Autour de vous, tout le monde est maqué ou cherche sa moitié ? Si le couple reste la norme (on ne va pas se le cacher), ça pourrait bien changer. Selon une étude ARTE/France Culture de novembre 2021, 82 % des 18-24 ans et 70 % des 25-39 ans estiment qu’on peut être heureux·ses sans relation amoureuse. Quant au mythe de la nana désespérément à la recherche d’un mec ou d’une meuf, il est chamboulé : les hommes de la génération Z sont seulement 14 % à penser que le bonheur existe sans relation amoureuse contre 86 % des femmes. On répète (parce que ça fait du bien) : 86% des jeunes femmes pensent qu’on peut être parfaitement heureuse en dehors d’une love affair.

Aux US, l’idée fait son chemin depuis quelques années déjà, et un vrai activisme s’est développé autour du “singlism”, un mot inventé par la psychologue Bella DePaulo pour dénoncer la stigmatisation des célibataires et les discriminations qui peuvent en découler. Et ce statut est de plus en plus défendu, à l’image des stars comme Halle Berry, Jennifer Aniston ou encore Cameron Diaz qui ont revendiqué leur fierté d’être célib’.

 

En France aussi le nombre de célibataire augmente. En 2017, 16 % de la population française vit seule vs 10 % en 1990. Et ces derniers temps, plusieurs livres ou podcast se sont mis à repenser le modèle de la vie à deux comme Réinventer l’amour de Mona Chollet (ed. Zones), sortir de l’hétérosexualité de Juliet Drouar (ed. Broché) ou encore les épisodes de Single Jungle. Pour la journaliste militante de 27 ans Marie Albert, fondatrice de Sologamie, “le podcast des célibataires qui n’ont besoin de personne”, l’idée était avant tout de parler des problématiques qui touchent les célibataires et qui sont, selon elle, sous-documentées dans les médias.

« Ce podcast n’est pas une nouvelle injonction à être heureux·se célibataire, mais une façon de dire que le célibat peut ouvrir des portes et qu’en tant que femme c’est émancipateur car c’est essayer de vivre sans un homme », explique Marie. Que ce soit pour quelques mois ou pour toujours, la pro-célibat conseille de tenter l’expérience pour « voir ce que ça change au quotidien, au niveau de l’argent, des émotions, du logement, du travail, de ne pas avoir comme référent un homme ou une femme, et de se dire, je suis toute seule ».

 

Malgré tout, l’évolution de nos conceptions de l’amour n’a pas remplacé le modèle dominant. Parce qu’on est beaucoup à vouloir vivre à deux, et que le couple est aussi une sécurité (coucou le loyer à payer seul·e). Et comme le note la militante, « le célibat c’est aussi un privilège ». En tout cas, même si Marie reconnaît que « sortir de la norme a un prix énorme du fait de la solitude et de la pression sociale », elle ne troquerait cette « liberté » pour rien au monde.

 

Olivia Sorrel-Dejerine