Dans la mouvance des combats féministes pour abolir les clichés de genre (les femmes portent du rose, des enfants et l’éponge à vaisselle / les hommes portent du bleu, des altères et leurs c*******), et queer pour reconnaître les genres fluides au delà de la binarité homme/femme, la mode genderfluid ou genderless crée des vêtements que tout le monde peut porter, peu importe son identité de genre (homme, femme, cisgenre, transgenre, non-binaire, agenre, bigenre, pangenre…). Un beau projet mais dans les faits, la grande majorité des pièces estampillées genderless sont des chemises, baskets, jeans, hoodies, shorts… Aka des pièces historiquement masculines. Où sont les robes, jupes, bikinis et talons genderless ?

 

Encore une fois, le (corps) masculin est posé comme le genre neutre, le genre de référence. On le voit dans la langue française, mais aussi dans la recherche médicale ou encore les crash tests des ceintures de sécurité, comme l’analyse Caroline Criado Perez dans son livre Femmes invisibles.

A l’inverse, les attributs féminins sont dévalués (de la même façon que les femmes sont dévaluées dans notre société). Un homme qui porte une jupe est forcément gay, ridicule et inspire la moquerie, alors qu’une femme qui porte un costard est pro, pleine d’assurance et impose le respect. C’est d’ailleurs pour cette raison que les hommes ont cessé de porter des talons, pourtant à la pointe de la mode masculine au XVIIe siècle (coucou le Roi Soleil et ses 10 cm de pantoufles rouges).

 

Hérités des Perses - considérés à l’époque comme supra virils - les talons servaient à se grandir pour asseoir sa domination et à marquer son rang social : plus ils étaient hauts, plus ils étaient impraticables, et donc plus ils prouvaient qu’on passait sa journée assis et non à travailler dans les champs. Peu à peu, la démonstration de richesse passe par le voyage (les gens ne viennent plus à vous, vous vous exportez dans le monde), et le confort devient donc une nécessité. Et bien sûr, le fait que femmes aient piqué aux hommes le talon (parce que s’habiller comme un homme, valorisation, toussa), finit d’officialiser son rejet.

 

Of course aujourd’hui, il y a des exceptions, comme Harry Styles qui ne pose presque plus qu’en jupe ou en flanelle, Billy Porter qui nous régale à chaque tapis rouge avec ses robes de gala, Kid Cudi qui rend hommage à Kurt Cobain en robe prairie dans un concert, et plus récemment le chanteur Troye Sivan en plateformes et robe ALTU (marque “genderful” soon to be lancée) au MET Gala. Le point commun de toutes ces actus mode tho ? C’est que ça fait l’actu mode, parce qu’un homme qui porte une robe, c’est un homme qui porte une robe, pas un homme habillé. Alors que Kristen Stewart en pantalon, tout le monde s’enf.

Plutôt que de désigner uniquement certains types de vêtements comme genderfluid, unisex ou genderless, pourquoi ne pas considérer tous les vêtements comme acceptables pour tout le monde, qu’importe le vêtement et qu’importe son genre ? Plutôt que de pink washer des tee-shirts oversize ou des chaînes en argent, laissons qui veut shopper où iel veut ses tenues. Et plutôt que d’imposer des uniformes sans forme, ni couleur, ni style à des personnes queer parce qu'on est perdu·es sans cases, laissons-les exprimer leurs envies et besoins, et embarquons avec elleux sur le fabuleux chemin de la déconstruction fashion.

 

En plus de libérer le corps de tout le monde et de parler real inclusivité, ça permettrait aussi de lutter contre les violences que subissent au quotidien les personnes trans, comme, entre de trop nombreux autres exemples, la convocation de Fouad par l’administration de son lycée pour avoir porté une jupe. En attendant que les choses bougent par la force de notre force, on vous file ici nos marques (vraiment) genderfluid préf et nos meilleures inspi sur Insta :

 

Sixty Nine

Big Bud Press

PHLEMUNS

k.ngsley

Naclo

Official Rebrand

 

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