Les thérapies de conversion, c’est quoi concrètement ?

 

Elles peuvent prendre de nombreuses formes, mais on les range globalement dans trois boîtes, explique Benoît Berthe, porte-parole du collectif de rescapé·es de thérapies de conversion « Rien à Guérir ». Les médicales – qui ont lieu chez un psy ou un médecin avec « des électrochocs parfois ou du gavage d’hormones pour les personnes trop efféminées » –, les sociétales – avec des mariages forcés ou des viols correctifs* –, et les religieuses – avec des stages, des groupes de paroles ou encore des exorcismes. En France, les pratiques religieuses seraient les plus répandues, selon Benoît Berthe.
 


Ça concerne beaucoup de monde ?

 

Difficile à dire car, en fonction des pratiques, les victimes ne se rendent pas toujours compte qu’elles subissent une thérapie. Déjà, « le mot thérapie de conversion n’est jamais employé », explique le militant, et ensuite « on est souvent confrontés à des gens ‘bienveillants’ qui n’ont pas une attitude agressive et qui agissent de façon insidieuse ». Un reportage publié par Le Media en juillet montre par exemple comment une psy parisienne qui se disait « LGBT friendly » utilisaient en réalité des méthodes particulières et dangereuses pour « soigner » de l’homosexualité ou de la transidentité.
 

Des pratiques qui ont un vrai impact

 

En plus de ne reposer sur aucun fondement médical ou thérapeutique, ces thérapies peuvent gravement affecter les personnes concernées en les menant à l’isolement, à la dépression et même au suicide. « Cela alimente un sentiment de honte, on se sent sale et cassé et on en vient à renier une partie de nous-même », constate Benoît Berthe. L’objectif de la proposition de loi est donc d’inscrire une nouvelle infraction dans le code pénal pour punir ces pratiques et permettre aux victimes de porter plainte.
 


Comment faire pour s’y opposer ?

 

Que la décision de suivre une thérapie vienne de vos parents, de votre entourage ou de vous-même, le plus important pour Benoît Berthe, c’est de se demander si ça vous permet d’aller mieux. « Il faut vraiment écouter au fond de son cœur, de son corps et de son esprit et si ça ne va pas mieux, c’est une alerte ». Vous pouvez aussi parler à des gens concernés par ces sujets qui vous semblent équilibrés et de confiance, ou bien vous tourner vers des associations de croyant·es inclusives comme David et Jonathan, Devenir Un en Christ, Communion béthanie, Beit Haverim, HM2F, ou plus globalement SOS homophobie, Le refuge, Amnesty International.

 

*une pratique qui consiste à violer une personne homosexuelle pour la « guérir ».


 

Olivia Sorrel-Dejerine