil aux petits montages mignons que certains s’amusent à faire d’Hillary Clinton et de Theresa May affublées d’un nez crochu et d’un chapeau pointu (tapez leur nom + witch sur google, vous verrez). Sorcière, encore aujourd’hui, ça rime avec mal-aimée (déso, Sabrina). Ce qu’on lui reproche? D’être rebelle et toute-puissante. Mais justement, that’s the point : c’est LA meuf forte et indépendante par excellence… et du coup, les féministes en ont fait leur coqueluche depuis belle lurette. Avec sa magie noire et sa sensualité ambiguë, elle se présente comme l’issue de secours idéale face au dilemme insoluble “vierge vs salope”. Etre une sorcière, ça n’a rien d’une insulte, et même : ça se revendique fièrement. “Unapologetic”, dirait Riri.



Un peu d’histoire

 

La penseuse éco-féministe Starhawk s’est carrément auto-proclamée “sorcière néo-païenne”. Comme elle, les adeptes de la sorcellerie cherchent à se réapproprier les savoirs ancestraux qu’on a arrachés aux femmes depuis des siècles. Souvenez-vous : la chasse aux sorcières, les pendaisons à Salem aux USA en 1692, ou encore les meurtres récurrents de “sorcières” en Tanzanie, au Népal ou en Roumanie (au XXIe siècle, oui)… Les féministes appellent cet acharnement contre les sorcières la “guerre contre les femmes”. Leur thèse : ce qui est traqué, c’est pas tant la magie noire que les nanas rebelles, avec leurs rites de guérison et leurs savoirs alternatifs.



Tout ce qu’il faut savoir pour en être une

 

En 2017, des néo-sorcières cherchent à se réapproprier cet héritage féminin perdu dans les limbes du patriarcat. Leur truc à elles, c’est pas forcément le satanisme, c’est le self care. Le concept ? Prendre soin de soi par ses propres moyens, quand tout autour de vous semble vous indiquer de ne pas le faire et que le monde s’enfonce dans un marasme généralisé. C’est un truc qui se fait toute seule, dans sa chambre, face à trois bougies, mais aussi en communauté : les sorcières sont des reines de la sororité, cette valeur trop négligée (l’autre mot un peu classe pour “solidarité féminine”).



À vous de jouer

 

Etre une sorcière en 2017, ça peut servir à lancer des sorts à vos ennemis. C’est pas Lana del Rey qui dirait le contraire. Sur Twitter, elle avait appelé ses fans à se défouler sur Donald Trump en pleine “lune croissante descendante”. Le “Vade retro, Donald” n’a pas (encore) fonctionné, mais on veut y croire. Si tout ça vous inspire et vous déprime profondément tout à la fois, vous pouvez encore vous consoler avec l’hymne aux sorcières combatif de Princess Nokia, intitulé Brujas. Être une sorcière, en 2017, c’est comme vous le sentez.