Richard Mèmeteau est un petit blagueur. Le titre de son livre pourrait bien nous faire croire à des constats alarmistes sur la mort de l’amour romantique et l'uberisation du sexe. Mais en fait, c’est tout le contraire : pour lui, rater sa vie amoureuse, c’est rater celle qu’on nous prédit et qu’on nous demande d’avoir. Et selon lui, c'est une nécessité pour bouleverser la vision qu'on a du couple et de l’amour. Ci-dessous quelques tips pour foutre votre vie amoureuse à sac dans les règles de l’art.


Sexe entre amis

La clé du succès de Richard Mèmeteau, c’est d’appuyer des analyses philo très fines sur des grosses réf’ de pop-culture. Le premier chapitre de son livre s’applique donc à éplucher les plus grandes comédies romantiques type Sex Friends pour questionner la vision moderne de ce que sont nos amitiés non-platoniques (appelons-les comme ça).

Pour le philosophe, le problème, c’est qu’aucun de ces films n’arrive à enrayer la “malédiction de l’amour”. Ces histoires d’amitié et de sexe ne trouvent jamais leur équilibre en elles-mêmes : parce qu’il faudrait nécessairement, à un moment donné, réussir à tomber amoureux-se. Sans quoi, nous dit Hollywood, tout ça est un peu un échec. Vous imaginez des gens qui passeraient de chouettes moments ensemble, faisant l’amour ou pas, mais gardant chacun de leur côté leur indépendance ? Mais enfin. Quelle idée.

Vive Tinder

Du coup, l’auteur nous donne sa propre interprétation des phénomènes liés aux sites de rencontre et à leur apparition. Son idée ? En finir avec l’image de l’hypermarché du sexe. Et décréter que ces plateformes qui nous permettent de nous rencontrer et de nous mettre en lien sont certes critiquables à certains égards, mais qu’elles nous offrent pour autant la possibilité d’explorer librement nos relations et leurs modes de fonctionnement, notre sexualité, nos envies, besoins et désirs.

En ça, l’idée serait d’en finir avec l’histoire selon laquelle “de toute façon ça ne sert à rien c’est le Monop’ de la chope”. Parce qu’en se positionnant de cette façon, on perd la possibilité de l’ouverture. Une ouverture, qui, évidemment, doit s’accompagner d’une prise de conscience collective - femmes et hommes ensemble - sur ce que sont nos rapports - sexuels et amoureux - et ce qui s’y joue.

Encore ce foutu célibat

Selon Richard, ce qui nous empêche de poser un regard clair sur nos relations pour ce qu’elles sont, c’est que nous cherchons tout d’abord à les définir par ce qu’elles ne sont pas. Vous vous souvenez de ces moments atroces de doute où vous étiez dans une relation avec une personne sans être pour autant bien sûre d’être en couple ? On a beau voir cette personne toute la semaine, lui envoyer des textos toute la journée, avoir rencontré tous-tes ses meilleur-es potes, rien à faire. On se demande : où est-ce qu’on va comme ça ? Est-ce qu’on ne va pas dans le mur ?

L’enjeu de ce livre est de vous dire “non, détendez-vous”. Pas “faites n’imp’, de toute façon rien n’a de sens”. Mais plutôt “on vit une époque assez fascinante qui nous donne la possibilité assez cool de revisiter nos relations et de les réinventer”. Et en vrai, si on se sent bien dans une relation type sex friends, pourquoi y mettre un terme pour chercher une interprétation plus classique des relations de couple ?

La salope éthique

Attention au titre qui n’y va pas avec le dos de la cuillère, mais on s’explique : le terme de salope éthique est apparu en plein boom des mouvements féministes ricains dans les années 90. L’idée ? Établir une “liste” de règles et comportements “bienséants” à tenir dans le cadre de nos relations d’amour.

Pour vous la faire courte, le concept est que dans le cadre de la libération des moeurs - sexuelles notamment - nous avons la possibilité de vivre une vie charnelle palpitante. Mais que celle-ci ne saurait être menée sans respecter son/ses partenaires, tant d’un point de vue physique (se protéger, éviter les rapports sexuels à risque #sortezcouverts) que d’un point de vue émotionnel (ne pas se prendre pour le roi du pétrole parce qu’on voit trois personnes en même temps #dontbeafuckboy).

Pour méditer là-dessus, on vous recommande très chaleureusement le film Charlotte a 17 ans de Sophie Lorain qui vient de débarquer au ciné : ou comment mettre en scène le croisement des problématiques liées à la libération sexuelle, au slut-shaming, au célibat, aux sex friends, et au respect (primordial) des envies de chacun-e.

Et pour lire, découvrir, offrir le (génial) livre de Richard Mèmeteau, c’est par ici.