Dénicher ses matières

 

Qui dit upcycling dit textiles à défoncer/upgrader. Rien de plus simple : étant dans une société de (sur)consommation, on a toustes une pile de vêtements qu’on ne met plus dans nos placards. Go taxer aussi ceux de la famille et de potes qui ne savent pas quoi en faire. Marie propose de focus en premier sur les fringues en mauvaise forme pour éviter le gâchis : « J’ai tendance à upcycler des choses de mon dressing que je n’ai plus envie de porter, qui sont abîmées. Je ne vais pas customiser des choses en parfait état. Dans un premier temps, je conseille par exemple une chemise tachée et un foulard déchiré qui peut lui faire une poche. Ensuite, pourquoi pas rassembler les chutes de tissus qui viendront de ça, et faire d’autres créations ».

En dehors de nos placards, les brocantes et fripes sont un bon plan pour s’approvisionner sans gâcher des textiles neufs. L’appli Unique, qui recense tous les events liés à la seconde main, est nickel pour ne rien rater. Il y a aussi le site Brocabrac qui indique les brocantes partout en France. Et pour les fans du zéro déchet, think big : pourquoi se limiter aux vêtements quand on peut récupérer nappes, chiffons et torchons ? Si c’est textile, c’est upcyclable.

 

 

Trouver le matos

 

Si on se met à la couture for real, c’est mieux de s’acheter une machine pour plus d’efficacité (bonus : TikTok a rendu ça si cool). Comme l’explique Marie, « C’est compliqué sans machine : j’avais vu sur Instagram des personnes qui essayaient de faire des chouchous sans machine, et ça tenait mal. Quitte à faire de l’upcycling, c’est plus cool de faire des pièces qui vont durer, et le souci de faire à la main - à moins que ca soit ton métier - c’est que les pièces sont plus fragiles… ça risque de terminer à la poubelle derrière ».

Pas besoin de mettre 300 € dans du matos quand on débute. Les machines vintage et bon marché sont déjà top : « J’ai commencé avec la machine de mon arrière grand mère et j’ai passé 3/4 ans dessus. Il faut juste une machine de base, sur le Bon Coin et Ebay tu peux trouver vite. Il y a eu une super collab’ entre Pfaff et Liddle, la machine était à 50 € et elle était parfaite ». Donc on ne pète pas son PEL, ça peut rester entre 50 et 100 €. Et si on prend en seconde main, on ne zappe pas de tester la machine avant.

 

 

On y va mollo

 

Le conseil ultime de Marie pour l’upcycling : commencer simple. « Ça paraît tout bête, mais le premier trucs qu’on nous demandait en prépa mode c’était juste de faire des exercices : des lignes droites, des lignes en zig zag, des arrondis… à la suite de ça, tu peux commencer à manipuler des tissus. C’est vraiment une excellente base d’apprendre à utiliser sa machine à coudre, pour ensuite commencer les projets ».

 

Graduellement, « on peut tester des chouchous, faire des écharpes simples, des coussins avec des zips, changer des boutons, faire ses premiers dessins. Puis on peut commencer à customiser et modifier des vêtements : une chemise avec une nouvelle poche, un petit crop top raccourci, des dos nus... »

Prendre son temps, c’est esquiver le risque du découragement : « S’exercer va faire toute la différence. C’est vraiment important de ne pas se précipiter et se dégoûter avec la machine au départ. Aujourd’hui encore je rencontre des difficultés, même à force de faire de la couture. Et ce qui est difficile avec l’upcycling, c’est le cahier des charges restreint. Tu veux faire telle ou telle chose, mais tu dois composer avec un trou, une tâche… ». Donc on y va chill, et on accepte que les premiers résultats ne seront pas exactement ce qu’on attendait.

 

 

Quand on s’est fait la main

 

Avec ces bases posées, on peut penser à des designs plus complets qui vont nécessiter un patron, aka la représentation d’un vêtement de face et de dos -souvent en papier- qui va aider à visualiser comment on doit tailler le textile. Si vous manquez d’inspi pour dessiner votre propre patron selon ce que vous avez à upcycler, il y en a plein de gratuits en ligne. On vous conseille aussi la chaîne Youtube d’Eve-Nora. Quand on achète un patron, Marie recommande de faire attention au niveau indiqué, histoire d’éviter un level “expert” pour votre premier test.

Comme d’hab, on commence simple avec des jupes, des T-shirts, des blouses… On évite les manteaux ou les pantalons au début. Et on ne pète pas un câble sur les détails : « On fait trop attention aux finitions quand on démarre, et c’est bien mais ce n’est pas la priorité pour les débutant·es. Le top du top, qui est proposé sur la plupart des machines à coudre, c’est de faire un point zigzag avant de faire ton revers. Ça permet de finir le tissu avant le revers, puis on fait une surpiqure toute simple ».

 

 

Nourrir son univers

 

L’upcycling, c’est aussi - surtout ? - une affaire d’esthétique. Pour booster notre inspi et se remplir le crâne d’idées stylées, on kiffe faire un tour sur le compte de Marie. De son côté, elle recommande les tutos sur TikTok et les idées infinies de Pinterest.

 

On valide aussi la chaîne Youtube de Maison Cee, les tutos easy de Rubi Pigeon et la créativité de Rosa Bonheur. Et surtout, on ne zappe pas que les réseaux glamourisent le process : « Quand on voit une vidéo sur les réseaux, quel que soit le niveau, on a l’impression que c’est rapide, mais en réalité l’upcycling c’est un temps de malade ! Aussi, si on veut se lancer dans les vidéos - ce qui est génial - le montage est long. Il faut prendre ça en compte aussi. C’est des contraintes, mais ça pousse vachement la créativité ».


Claire Roussel