Le goal de la mode circulaire est d’utiliser le moins de ressources possibles en combinant production durable et réutilisation infinie (dans l’idéal). Utile comme concept, car quand on consulte le rapport du GIEC on sait que la planète a besoin de chiller un peu. Pour ça, plein de méthodes sont possibles : upcycling, downcycling - quand vous transformez votre T shirt de collège en chiffon -, recyclage, seconde main et vintage, conception de matières complètement biodégradables… C’est sympa, parce que ça veut dire que la mode circulaire se retrouve chez plein de business et s’adapte à tous les portefeuilles, des friperies à la Haute Couture.

 

Histoire de coordonner ces entreprises aux méthodes très variées, la Fédération de la Mode Circulaire vient de voir le jour. E-shops vintage, expert·es développement durable de Kering (2ème plus grands groupe de luxe français), créateur·ices d’upcycling…

Ces profils diversifiés œuvrent à un but commun : défendre la mode circulaire, s’entraider entre small business et grosses marques, et faire bouger l’industrie à grande échelle. Camille (également fondatrice du marketplace vintage CrushON), nous raconte les obstacles qui se dressent face à la mode circulaire, et quelles sont les solutions technologiques et politiques pour faire avancer le schmilblick.

 

 

Entre tech et slow production

 

« L’utopie de la mode circulaire, ça serait de ne réutiliser que la matière qui existe déjà, donc ne pas du tout réaliser de déchets et faire une boucle fermée de production, de consommation et de reproduction ». Vous vous en doutez, c’est pas demain matin qu’on aura atteint ça.

 

On entend souvent qu’en France, les technologies de recyclage nous sauvent du gâchis textile. Mais recycler nos fringues est une vraie galère, et les pouvoirs publics aiment bien insister sur cette solution sans mentionner que la majorité des vêtements jetés par les Français·es ne sont pas transformés mais envoyés dans des containers aux pays des Suds qui doivent gérer ces déchets à notre place #colonialismemodernebonjour. La priorité donc : réduire drastiquement notre production de vêtements, pour ensuite avoir les moyens de recycler for real.

En parallèle, Camille nous indique que des chercheur·euses bossent à fond et testent comment recycler des matières mixtes (20% coton-80% polyester ou 50% lin-50% viscose par exemple), qui composent la majorité des fringues vendues de nos jours.

 

Et si vous voulez apporter votre petite pierre à l’édifice : « La traçabilité est hyper importante pour la circularité, parce que ça permet de comprendre d’où vient le vêtement et de quoi il est fait. Et souvent, on coupe les étiquettes de nos vêtements parce qu’elles nous grattent, mais du coup on ne sait pas de quoi ils sont faits et ce n’est plus possible de les recycler ». Donc laissons nos étiquettes tranquilles, ça épargnera une migraine aux scientifiques.

 

 

Circularité, capitalisme et politique

 

La vraie circularité s’oppose à la surproduction, donc difficile de s’implanter : « C’est très compliqué dans une économie qui est hyper linéaire, où on a vraiment appris à produire au maximum pour optimiser le revenu et sans forcément penser à l’après. La circularité c’est un changement de paradigme, où tout ce qui est produit doit être réfléchi ensuite pour être réutilisé. »

Pour calmer ces circonstances économiques hostiles, Camille voit une solution : « Il faut aussi un accompagnement qui vienne de plus haut. C’est aussi pour ça qu’on s’est rassemblé·es : pour faire porter notre voix auprès du gouvernement établi. Ça passe par des mesures qu’on souhaite porter comme la TVA circulaire (qui serait une TVA réduite sur les vêtements revendus), par des incitatifs économiques pour la circularité, des aides et des subventions… ». Il y a une multitude d’actions à mettre en place pour booster la mode circulaire, au niveau des consommateur·ices, des business et surtout de l'État.

 

On croise donc les doigts, on touche du bois, on lance du sel et on invoque toutes les entités divines in the book pour que les oreilles du gouvernement soient bien débouchées quand elles entendront la voix de la Fédération. Et en attendant, vous pouvez suivre ses actualités ici.

 

Claire Roussel