Être blanc·he est un privilège : VRAI

 

Le privilège blanc ne signifie pas que votre vie n’a pas été difficile, ça signifie que votre couleur de peau ne fait pas partie des choses qui l’ont rendue ou la rendent difficile. Par exemple : on ne va pas vous refuser un logement sous prétexte que vous êtes blanc·he, votre CV ne sera pas mis en bas de la pile sous prétexte que vous êtes blanc·he, les forces de l’ordre ne vont pas systématiquement contrôler votre identité pour la seule raison que vous êtes blanc·he. Vous n’avez pas la charge mentale de penser constamment à votre couleur de peau, contrairement aux personnes noires qui doivent, entre autres, faire des recherches sur les pays racistes à éviter avant de partir en voyage.



Il existe d’autres privilèges, comme le fait d’être un homme (à travail égal une femme gagne moins qu’un homme, aura moins accès à des postes de direction, elle sera davantage victime de violences sexistes et sexuelles…), mais aussi le fait d’être valide, c’est à dire non porteur·se d’un handicap visible ou invisible (pas d’accès aux métros ou aux lieux de nuit pour les personnes à mobilité réduite, système d’éducation inadapté aux personnes autistes…), ou encore d’être hétérosexuel·le (les personnes homosexuelles sont victimes de harcèlement et violences homophobes, n’ont pas d’accès à l’adoption...).

 

Être privilégié·e n’est pas une insulte, c’est une chance. Il faut le comprendre et l’accepter pour prendre conscience des inégalités et se battre aux côtés des personnes non-privilégiées.

Pour aller plus loin : on écoute la session n°27 du podcast Kiffe ta race titré “Check tes privilèges blancs” et on fait le test de Buzzfeed “À quel point êtes-vous privilégié·e ?

 

 

Le racisme c’est la haine de l’autre : FAUX

 

Quand on dit à une personne qu’elle a des propos racistes, elle se défend immédiatement en disant qu’elle “n’a aucune haine” envers les personnes racisées. Sauf que : la haine raciale consciente est une partie seulement du racisme. Pour citer l’auteur et poète afro-américain Scott Woods : “le racisme est un système complexe de leviers sociaux et politiques mis en place il y a plusieurs générations, qui continue aujourd’hui à fonctionner au profit des personnes blanches et aux dépens des autres, que les blanc·he·s le sachent ou non, que ça leur plaise ou non”.

Le racisme, c'est aussi la discrimination à l’embauche, la remise en question de la nationalité avec la question “T’es de quelle origine ?”, c’est l’exotisation et la fétichisation avec des mains passées dans des cheveux crépus sans consentement ou des phrases soit-disant de séduction du genre “J’ai jamais couché avec une noire” qui renvoient au colonialisme, quand les personnes noires étaient parquées dans des zoos humains ou exploitées en tant qu’esclaves, sexuelles ou non. Même chose au passage avec le mot "beurette", en top recherche des sites pornos.

Le racisme ordinaire, c’est aussi les “blagues” racontées avec un accent “africain”, “arabe” ou “créole”. Dans un contexte de domination (des personnes blanches sur les personnes noires, refaire l'accent marseillais n'est pas du racisme par exemple), ces accents sont des caricatures humiliantes, et donc une forme de racisme.

Alors si un jour on vous dit que vos propos sont racistes, ne vous offusquez pas, ne vous défendez pas, prenez le temps d’écouter la personne en face et de comprendre pourquoi. En tant que personne blanche, partez du principe qu’en ayant grandi dans un système raciste, vous l’êtes aussi même malgré vous. C’est en partant de ce principe là que vous pourrez vous extraire du système et vous inscrire activement dans la lutte anti-raciste.

 

Pour aller plus loin : les dessins humoristiques de @livioetlaviemoderne

 

 

Le racisme anti-blanc, ça existe : FAUX

 

Pour reprendre notre comparaison en intro, parler de racisme anti-blanc c’est comme parler de sexisme anti-homme : ça n’a pas de sens. Le sociologue Eric Fassin l’explique dans une interview pour France Culture :

 

Dire que traiter de “sale blanc” ou traiter de “sale noir“ c’est la même chose, c’est faire comme si, quand on disait “sale blanc”, ça résonnait avec toute une histoire, avec toute une expérience sociale ordinaire et avec tous les discours politiques. Je n’entends pas de discours politique anti-blanc, je ne vois pas de discrimination à l’embauche ou au logement pour les blancs, je ne vois pas de contrôle au faciès pour les blancs.

