Forever the 2000's

 

Des années 2000, vous avez des souvenirs très nets de La Camisa Negra et Femme Like U. Ce que vous avez certainement oublié, c’est comment la mode a profité du big bang du nouveau millénaire pour réhabiliter le mauvais goût. C'est cette tendance ugly chic (et encore, on n'est pas sûres que "chic" soit le terme exact) qui fait son grand come back aujourd’hui.

La preuve ? Le compte Insta de l’influenceur Simone Cotellessa, aka Ecce Homo, qui pioche dans la mode d’aujourd’hui les odes aux années 2000 (coucou les bobs de la première collection Homme de Jacquemus). Jonathan Anderson, qui affuble ses mannequins de claquettes de piscine municipale. Hedi Slimane, qui repimpe la chemise hawaïenne de Magnum.

 

Aujourd’hui, 20 ans ont passé et la chaussette de sport se porte apparente, les joggings peau de pêche trustent les défilés et personne ne voit le problème quand il s’agit de porter des T-shirts publicitaires, surtout s'ils sont signés du collectif Vetements.

 

Et tout le monde en redemande : cette année le grand gagnant du LVMH Prize s'appelle Doublet, et leurs créateurs portent des chaussettes à carreaux dans des sabots d’infirmiers de bloc. Peur de rien.


Passion mauvais goût

 

La laideur est passionnante : c’est ce que nous apprend un nouvel ouvrage collectif, dirigé par Bertrand Naivin. Sur la Laideur rappelle que si le beau a longtemps passionné les philosophes (Kant, Hume, Hegel nous ont largement rabattu les oreilles avec ce sujet), la laideur, elle est plutôt passée à l’as.

Pourtant la laideur a plein de choses à nous apprendre. Notamment qu’elle n’est pas l’inverse de la beauté. Que ce que l’on trouve beau un jour peut nous sembler laid le lendemain. Et surtout, qu’une chose laide peut aussi bien nous fasciner qu’une chose magnifique (pour vous cultiver, c’est par ici).

 

Tellement fascinante qu’elle est la source d’inspiration de toute une flopée de comptes Insta, qui mettent en scène ces attentats visuels. Comme Decor Hardcore, dont la créatrice traine dans les tréfonds d’Internet pour trouver ce genre de décor, Crimes Against Shoemanity qui fait de la curation du pire du pire de la chaussure (âmes sensibles s’abstenir), ou encore Ugly Design, dont le nom parle de lui même. Oui ça fait mal aux yeux, mais c’est passionnant.


Flaw(less)

 

Les photos parfaitement cadrées/retouchées/filtrées ? Y’en a assez. Voilà plusieurs années que, lassées par les mannequins Victoria's Secret sans fausses notes, on milite pour le retour des gueules cassées.

 

Une croisade menée par des agences comme Misfit Models, Ugly Models ou, en France, Wanted qui prônent la diversité des physiques en scoutant des profils « atypiques ». Chez eux, pas de mensurations idéales ni visages parfaits, mais des gueules plus proches de votre grand-oncle de Moselle que de l’influenceur au sourire ultra bright.

Contre-effet inattendu, Instagram, en donnant la parole à tous, a permis de bouleverser les codes de la beauté. Avec des mouvements comme Free The Pimple ou Unibrow Movement, on n’est pas là pour faire du joli, mais du vrai. Les premiers en montrant des visages couverts d’acné, les seconds en réhabilitant le mono sourcil. C'est pas trop tôt.