D’où vient cette expression claquée au sol ?

 

D’une société qui aime punir les femmes et les contrôler depuis des centaines d’années. Dans la Bible, il est dit qu’Eve “enfantera dans la douleur” en guise de punition pour avoir cueilli la pomme. Mais Eve aura aussi ses règles dans la douleur et vivra son premier rapport sexuel dans la douleur. Pour être une femme, “une vraie”, il faut donc souffrir.

Alors qu’avec les avancées de la médecine, les règles ne devraient plus être douloureuses depuis longtemps, et on sait maintenant qu’une première fois ne doit pas faire mal si on prend le temps de préparer son corps avec son/sa partenaire. L’hymen n’est pas un opercule à percer, c’est une membrane qui peut s’écarter, s’agrandir, évoluer pour laisser passer un pénis, des doigts ou des objets. Donc : besoin de souffrir pour être une femme ? Certainement pas.

 

Ensuite, autre problème de taille : le fait que notre société patriarcale cherche constamment à rappeler la supériorité de l’homme sur la femme (lol). Par l’esthétique aussi ? Oui, en imposant aux femmes des normes de beauté qui correspondent à des marques de faiblesse, comme l’illustre très bien cette BD : une extrême maigreur, des talons qui empêchent de courire (et de s’enfuir), une dépilosité caractéristique de l’enfance, un sourire h24 pour signifier qu’on ne constitue aucun danger…

Et quand on souffre aussi bien sûr, nos capacités physiques sont amoindries et on est perçues comme faibles (teste l’accouchement sans péridurale et on en reparle Monsieur Je-me-suis-coupé-avec-une-enveloppe-je-vais-mourir).

 

 

La beauté n’est pas ce que l'on croit

 

Pour se défaire de ce schéma réducteur, il faut comprendre que notre vision de la beauté n’a rien d’une vérité générale, c’est une construction culturelle et sociale. Quand vous trouvez que des jambes affinées par des talons hauts sont synonyme de canonitude, tapez donc “Vénus paléolithique” dans Google Image et vous verrez qu’on n’a pas toujours pensé la même chose.

La beauté n’est pas appréhendée par vos yeux mais par votre cerveau et tout le bullshit sexiste auquel il a été exposé depuis la naissance. On trouve qu’un nez fin est joli parce qu’on nous a dit qu’un nez était joli, ou que les bourrelets sont cheum parce qu’on nous a rabâché que les bourrelets étaient cheum, pas parce que c'est "vrai". Donc arrêtons de penser notre corps en étapes de régime et de rêver toutes les nuits d’une rhinoplastie.

 

On le voit avec les avancées du féminisme et du body positivisme : on peut être belle avec des poils, sans make up, avec des rides et des vergetures ou sans soutif. Et puis surtout, ce qui rend beau ou belle c’est d’abord le bien être et le bonheur qui se lisent sur notre visage, aka le contraire total de la souffrance (!).

Et même encore au-delà de ça : est-ce que notre beauté devrait être plus importante que notre humour, notre sagesse, notre générosité, notre patience, notre amitié ou le fait qu’on mettrait tout le monde à l’amende sur un blind test spécial Michel Delpech ? On vous laisse répondre à cette question.

 

 

Petit précis de répartie anti dicton à la con

 

Vous avez remarqué comme cette expression sort aussi facilement qu’un “En avril ne te découvre pas d’un fil” si on se plaint d’un rhume au printemps, ou qu’un “Mariage pluvieux, mariage heureux” si on se marie sous l’orage ? C’est devenu une réponse automatique, irréfléchie, alors même qu’elle a des conséquences graves sur les petites filles et les femmes. Pour réveiller la conscience de la personne qui la prononce (et pourquoi pas ouvrir le débat), on vous file ici une liste de réponses qui feront leur petit effet.

Ah bon, tu trouves que la douleur rend belle toi ?

Et pour être beau, il faut faire quoi ?

Pas faux ! Du coup tu pourrais me mettre un coup de poing dans l’estomac steuplé ?

T’as raison, on ne souffre pas déjà assez du sexisme

Va dire ça aux femmes victimes de violences conjugales

 

Et si on vous rétorque que “Non mais c’est une expression hein”, n’hésitez pas à faire circuler cet article ;).