Être minoritaire n’est pas seulement une question statistique, c’est des rapports de pouvoir. Même si je suis dans un quartier où je suis le seul blanc, ça ne veut pas dire que je vis en dehors de la société, or je vis dans une société où, si je regarde par exemple la liste des Présidents de la République ou les visages des Ministres, et bien je n’ai pas l’impression que les blancs soient aujourd’hui une minorité.

 

Si on est insulté·e ou exclu·e d’un endroit sous prétexte qu’on est blanc·he, c’est une forme de rejet, de colère, de discrimination, mais ce n’est pas du racisme, parce que ça ne rentre pas dans un système de discrimination perpétuel et généralisé. Et surtout, c’est anecdotique par rapport aux discriminations que vivent chaque jour et depuis des centaines d’années les personnes racisées. Objectif : ne pas ramener le débat à soi quand on est blanc·he.

Pour aller plus loin : mater un extrait (en anglais) du spectacle d’Aamer Rahman sur le racisme inversé (= racisme anti-blanc).

 

 

Reconnaître les différences entre les couleurs, c'est du racisme : FAUX

 

Bien sûr que la vie serait formidable si on était toutes et tous “des êtres humains”, si nos différences physiques n’étaient pas synonymes de différences de traitement, si l’égalité était universelle. Mais ce n’est malheureusement pas le cas. Et refuser de reconnaître qu’il y a des personnes noires, arabes, asiatiques, c’est refuser de voir les inégalités dont elles sont victimes. C’est nier le racisme. Car même si vous ne reconnaissez pas les couleurs, la société, elle, les voit et les discrimine.

Illustration : @mimimoffie

 

 

Quand un média rapporte qu’une personne noire a été victime de violences policières, c’est important de préciser qu’elle est noire car c’est la raison même des violences qu’elle a subi, c’est une dénonciation du racisme, et la dénonciation est un premier pas vers la condamnation. Si on ne reconnaît pas le problème, on ne peut pas lui trouver de solution.

 

Pour aller plus loin :6 choses que votre ami Colorblind pourrait vous dire et comment y répondre” traduit par @sansblancderien

 

 

Les violences policières sont aussi un problème français : VRAI

 

Toute la prise de parole sur les violences policières dirigées contre les personnes racisées a refait surface ces dernières semaines suite au meurtre de George Floyd aux Etats-Unis, mais le combat a malheureusement toujours existé en France. En 2017, une grande enquête de SreetPress recense 47 décès liés aux violences policières en France sur les 10 dernières années. Ça fait presque 5 personnes tuées par an pendant 10 ans, et aucun·e des fonctionnaires mis·es en cause n’est ou n'a été en prison.

 

Illustration : Delta Enduring Tarot

 

 

Parmi les affaires les plus médiatisées : celle d’Adama Traoré, mort à 24 ans des suites de son arrestation en 2016. Le 2 juin, sa sœur Assa et des dizaines de milliers de personnes ont manifesté devant le Tribunal judiciaire de Paris pour que justice soit faite. Le problème n’est pas étasunien, il est mondial, il est réel partout, en France aussi.

 

Et on s’en rend compte quand on écoute le podcast “Gardiens de la paix” d’Arte, un témoignage d’un policier noir qui a découvert un groupe WhatsApp de conversations racistes entre ses collègues. Attention, les propos sont très très très violents, envers les personnes racisées mais aussi envers les femmes et les personnes politisées à gauche. Vous n’êtes pas obligé·e·s de l’écouter pour soutenir la cause, mais vous le pouvez si vous pensez que ça alimentera votre motivation à lutter contre le racisme et toute forme de discrimination.

 

Pour aller plus loin : voir et revoir le film Les Misérables réalisé par Ladj Ly.