Pourquoi c'est important d'aimer la pop music au premier degré
Respect
Que celle ou celui qui n'a jamais eu honte d'écouter Britney, Céline ou Aya au premier degré nous jette le premier pot de paillettes. Souvent décriée pour ses paroles ou ses rythmes, la pop musique est considérée comme simpliste et de mauvais goût. Pourtant, son dénigrement ne relève pas que d'un goût personnel, c'est un mécanisme empreint de classisme, d'homophobie et de sexisme. Décryptage.
Une musique planétaire
La pop naît dans les années 60 dans le monde anglo-saxon. Rapidement devenue phénomène mondial, elle est, comme son nom l’indique, populaire, dans tous les sens du terme : à la fois en nombre de fans, mais aussi en termes de classe sociale puisqu’elle est largement appréciée par les plus modestes.
Madonna, Céline Dion, Cindy Lauper, Whitney Houston… Les personnalités de la pop qui s’imposent à partir des années 80 sont en majorité des femmes, vendues à plusieurs millions d’exemplaires dans le monde. Les pop stars sont nées. D’après un rapport de l’IFPI (Fédération internationale de l'industrie phonographique), en 2018 le genre musical de la pop est le plus écouté dans le monde, devant le rock et l’électro/house.
De nos jours, ce sont de grands noms comme Lady Gaga, Beyoncé ou encore Aya Nakamura qui font tourner l’industrie à plein régime. Pourtant, si ces stars féminines sont unanimement écoutées de manière planétaire - avec un public majoritairement féminin - nombreux·ses sont celles et ceux qui se disent honteux·ses d’écouter ce type de musique.
Le syndrome du guilty pleasure
Qui n’a jamais cherché, pour se conformer à son conjoint / famille / milieu pro / potes de classe, à aimer des musiques dites “légitimes”, souvent indé, et à mettre de côté leur passion pour la pop - ou à l’écouter en cachette ? Nous sommes beaucoup à parler de guilty pleasure, aka de “plaisirs coupables” quand on écoute ce genre de son, comme si l’appréciation de musiques populaires était une faute de goût dont il faudrait avoir honte.
On les surnomme d’ailleurs “commerciales”, sous-entendu que ce seraient des produits uniquement bons pour la vente, et certainement pas pour les true mélomanes #pasunmouton.
C’est un biais ultra commun de notre société actuelle de faire la différence en ce qui serait “de qualité” soit quelque chose labellisé comme culturel, et ce qui est considéré comme cheap. Le problème c’est que ceux qui décident depuis des siècles sont toujours les mêmes, à savoir les mecs blancs, cisgenres et hétéro (pas étonnant). Leurs critères d’appréciation dévaluent en permanence les productions culturelles de celles et ceux qui ne rentrent pas dans leurs normes.
Musical empowerment
Pourtant, la musique pop détient un pouvoir d'émancipation extrêmement fort. Pour beaucoup de personnes LGBTQIA+, la découverte de certaines icônes de la pop a été une porte d’entrée vers le chemin de leur queerness. Via les esthétiques ultra colorées et flamboyantes mais aussi certaines chansons devenues de véritables hymnes, les pops stars abreuvent les femmes et les queers de références ultra empouvoirantes en termes de féminisme et de représentations.
Souvent victimes elles-mêmes de sexisme, de classisme ou de racisme dans leur propre industrie (coucou les médias qui dénigrent en permanence Aya Nakamura), les chanteuses fédèrent autour d'elles de réelles communautés de bienveillance et de soutien. N’ayez plus honte de vouloir passer du Rihanna en soirée, la pop est plus que digne de votre amour au premier degré, et honnêtement, ce sont toujours les meilleurs sons pour s’ambiancer.
Hanneli Victoire