La Covid comme cadeau d’anniversaire avec Louise, 22 ans

 

« J’ai appris que j’avais la Covid le 3 octobre, le jour de mon anniversaire ! Je me réveille, je reçois les résultats, je suis positive, j’ai le seum. J’habite en Picardie et j’avais prévu une journée avec mes potes à Paris : petit brunch dans un resto ultra sympa, balade (en plus, il faisait beau) puis soirée. Au final, je suis restée chez moi comme une miskine.

 

Je l’ai chopé à une soirée, chez moi. Mon frère avait organisé une petite fête avec ses potes et on était sept. C’est un peu la honte mais on a fait le concours du cri le plus énervant et on se passait le micro comme des débiles. Je pense que c’est comme ça qu’on se l’est refilé. Sur les sept présents, cinq sont tombés malades. En plus, j’ai même pas gagné le concours. Vraiment un échec jusqu’au bout !

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Quelques jours plus tard mon frère se sentait hyper mal, il avait de la fièvre. Moi, j’avais rien, mais j’ai quand même fait le test au cas où. Le lendemain, j’ai commencé à me sentir bizarre. J’avais la tête dans le flou, comme si j’étais dans un brouillard intellectuel. J’avais le nez bouché et un peu mal à la gorge mais je n’ai jamais eu de fièvre. Je n’avais pas peur de la Covid parce que je ne suis pas une personne à risque. Quand j’ai reçu les résultats positifs, je n’y croyais pas. Je n’avais quasiment pas de symptômes ! Je prenais ma température h24 et je n’ai jamais dépassé les 37. Ce qui était relou, c’était la perte de goût. Je n’ai rien senti pendant un mois et demi. Je me souviens, un matin, je prends du jus d’orange, je commence à boire et là : rien. Aucun goût. Je me suis dit « merde ». Pendant deux semaines, tous les jours, je prenais la bouteille de rhum et je la sentais pour voir si c’était revenu. Toujours rien. Un jour, j’ai même bu un shot mais je n’ai absolument rien senti. J’avais juste cette sensation de brûlure dans la gorge. Le premier plat que j’ai vraiment senti, c’était un curry de pois-chiche au lait de coco que j’avais fait moi-même. C’était incroyable.

 

Je me suis confinée avec mon frère et sa copine chez mon père. On faisait gaffe, il ne prenait pas les repas avec nous et on évitait de rester dans les mêmes pièces. Heureusement, il ne l’a pas attrapé. La maladie n’a pas trop changé mon quotidien. J’étais en stage en télétravail donc je bossais et le week-end on jouait au Monopoly, je regardais des séries… Heureusement, je n’étais pas seule. Sinon, je pense que ça aurait été difficile. La maladie n’a pas trop eu d’impact sur mon moral mais le confinement et le couvre-feu, si. C’est chiant, c’est long. J’ai l’impression qu’on passe à côté de notre jeunesse. »



Une maladie sans symptôme et sans fin avec Océane, 22 ans

 

« Je suis externe en médecine à Reims, en quatrième année. Un week-end, alors que j’étais chez mes parents, j’ai eu super mal à la tête. J’avais le nez qui coulait, un peu de ganglions mais pas mal à la gorge ni de fièvre. C’est comme si j’avais un petit rhume. Je travaille aux urgences donc dans le doute, j’ai préféré faire un test même si j’étais persuadée qu’il allait ressortir négatif. Quand j’ai vu qu’il était positif, je ne m’y attendais pas du tout et j’étais super stressée. J’avais vu mes grands-parents pour l’anniversaire de ma grand-mère, j’avais passé du temps avec mes parents et avec mon frère qui est à risque (il n’a plus de rate). En fait, j’ai surtout eu peur pour les autres. Moi, ça allait, j’étais asymptomatique, au bout de deux jours je n’avais plus rien.

 

Je vis en coloc mais j’ai préféré rester chez mes parents pour éviter de contaminer encore plus de monde. Heureusement, eux, ils étaient négatifs. Mes journées de Covidée c’était : bosser et regarder des séries dans ma chambre. Je mangeais avec mon père et ma mère mais je restais tout au bout de la table avec un masque que je retirais à chaque bouchée. Honnêtement, je ne l’ai pas trop mal vécu parce que je n’étais pas malade. Dans le doute, je me suis isolée pendant dix jours. Après, ça m’a fait un petit coup au moral parce que je me demandais : « Pourquoi moi ? ». J’avais fait vachement attention et j’étais dégoutée de l’avoir chopé.


Le problème, c’est que ça a un peu mis la pagaille dans mon travail. Je l’ai attrapé le 6 octobre, la dernière semaine de mon stage aux urgences. Ensuite, les cours ont repris et je devais trouver un autre stage fin novembre. Ils demandaient un test Covid négatif et j’étais persuadée que je l’étais. Sauf que j’étais positive. Sept semaines après ! J’ai eu le résultat deux jours avant le début de mon stage et c’était foutu parce que je devais le faire dans le service spécialisé dans le cancer des enfants. Ils m’ont dit que c’était impossible de me prendre parce que ce sont des personnes très fragiles. J’ai été transférée dans un autre service pendant une semaine avant d’être re-testée et cette fois j’étais négative ! J’ai pu faire mon stage mais ils m’ont demandé de ne jamais retirer le masque et de manger seule, au cas où. Au final, mes symptômes ont duré deux jours mais j’étais positive pendant huit semaines. Mais bonne (et étonnante) nouvelle : je n’ai contaminé personne ! »



La prise de conscience avec Clémentine, 19 ans

 

