Euphoria est une série qui parle d’adolescence et de passage à l’âge adulte sans tabous : elle peut-être de fait difficile à visionner pour un public sensible ou peu averti (scènes de viol, de sexe, de drogue violentes...). Âmes sensibles s’abstenir !

 

 

#1 La fabrique du sexe

 

L’idée d’Euphoria, c’est de tirer le portrait à ses différents personnages par touches et par étapes au fil des 8 épisodes (#apprendreàseconnaître). Ainsi, on découvre comment les garçons grandissent dans le culte d’une masculinité toxique (pas pleurer, pas avoir de sentiments, être blindé “comme un homme”), et comment les filles se construisent, pour la plupart, dans l’idée de leur plaire, quoi qu’il arrive (vivre dans le culte du corps, se faire slutshamer, tenter à tout prix de correspondre aux diktats de la beauté en cours).

Et puis au milieu de tout ça, un vent de liberté : avec des personnages beaux comme vous, genre celui de Rue, héroïne en plein struggle avec sa dépression, en proie à des troubles du comportement, super intelligente et qui n’a pas sa langue dans sa poche; ou encore celui de Jules, meuf queer en transition de genre, qui performe sa féminité de la manière la plus inspirante possible.

 

 

#2 À nos amours, addictions, et autres névroses

 

Euphoria montre la génération des digital natives avec une sincérité si troublante qu’on en a franchement chialé (pour de vrai, oui). Elle montre l’envers du décor, le beau ET le terrible, d’une génération aussi intelligente et paumée qu’elle est sur-connectée.

Résultat : y est abordée avec brio la question de l’addiction, aussi bien à travers l’exploration des paradis artificiels comme l’expérimente le personnage de Rue (accro aux drogues en tout genre, à Internet, et victimes de crises d’angoisse récurrentes) ; mais aussi en brossant le portrait de Kat, adolescente grosse qui découvre sa sexualité, entre empowerment, injonctions grossophobes, addiction et émancipation, en devenant travailleuse du sexe sur une plateforme de porno en ligne.

 

 

#3 La recette pour devenir qui vous êtes vraiment

 

Ce qu’on retient d’Euphoria, au fond, c’est peut-être ça : qu’il n’y a pas de recette pour devenir qui nous sommes vraiment, à part peut-être d’apprendre à se découvrir en déconstruisant ce que l’on nous a appris (forcés ?) à être. La série montre comment, sur la voie du devenir-soi, on peut se perdre, perdre les pédales, la foi, le sens de l’humour, ou même ses potes.

Elle nous dit : n’ayez pas peur d’être qui vous êtes et ce dont vous rêvez. Le monde est hostile, mais en y explorant vos envies, vos désirs, vos sexualités, vous contribuez à le changer et à vous changer vous aussi. Et si parfois Euphoria est déchirante, dure, déprimante, elle a au moins le mérite d’être juste : parce qu’elle nous met les yeux dans nos névroses et nos paradoxes, et nous prend en même temps dans les bras pour nous faire un énorme hug.

 

En bref, pour nous c’était clairement bien plus qu’une série : c’était une expérience, un outil de connaissance de soi. Le tout, pour ne rien gâcher, sur la meilleure bande-originale de l’année : de quoi poursuivre le bingewatching par les oreilles en saignant ASAP la playlist qui regroupe oklm Solange, Arcade Fire, Ramsey, Kali Uchis, Kesley Lu, Anohni, Arca (oui, sans déconner).

 

 

Euphoria, une série de Sam Levinson, produite par Drake (!) à découvrir d’urgence sur HBO par ici ; ou sur Instagram par là.

 

(PS : On vous a dit qu’on avait adoré ?)