#1 Parce que ça va vous donner envie de mettre votre syndrome de l’imposteur au tapis

 

C’est une des premières choses que l’on a retenues de la série : l'aplomb à toute épreuve de ses personnages féminins qui redoublent d’ingéniosité pour faire la nique aux normes sociétales qui les entravent.

 

Concrètement : le personnage de Mildred Ratched, crazy-ment interprété par Sarah Paulson, est l’allégorie même du “fake it until you make it”. Parce que quand Mildred a une idée en tête, rien ni personne ne peut l’arrêter : ni son CV (qui ne correspond pas aux qualifications attendues pour le job auquel elle postule), ni l’indifférence ou la violence des hommes (qu’elle remet à leur place constamment sans même qu’ils ne se rendent compte) ; ni les conventions sociales (qui voudraient qu’une femme seule sache “rester à la place qui lui est réservée”, surtout en plein dans les années 40).

Et comment vous dire que ça fait un bien fou ? Déjà, parce qu’on n’a pas l’habitude de voir des séries “d’époque” qui nous montrent des personnages féminins qui n’ont pas leur langue dans leur poche. Qui occupent des postes de pouvoir. Qui vivent leurs amours et leur sexualité comme bon leur semble. Qui acceptent leur célibat et le revendiquent presque.

 

En bref, la réflexion que l’on s’est faite au visionnage ? “Bord... finalement, il devait y en avoir tant des meufs comme elles à cette époque.” Et bizarrement, ce n’est jamais elles que le cinéma choisit de montrer. Alors merci, Ratched.

 

 

#2 Parce que vous allez comprendre que la sororité est une force

 

Deuxième argument qui démontre toute la qualité de l’écriture de la série : TOUS les personnages sont complexes. Loin de se vautrer dans les archétypes les plus attendus, Ryan Murphy nous fait le plaisir de nous montrer des personnages féminins hauts en couleur, imprévisibles, aux secrets multi(iiii)ples, qui n’en finissent pas de nous surprendre tout au long des 8 épisodes.

Coup de maître : nous présenter toutes ces femmes à la fois bien intégrées à la société… et totalement à sa marge, qui vivent leurs histoires et leur émancipation seules, pour finir par se retrouver, en quelque sorte, dans le même bateau : parfois brisées, mais aussi libres, et surtout solidaires.

 

En témoigne l’impossible mais géniale amitié entre Betsy Bucket, nurse charismatique d’une cinquantaine d’années, célibataire et grande gueule, Gwendolyn Briggs, attachée de presse du gouverneur de Californie, moderne et lumineuse AF et en couple-alibi avec un homme gay, et Mildred Ratched, nurse et héroïne de la série, pétrie de traumas et de secrets.

Ce qui les unit ? Cette marge où elles se retrouvent justement. Cette rage de vaincre. Cette conscience de la violence qui s’opposent à elles, et des choses parfois atroces qu’elles ont du faire pour s’en sortir.

 

Nous, ça nous touche :o.

 

 

#3 Parce qu’on n’a rarement vu une peinture aussi chelou et intéressante de la santé mentale

 

C’est le coeur du propos de la série Ratched : dessiner façon spin-off la vie du personnage de Mildred Ratched, aka la nurse en cheffe du roman Vol au-dessus d’un nid de coucou de Ken Kesey - adapté au cinéma par Milos Forman en 1962.

 

Pour celleux qui n’auraient pas vu le film (ou lu le livre), on y côtoie une Mildred Ratched plus âgée, froide, inflexible et obsédée par l’ordre et son pouvoir au sein de l’hôpital psychiatrique dans lequel elle travaille. Pour l’anecdote, dites-vous que le perso de l’infirmière Ratched a d’ailleurs été élu 5e “meilleur méchant” et 2e “meilleure méchante” de l’histoire du cinéma par l’American Film Institute en 2003 (#badass).

Ce qui fait la qualité de la série, c’est que la folie y est à la fois omniprésente, mais jamais représentée de manière “cliché”. Et que la figure du fou ou de la folle n’est jamais vraiment celle qu’on croit : à l’image de ce médecin visionnaire qui, finalement, exerce des méthodes barbares. Ou de cette nurse “candide” qui se lance dans une cavale sanglante.

 

En fait, ce qui y est dépeint, au-delà de la folie en elle-même, c’est la folie des méthodes employées par ceux qui ont le pouvoir. Qui détiennent des “savoirs” scientifiques biaisés par leurs croyances personnelles. Des mandats politiques qu’ils mettent au service de leurs affaires personnelles. Et qui s’emploient, de fait, à détruire des vies plutôt qu’à les sauver.

 

En témoigne le traitement réservé aux deux patientes internées dans l'hôpital pour leur lesbianisme, encore considéré comme une déviance sexuelle à l’époque. En témoigne l’engouement autour de la lobotomie, pratique barbare qui rend la série parfois insupportable à regarder (#triggerwarning).

De cette manière, Ryan Murphy nous montre aussi que le système (et le cis-tème) tend à mettre les personnes dans des situations et positions si violentes qu’elles ne peuvent parfois pas faire autrement que de craquer. À l’image du personnage de Charlotte Wells, une femme noire séquestrée par un groupe d’hommes blancs, qui souffre d’un trouble de la personnalité multiple à la suite des violences qu’elle a subies.

 

Ces traumas et violences qui peuvent façonner l’histoire de ces personnages font de la figure du monstre quelque chose de bien complexe et profond que ce qu’on a l’habitude de voir. Ça fait du mal, mais ça fait du “bien” à l’histoire de la santé mentale (#visibilisation).

 

 

#4 Parce qu’on ne voit pas assez d’amours lesbiennes à l’écran

 

C’est l’une des choses les plus chouettes (et les plus feel good, on n’va pas se mentir #leresteestbadant) de la série : l’histoire d’amour a priori impossible mais finalement si évidente entre Mildred Ratched et Gwendolyn Briggs. Comme l’explique très bien la journaliste Marion Olité pour Konbini : “Il fallait bien un Ryan Murphy pour imaginer un personnage principal lesbien et quarantenaire, dans une série aussi mainstream que celle-ci, diffusée sur Netflix.

Cette love story complètement imprévisible a aussi une véritable fonction pour la série : nous montrer aussi pour la dénoncer la lesbophobie de l’époque, tout en adoptant, POUR UNE FOIS, le point de vue de plusieurs personnages lesbiens. Et qui de mieux pour les interpréter que Sarah Paulson et Cynthia Nixon, elles-mêmes lesbiennes et engagées depuis longtemps pour les droits des communautés LGBTQI ?

 

Pour conclure : ne regardez pas cette série si vous vous sentez plutôt d’humeur à faire dans l’humour ce week-end (on vous prévient). Mais si vous avez envie d’une vraie expérience intense (parfois flippante, ok) de cinéma, alors go for Ratched.

 

 

Ratched, saison 1, une série de Ryan Murphy et Ian Brennan, à découvrir sur Netflix. La saison 2 est déjà dans les tuyaux !