« J’ai eu la Covid en septembre. Je me suis réveillée un lendemain de soirée et je ne me sentais pas très bien. C’était comme une gueule de bois qui dure trop longtemps et un peu trop forte pour ce que j’avais bu. En fin de journée, un pote m’a appelée et m’a dit qu’il avait probablement chopé le virus. Je suis directement allée voir mon médecin qui m’a conseillé de faire un test. J’ai attendu dans la queue pendant trois heures comme une andouille pour deux minutes de coton tige dans le nez ! Sans surprise, j’étais positive. Ça m’a stressée parce que j’ai des pathologies pas ouf : une fissure entre l’enveloppe du crâne et le crâne (et je suis donc très sujet à avoir une méningite) et une hypertrophie cardiovasculaire. J’avais peur que la maladie entraîne des complications. Bon, forcément, quand mes parents l’ont appris je me suis faite engueuler. J’appelais ma mère tous les jours pour faire un point sur mon état de santé et ma fièvre.

 

Au final, j’ai été malade pendant une semaine : forte fièvre, fatigue, courbatures et perte du goût et de l’odorat. Le pire, c’était clairement la perte de goût ! Pendant plus d’une semaine, je ne sentais rien. Je mangeais des pâtes à l’eau parce que je me disais que ça ne servait à rien de cuisiner autre chose. J’étais confinée pendant quinze jours toute seule dans mon appart. Au départ, c’était dur. Ne pas pouvoir prendre l’air, ne voir personne… J’ai cru devenir folle. Au bout du cinquième jour, il y a eu un déclic dans ma tête et j’ai réalisé que ce n’était pas si terrible que ça, d’être seule. C’est une habitude que j’ai gardée sur le long terme. Maintenant, je vois très peu de potes et les cours en distanciel m’enferment encore plus. J’aime bien sortir

pour m’aérer mais j’aime bien la solitude !

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Le fait d’avoir eu la Covid m’a fait relativiser sur la maladie. Si je l’avais eue pendant le premier confinement j’aurais complètement paniqué. On voyait tourner un maximum d’informations sur le nombre de morts, de personnes en réanimation, etc., et ça me faisait vachement flipper. Au final, je l’ai vécu, et c’était pas si terrible que ça. Par contre, ça a changé mes habitudes. Avant de l’attraper, je ne faisais pas extrêmement attention. Je mettais mon masque mais je ne respectais pas les distances en petit comité, je ne me désinfectais pas tout le temps les mains… Maintenant, quand une personne vient chez moi, je désinfecte tout mon appartement après son passage. Je ne sors plus sans désinfectant pour les mains, je change très régulièrement mon masque… En fait, ça a renforcé mon côté maniaque ! C’était un peu chiant de l’attraper et de m’isoler pendant deux semaines. Je préfère faire très attention pour protéger mes proches et ne rien leur transmettre. »



La peur d’une grossesse compliquée avec Hélène, 29 ans

 

« L’annonce du premier confinement était le 16 mars et je suis tombée malade le 20. C’était super tôt par rapport à la chronologie de la pandémie ! C’est pas très malin mais on avait fait une petite soirée pré-confinement avec des amis pour regarder le discours d’Emmanuel Macron. Quelques jours après, j’ai eu un petit rhume et une grosse, grosse fatigue. J’étais enceinte de sept mois donc j’ai mis tout ça sur le compte de la grossesse. Puis j’ai perdu le goût et l’odorat. Je pouvais manger une cuillère de moutarde sans savoir si c’était salé, sucré, amer…Certains goûts ont mis plus d’un mois et demi à revenir. Je pensais que c’était un petit rhume mais en voyant tous ces symptômes j’ai préféré faire un test. À ce moment, il y en avait très peu mais j’étais enceinte et donc prioritaire. Quand j’ai su que j’avais la Covid, je me suis dit que ce n’était pas si terrible que prévu car je n’avais pas de toux ou de fièvre. Mais je me suis renseignée et j’ai vu que les problèmes graves pouvaient apparaitre au bout de quatre, cinq jours. Ça m’a inquiétée.

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Je suis une maman célibataire donc j’étais confinée seule, avec mon chien. Ma mère venait régulièrement me déposer les courses pour que je ne manque de rien. Je passais mon temps à dormir – jusqu’à 20 heures par jour. La fatigue m’a miné le moral. J’étais déprimée et mal physiquement. J’avais peur pour mon bébé, peur qu’il y ait des complications comme une grosse fièvre ou des difficultés respiratoires. Il y avait encore beaucoup d’incertitudes autour du virus donc j’étais toujours en train de guetter son évolution. J’avais aucun loisir à part cuisiner mais je ne sentais absolument rien donc c’était fade et triste. En plus, je suis cuisinière donc j’ai vraiment eu peur pour mes sens.

 

On a tendance à minimiser les symptômes quand on n’a pas de forme grave et qu’on ne va pas à l’hôpital mais chaque corps réagit différemment. Avoir la Covid m’a fait changer ma façon de voir la maladie. J’ai réalisé qu’on n’est pas égaux face à elle et on ne peut pas imaginer les symptômes qu’on va développer. Je suis jeune et en forme mais j’avais quand même une grosse grosse fatigue ! Après, rien n’a changé dans ma manière de vivre ou d’être. J’ai fait de la recherche en biologie donc les virus, la maladie et le système immunitaire, ça me parle ! Je ne suis pas dans ce délire de tout nettoyer, même avec mon fils. Au contraire, son système immunitaire doit être confronté à plein de bactéries, il ne doit pas vivre dans un milieu aseptisé ! »

 

Agathe Renac