Comme un (lourd) besoin d’insouciance

 

Dans une interview, la styliste new-yorkaise Emily Dawn Long explique sa façon de travailler : “De la même manière que les enfants font des tartes de boue ou de la peinture aux doigts, je ne travaille pas en calculant à l’avance le résultat, je m’amuse. Ca me permet de me reconnecter à une époque insouciante où on n’attendait rien”. Celle qui dessine d’immenses fleurs niveau petite section de maternelle sur ses jeans à 200 $ marque un point.

Aujourd’hui, les jeunes générations (aka nous) sont confrontées à tout ce qui fout le camp : le réchauffement climatique, le sexisme (#metoo), l’inaction politique, les réformes des retraites, les grèves, la violence policière, le racisme, l’élevage animalier qui pourrit la planète et notre santé... On ne peut plus faire l’autruche : ON SAIT.

 

Et toute la responsabilité, non pas de créer un monde meilleur, mais de nettoyer le monde pourri qui nous est laissé, repose direct sur les épaules des plus jeunes. Ca fait beaucoup non ?

Tellement, qu’on peut avoir besoin de se réfugier dans la nostalgie d’une époque où on ne savait rien, à part que Gwendoline ne voulait plus être notre copine et que Martin nous avait péta tous nos bonbons d’Halloween (faux frère).

 

Une époque où il n’y avait que des guerres “pour de faux”, où le Père Noël pouvait exaucer tous nos souhaits, et où la phrase “Ne joue pas avec la nourriture, en Afrique il y a des enfants qui meurent de faim !” n’avait pas encore l’écho de la famine au Yémen.

Être une génération consciente c’est puissant, mais c’est aussi pesant. Un peu comme si on se tapait toute la charge mentale de la société. Alors on a besoin de pauses, genre un DIY couture scrunchie (oui, parce qu’on fait tout nous-mêmes aussi, et vive l’upcycling !).

 

 

Ras-la-salopette de la sexualisation

 

Se fringuer comme des enfants, c’est aussi une façon (consciente ou inconsciente) pour les femmes de se désexualiser. D'abord, les sneakers ont envoyé un gros fuck aux talons. Aujourd'hui, la child fashion dit merde à la lingerie (#nobra), aux décolletés, aux sacs à main qui pèsent une tonne, et aux jupes qui nous "mettent en valeur”. Parce que "en valeur" aux yeux de qui, en fait ? Ça va bien 5 minutes 300 000 ans le male gaze.

Comme Billie Eilish qui porte des tee-shirts oversize pour éviter les commentaires sur sa poitrine, les millennials se réapproprient leur corps et la mode en envoyant bouler toute considération pour leur potentiel de désirabilité aux yeux des hommes.

 

Et pour celles et ceux qui repensent à Britney Spears dans le clip de Baby One More Time en se disant qu’on peut être sexy sapée comme une mineure, vous pouvez déjà sentir le problème à la lecture de cette phrase.

 

 

Le neo-punk a 4 ans et demi

 

Chaque génération se rebelle aussi à travers la mode : la mini-jupe dans les 60’s pour renverser les mœurs et le sexisme, la mode hippie contre la guerre du Vietnam, le punk en réaction au capitalisme… Nos scrunchies seraient-ils une arme de révolution massive ? C’est possible…

Plutôt que de se donner des airs de grandes personnes en costume (wink wink les hommes politiques), en disant que la vérité sort de la bouche des enfants tout en les moquant dès qu’ils/elles prennent les pancartes (on est là Greta), on fixe nos barrettes et on enfile nos plus belles Converses (en plastique recyclé) direction la Marche pour le climat.

 

C’est notre révolution politique à nous. Un gros “screw you” métaphorique qui inverse les choses en faisant des enfants, les seul·es vrai·es adultes ici. On ne se prend pas au sérieux, mais on prend les vrais problèmes au sérieux (nous). Sortez vos serre-tête les enfants, on va renverser le pouvoir.