Stop les généralités

 

Déjà, dans sa tête, le rap c’est misogyne et homophobe. Sauf que c’est quand même un peu léger de limiter tout un genre musical à deux adjectifs. Le rap, c’est hyper varié (le rapport entre un son de Chilla et un morceau de Kaaris please ?). Comme pour la variété française, il y a des chefs d’oeuvre et des grosses daubes, et c’est uniquement à vous de voir ce que vous mettez dans chaque catégorie. Donc dire que le rap, c’est pas pour les meufs, c’est comme dire que le métal c’est pas pour les gens qui ont les cheveux propres : un fucking non-sens.

 

 

Même combat

 

Alors OUI, évidemment que le rap peut véhiculer des messages sexistes et homophobes, mais c’est parce que c’est un miroir de notre société. Il n’est pas à l’origine des violences, il les reflète juste.

Beaucoup de rappeurs viennent de quartiers populaires et sont racisés. Résultat, ils sont discriminés et opprimés par un système patriarcal et raciste et revendiquent un peu la même chose que les féministes : le droit à la parole dans un système qui ne leur est pas favorable. Et même si on n’est pas d’accord sur toute la ligne, ça nous fait un sacré point commun.

 

Mais comme la plupart d’entre eux ne sont pas blancs, on les accuse de tous les maux. La militante féministe afro-américaine Bell Hooks explique très bien le problème : on accuse tout le temps les hommes noirs de produire de la violence, du coup ils se font tomber dessus dès qu’ils ont une parole déplacée, un clip misogyne etc.

En revanche, on fout la paix aux hommes blancs. Du coup, les gens font le lien entre homme sexiste et homme non-blanc, alors que le sexisme est présent dans toutes les couches de la société, chez toutes les groupes sociaux, religieux ou culturels. C’est même l’un des concept qui met le plus de monde d’accord #fatigue.

 

 

Tranquille Michel ?

 

D’ailleurs si on écoute bien, les autres genres musicaux sont loin d’être en reste : Tom Jones, les Beatles, les Rolling Stones, Bob Dylan, Guns and Roses… tous ces musiciens ont a un moment cédé aux sirènes de la parole sexiste. Vous vous rappelez de “Blurred Lines” de Robin Thicke et son “I know you want it” (“Je sais que t’en as envie” en français) ? Est-ce qu’on vous a déjà reproché de danser là-dessus ? Nope.

Et si on se penche un peu plus dans le monde merveilleux de la chanson française, c’est carrément pas glorieux. Michel Delpech, Marc Lavoine, Michel Sardou (pour ne citer qu’eux) font passer leur paternalisme et leur sexisme pour un amour enflammé des femmes #poésiemyass. Par exemple, dans “Les villes de solitude” (1973), Michel Sardou chante “J’ai envie de violer des femmes, de les forcer à m’admirer, envie de boire leurs larmes et de disparaître en fumée”. Classe, bravo Michel.

 

 

Kikou le mépris de classe

 

Du coup, ok, tous les rappeurs ne sont pas forcément des exemples en terme de féminisme, mais ils sont loin d’être les seuls à chanter des trucs sexistes. C’est toute la société qui est profondément sexiste. Et comme on n’a pas prévu d’arrêter d’écouter de la musique, on ne va pas se couper du genre musical le plus streamé et le plus vendu en France tout ça parce que des nazes méprisent les codes du rap et de la banlieue

Et les meufs dans tout ça ?

 

Ben ouais on zapperait pas la moitié du rap game là ? Shay, Chilla, Lil Kim, Azealia Banks, Meryll, Cardi B, Nicki Minaj, Aly Bass… En plus d’être hyper talentueuses, elles parlent de violences faites aux femmes, de sexualité, de clito, de leurs vies de meufs… le contraire du sexisme en fait. Comme le rappelle la journaliste spécialiste du rap Eloïse Bouton, ça a même un nom : le hip hop feminism. Donc dire que le rap est sexiste, c’est nier leur existence et leur influence et ça, c’est carrément sexiste. On ne peut pas faire plus clair.