La question

 

Bonjour Anissa,

 

Je vais bientôt avoir 30 ans et professionnellement, je suis perdue. J'ai l'impression de n'avoir été confrontée dans le monde du travail qu'à des déceptions, des comportements malsains, des cadres de vie inconfortables. Je me sens complètement perdue dans cette vie de bureau du matin au soir où seule la recherche du profit compte. Malgré plusieurs expériences différentes, le constat est le même.

 

On passe toute notre vie au travail, avec nos collègues... Il me semble que c'est une nécessité de trouver sa place mais je ne sais plus par où commencer.

 

Comment faire pour trouver ma voie ?

Merci de ton aide

 

 

La réponse

 

Chère C,

 

Ce n’est pas un hasard que tu fasses partie des si nombreuses personnes à m’avoir adressé cette question. Je reçois également beaucoup en consultation à ce sujet.

 

À l’approche des 30 ans - comme à d’autres caps de notre vie - nous sommes amenés à réaliser des examens de conscience et d'expérience. Et lorsque nous ne sommes pas alignés avec nos souhaits profonds et avec nos valeurs, cela peut être vécu comme un profond mal-être. C’est ainsi qu’on entre dans un état de dissonance cognitive : une incohérence entre ses aspirations et ce que l’on fait au quotidien dans les actes.

 

Cette dissonance entraîne ce sentiment d’être perdue, les questionnements existentiels, ainsi que la perte de sens et parfois une perte de confiance en soi.

 

On nous a beaucoup fait croire que le travail était la clé et qu’il fallait faire le plus d’études possibles pour parvenir au bien-être et à la réussite. Et dans l'inconscient collectif, on attend de nous qu’à notre âge on ait trouvé “notre voie” professionnelle et qu’on soit ancrés dans une carrière stable et linéaire…

 

Pourtant nous sommes toujours plus nombreux à être perdus, tourmentés, insatisfaits, dans l’ennui, en quête de sens, en suradaptation et parfois même soumis à des injonctions sociales et/ou familiales enfermantes et pernicieuses. Alors que pour beaucoup nous voudrions être utiles et contribuer au monde mais pas à n’importe quel prix. Et surtout pas au détriment de notre santé mentale et de nos valeurs.

 

As-tu remarqué la petite révolution qui s’est opérée ? Nos préoccupations sociétales et notre vision du travail ne sont plus en adéquation avec les modes de réussite, d’être, de consommation, de production et de travail de nos parents.

 

Aussi, je suis de ceux qui pensent qu'à notre époque le travail est une affaire personnelle, de cœur, d’âme et d’esprit. C’est pourquoi il me semble extrêmement important de prendre en compte ce qui se joue en soi. Et surtout d’éviter de faire l’autruche, de minimiser ou de se dire que “cela passera”.

 

(Je sais pas pour toi, en ce qui me concerne il est hors de question de vivre avec des regrets, d’aller à contre-courant de qui je suis, ou encore de me réveiller un jour avec l’aigreur du sentiment de s’être gâché! )

 

 

Trouver SES voies

 

Je crois que chercher à trouver “sa voie” est probablement un leurre pour plusieurs raisons :

 

1/ parce que ça reviendrait peut-être à renier notre nature multi-potentielle (Il me semble que ce qualificatif à la mode nous concerne tous puisque l’humain est programmé pour (ré)apprendre, expérimenter, créer et s’adapter tout au long de sa vie. Les neurosciences ont démontré que notre cerveau est un système ultra puissant aux potentiels illimités)

2/ ça reviendrait également à s’arrêter sur un choix de métier et vouloir entrer à tout prix dans un moule

3/ ça reviendrait en outre à ignorer le mouvement rapide et constant de la société, qui nous amène aujourd’hui à avoir plusieurs vies professionnelles

4/ et ça reviendrait enfin à renier notre moi qui lui aussi est en mouvement permanent tout au long de notre vie !

C’est un fait : les carrières longues et linéaires des boomers laissent désormais place à la variété et la multiplicité des activités. Et les évolutions du monde du travail nous amènent à nous adapter et à nous renouveler en permanence.

 

Et s’il était désormais question de trouver et d’expérimenter plusieurs voies ?

 

 

Se trouver soi d’abord ?

 

Si trouver tes voies… professionnelles, c’est trouver des activités dans lesquelles tu vas pouvoir exprimer tes talents naturels, tes ressources clés, et donc te sentir en cohérence, dans la justesse, alors je recommande de les rechercher sur la base de ce que tu sais de toi.

 

Quand “on se sait”, on peut être à en capacité d’anticiper, de rebondir et d’être véritablement acteur de sa trajectoire. Se sentir plus libre d’expérimenter dans un monde où les possibilités sont multiples… et tout cela en conscience et non plus en réaction à des peurs, des croyances, des injonctions, ou encore de la résignation, ou d’une supposée image ou valeur sociale…

 

Dans ce cheminement, il pourrait probablement être aidant de commencer par faire le point sur ce qui fait la personne que tu es aujourd’hui et celle que tu veux devenir demain.

 

Examen de conscience à l’écrit sur :

 

tes besoins, tes souhaits

tes valeurs

tes ressources, tes forces, tes qualités

tes modes de fonctionnement

Tes réussites, tes accomplissements, ce qui t’a rendu fière

tes limites, tes faiblesses

tes savoir faire, tes savoirs être (l’expérience acquise)

les contextes et les dynamiques qui te plaisent (et identifier ceux qui te repoussent)

Ce que tu veux apporter à la société, aux autres, et à toi même

les aptitudes que tu voudrais développer chez toi et ce que tu voudrais apprendre

 

Des professionnel.les pourraient t'aider à t’outiller et clarifier tes idées dans ce process. Je peux t’en recommander en privé si tu le souhaites.

 

 

Se remettre en mouvement et explorer

 

Je pense aussi que trouver tes voies passera par toutes les activités et projets qui te font du bien, te ressourcent, te font te sentir vivante, utile… En amorce de ce processus, je te suggère de :

 

☼ T’autoriser à aller explorer d’autres territoires, d’autres terrains de jeux, comme quand on est enfant ou ado, que nos activités, découvertes et lectures nous aident à nourrir des rêves, le lien aux autres, notre rapport au monde et la relation à soi.

☼ Apprendre de nouvelles choses en continu, chercher au quotidien des choses qui rallument la flamme, des apprentissages qui te nourrissent et te stimulent. Le cerveau est avide de nouveauté et la fabrication de nouveaux neurones est dépendante des choses, rencontres et découvertes inédites que l’on fait.

☼ Challenger ta routine chaque jour, pourquoi pas te fixer un petit objectif simple kiffant et différenciant chaque jour, sans attente ni autre enjeu que le plaisir de l’expérience, ou de se “coucher moins bête”.

 

Pour rappel : les grands changements viennent de toutes petites choses !