#1 Les adultes peuvent-iels jouer des ados ?

L’idée : embaucher des adultes pour jouer des adolescent‧es à l’écran arrive très régulièrement. D’ailleurs, il y a de bonnes raisons pour ça, comme le fait que les mineur‧es doivent être accompagné ‧es sur le tournage et ne pas dépasser un certain nombre d’heures de travail.

 

Les faits : dans le casting du reboot, les acteur‧ices ont presque le même âge, ce qui rend difficile la distinction entre professeur·es et élèves. Tavi Gevinson, l’ancienne blogueuse-enfant-star aujourd’hui âgée de 25 ans, joue Kate Geller, une professeur du lycée. Jordan Alexander qui joue Julien Calloway, la Serena Van Der Woodsen 2.0, est âgée de 27 ans. Pas très réaliste, donc.

 

Le débat : le problème, c’est qu’une actrice de 27 ans qui joue le rôle d’une lycéenne de dix ans de moins, peut donner une représentation erronée de ce à quoi devrait ressembler une adolescente. Bonjour les complexes si les adolescent‧es commencent à se comparer aux acteur‧ices de la série. Rappelons que c’est normal de pas toujours être sapé à la pointe de la mode, d’avoir de l’acné ou de ne pas avoir de relation sexuelle.

 

#2 Faut-il bannir les relations amoureuses profs-élèves dans les teen drama ?

L’idée : représenter une romance entre deux adultes consentant·es ? Oui ! Représenter une romance entre un professeur adulte et son élève adolescent ? Meh. Et pourtant, c’est l’une des intrigues les plus populaires dans les teen dramas.

 

Les faits : d’une part, il y a Rafa, un professeur jeune et ultra séduisant, qui traîne (comme par hasard) dans les mêmes endroits que ses jeunes élèves, tout aussi séduisants. Il tape dans l’oeil de Max Wolfe, le nouveau Chuck Bass bisexuel, avec qui il entame une relation secrète. Mais bien vite, Max réalise que Rafa n’en est pas à son coup d’essai et que cette relation est malsaine.

 

Le débat : même quand les relations amoureuses entre professeur et élève sont représentées comme malsaines et abusives, elles font quand même fantasmer. Deux personnages séduisants qui vivent une histoire d’amour impossible, ça donne envie. La représentation romantisée d’une relation prof-élève, où se joue forcément un abus de pouvoir, n’est peut-être pas la meilleure idée pour un public adolescent qui découvre à peine l’amour.

 

#3 Comment représenter l’activisme sans qu’il soit performatif ?

L’idée : injecter de la réalité sociale dans un teen drama peuplé de jeunes adolescent‧es plein‧es aux as, on ne dit pas non. En 2021, difficile de faire une série avec des adolescent‧es complètement détachés de la politique alors qu’iels sont de toutes les manifestations pour le climat, les droits LGBTQIA+ ou l’antiracisme.

 

Les faits : certains éléments du reboot illustrent l’idée que les adolescent‧es d’aujourd’hui sont conscient‧es de la société dans laquelle iels évoluent. Entre les tote bags à messages de Zoya, le bénévolat d’Obie, la fluidité des orientations sexuelles et les discours body positive de Julien, tout est mis en œuvre pour nous montrer que la nouvelle génération est plus woke que la précédente.

 

Le débat : À la fin de la saison, Obie va manifester contre la destruction de logements sociaux pour prouver à Zoya qu’il joint des actes à ses paroles. Finalement rejoint par Julien, son ex-copine, ils se rabibochent en pleine manif. Plutôt que de faire de l’activisme un sujet, la série l’utilise comme toile de fond pour alimenter une love story que l’on croyait terminée. Ça nous rappelle la pub polémique de Pepsi, où Kendall Jenner tendait une cannette à un policier pendant une manifestation Black Lives Matter et réglait ainsi les tensions sociales du pays.
 

Le reboot de Gossip Girl sera disponible prochainement en France sur Warner TV.


 

Justine Sebbag