Une plume franche, ancrée dans le réel : Rim Battal

 

Publiés en 2020, les Quatrains de l’All Inclusive nous affalent sur le transat de l’artiste marocaine Rim Battal, dans un hôtel accueillant le tourisme de masse en Sardaigne. Corps allongés, qui traînent de la piscine au buffet, téléphone portable, “Despacito” en fond. Rim Battal écrit : « Ô catin tatouée ! / Ô catin à la peau tannée / toi catin des hôtels / tant désirée / ton cocktail à la main / je me désire en toi ». Bon à savoir : la poétesse monte régulièrement sur scène pour déclamer ses textes et notamment au Bordel de la Poésie, des soirées immersives autour de la poésie contemporaine organisées à Paris.

 

 

Une parole transclasse : Nicolas Mathieu

 

Originaire des Vosges, Nicolas Mathieu traverse les thèmes du déclassement, des boîtes qui ferment, des accents qu’on tâche de perdre et du capital social inégal comme personne.

 

Dans le très remarqué - et prix Goncourt 2018 - Leurs enfants après eux, Nicolas Mathieu nous emmène quatre étés dans une vallée perdue quelque part dans l’Est dans les années 1990. On y suit la jeunesse d’Anthony, 14 ans, loin de la mondialisation, plutôt dans la France de l’entre-deux, des villes moyennes, des zones pavillonnaires et des ZAC bétonnées.

 

 

Un ton intransigeant pour l’amour de soi : Rupi Kaur

 

Cette poétesse canadienne originaire d’Inde nous enveloppe depuis Milk and Honey, son premier recueil publié en 2014 de ses “balles métaphoriques”. Elle explique que son but ultime est de toucher aussi précisément et intensément qu’une balle dans un corps. Morceau choisi du Soleil et ses fleurs : « Je suis le produit de tous les ancêtres qui se rassemblent/ et décident que ces histoires doivent être racontées » (Pocket, 2020)

 

Parmi les thèmes centraux dans les écrits de Rupi Kaur figurent les relations amoureuses, les violences sexuelles, l’amour de soi et le racisme. Ses trois recueils sont traduits en français et son tout dernier ouvrage publié, Healing through words est un guide d’écriture truffé d’exercices - non traduit pour le moment - qu’on vous recommande tout autant.

 

 

Un regard sous le prisme du désir et de la sexualité : Emma Becker

 

Depuis son premier roman, Mr publié en 2011, Emma Becker dépeint l’existence à travers le prisme du sexe et du désir, ultime rempart contre la solitude.

 

Avec quatre autofictions à son actif - dont le très médiatisé La Maison (Flammarion, 2019), dans lequel elle retrace son expérience de prostituée dans un bordel “bourgeois” de Berlin - Becker se dégage de l’aura sulfureuse collée à son personnage d’ “écrivaine de cul” pour mettre en surbrillance les rapports de domination homme-femme. Jouissif.

Manon Merrier-Joly