Les fonds d’écran Black Power de Nicholle Kobi
OUI, NICHOLLE KOBI
Des années qu’on suit la géniale Nicholle Kobi sur Insta. Des plombes qu’on rêve de la rencontrer, qu’on chope les prints de ses dessins pour les accrocher à tous nos murs, qu’on saigne son podcast Parisian Noire. Alors c’est pas sans émotion qu’on vous le dit : pour cette semaine dédiée aux Cultures Noires, Nicholle Kobi a dessiné des fonds d’écran spécialement pour vous. Et parce que la meuf est passionnante et passionnée, on en a profité pour lui poser deux-trois questions sur son travail et son combat. Respirez un grand coup, et inspirez-vous.
NOTRE Interview
Salut Nicholle Kobi, qui es-tu et peux-tu te présenter en quelques mots ?
Salut Tapage ! Je suis Nicholle Kobi, illustratrice et entrepreneure Afro-française basée à NYC.
Tu as toujours dessiné ? Est-ce que ça a toujours été une passion ?
Enfant, je dessinais énormément sur les catalogues que je trouvais à la maison, je changeais les visages par des coups de crayon. Mon père me disait toujours : je t’inscrirai aux Beaux Arts ma fille quand tu auras 18 ans. C’est même une passion héréditaire car toutes les femmes de ma famille du côté de ma mère sont des artistes plasticiennes.
La particularité de ton travail : tu dessines des femmes noires exclusivement. On doit souvent te poser la question, mais peux-tu rappeler à nos lectrices pourquoi c'est si important ?
C’est important que les femmes noires soient représentées dans les milieux artistiques, mais c’est encore plus important qu’elles soient représentées par une femme noire ! Car évidemment il y a toujours eu des dessins de femmes noires mais la plupart du temps elles étaient vulgarisées, sexualisées ou exotisées.
De plus, représenter positivement les communautés noires permet aux plus jeunes de se projeter, d’aller au-delà des clichés que nos sociétés nous servent sur “l’être noir”. Les clichés sur la beauté, les cheveux afro, le couple mixte comme modèle de société ou réussite, la ghettoïsation de l’homme noir, la pauvreté de l’Afrique et des peuples afro-descendants… la liste est longue. Le rôle du dessin, c’est de parler au plus grand nombre et faire passer un message.
Ça veut dire quoi d'être une femme française noire et artiste aujourd'hui ? Comment tu le vis ?
Ça veut juste dire qu’on est un être marginal. Je pense que ça toujours été le cas pour les artistes en général mais les artistes noires telles que moi dérangent. Et c’est marrant, car lorsqu’on me demande aux États-Unis comment mon travail est reçu en France, c’est toujours compliqué a expliquer : je réponds souvent que les personnes noires sont frileuses, et il y a toujours besoin de débattre pour expliquer à certains pourquoi dessiner des personnes noires est important pour la communauté noire...
Les blancs ou les asiatiques le font sans être critiqués ou que cela ne passe pour une révolution artistique. Cela prouve bien qu’il y a une déshumanisation des personnes noires et qu’il faut faire évoluer les mentalités.
Tu es à la fois artiste et militante (entre bien d'autres choses) : comment concilies-tu ces deux "vies" ?
Je pense qu’un artiste doit refléter son temps ! Je ne sais si je suis militante en réalité mais je pense que les personnes afro-descendantes ont subi et subissent encore beaucoup d’injustices. Au même titre que les femmes veulent avoir les mêmes droits que les hommes, les afro-descendants veulent aussi être respectés et pas placés au second plan.
La conciliation entre ces deux choses est très naturelle pour moi, car il n’y a pas d'effort à faire : j’aime le dessin et j’aime l’histoire des peuples noirs. J’aime voir les afro-brésiliens se lever pour leurs droits au même titre que les noirs des îles pacifiques. J’aime l’histoire de Kimpa Vita comme celle de Shaka Zulu, j’aime la détermination de Rosa Parks et Winnie Mandela… Donc cela va de soi.