Ceux qui se cherchent

 

Pour son premier confinement, Utsa, 19 ans, a choisi l’option #confinéechezmamie. Engagée dans une relation monoamoureuse avec son copain depuis quatre ans, ils tenaient le coup grâce aux visios. À la fin du confinement, elle a rencontré B., un polyamoureux. Ils ont échangé sur leur vision des relations et la conclusion était claire : elle aussi est polyamoureuse. « Mon copain pouvait envisager une relation libre mais il n’acceptait pas que je puisse avoir des sentiments pour quelqu’un d’autre. Alors on a rompu. »

Elle se lance dans une relation avec B., rencontre C., commence à développer des sentiments et voilà que le #confifileretour vient plomber l’ambiance. « J’étais dans une transition importante de ma vie et le confinement m’empêche d’explorer cette partie de moi, de rencontrer des polyamoureux pour mieux le comprendre. C’est frustrant, je suis en manque d’information. »

 

Si comme Utsa, vous vous posez 1000 questions sur le polyamour et vous sentez complètement perdu·e, on vous conseille les comptes Insta Cookie Kalkair, Tes poly et Concrètement moi pour en apprendre plus et éviter les clichés.



Ceux qui se trouvent

 

Gwell a 38 ans, trois enfants et cinq « amireux » qu’elle voit plus ou moins souvent. Avant que le monde ne parte en vrille, elle gérait ses relations grâce à son planning : « Ma mère gardait les enfants du mercredi matin au jeudi soir et j’en profitais pour voir mes amants. » Sauf que la suite, on la connait : Covid, confinement, monde sur pause. Parmi ses relations, il y avait D. Il n’est pas polyamoureux mais acceptait son mode de vie. À l’annonce du confinement, il lui propose de l’aider avec les enfants et décide de se confiner chez elle. « Ça s’est super bien passé. On était tout l’un pour l’autre. Sauf que je parlais quotidiennement à mes autres relations et D. a commencé à être jaloux. On a fini par se séparer mais l’idée de le perdre était impossible, j’étais trop accro. »

Alors elle lui propose une relation exclusive et quitte ses partenaires. « Après quelques semaines, ça n’allait plus. J’avais perdu l’équilibre que m’apportait le polyamour et on se rendait malheureux. On a décidé de reprendre comme au début et j’ai rencontré de nouvelles personnes. » Aujourd’hui, Gwell est confinée avec E. la semaine, voit D. de temps en temps le week-end et entretient des relations virtuelles avec trois amireux. « Ces confinements ont complètement changé ma vision du polyamour. Le premier m’a fait ré-envisager l’exclusivité, le deuxième m’a confirmé que je trouvais mon bonheur dans différentes relations. »

 

Morale de l’histoire : qu'on ait 20, 38 ou 62 ans, notre vision de l’amour peut changer et c’est totalement ok. L'important est d'explorer ses envies et trouver son équilibre (en étant 100% transparent·e avec ses partenaires, of course).



Ceux qui ne choisissent pas

 

Kelvin n’aime pas ce qui est programmé. Alors quand l’heure du confinement a sonné, il était impensable de choisir une seule personne. Grâce à son travail, il peut se déplacer dans toute la France (plutôt pratique pour rejoindre ses partenaires). L’attestation est rédigée, le sac est prêt, et maintenant, la grande question : qui retrouver ? Exit le planning bien organisé, le trentenaire se fie uniquement à son envie du moment. « Il n’y en a pas une que j’ai plus envie de voir que l’autre. Je fais tout au feeling parce qu’elles m’apportent toutes quelque chose de différent. » M., son côté scientifique et sa vision enfantine, N., son penchant artistique et sa sensibilité, L., sa douceur et son intensité, S., sa maturité et son ouverture d’esprit...

« Chaque relation est unique et possède son univers, son intensité et ses règles. C’est le principe du 1 et 1 font 3 : quand deux personnes se rencontrent, ce sont deux mondes qui s’entrechoquent et qui en créent un nouveau à partir de leurs affinités, leurs intérêts communs, leurs délires… Et j’aime chacun de ces univers. Je ne peux pas en choisir un. »

 

À toutes les Vierge et aux maniaques de l’organisation, inspirez-vous de Kelvin. Son choix de ne pas faire de choix lui a permis de passer ces confinements sans pression. Laissez-vous guider par votre instinct et lâchez prise, on vous assure, c’est des nœuds en moins dans le cerveau.


 

Agathe Renac