Le mot consommation vient de consumare : faire la somme, achever, faire disparaître par l’usage. Consommer est en fait un proche cousin de consumer : détruire par le feu, épuiser les forces de quelqu’un ou quelque chose… On commence à déceler une idée sous-jacente plutôt menaçante : la consommation humaine, c’est taper sans conscience dans les ressources de la planète jusqu’à les épuiser avant de lâcher un “oup’s” la bouche et les poches pleines.

 

Et malheureusement, la consommation responsable qu’on nous propose aujourd’hui se résume en gros au combo voitures électriques (qui alimentent le marché des mines sales), sneakers en caoutchouc (qu’on change tous les 6 mois pour suivre la mode) et viande maturée (qui provient quand même de l’industrie la plus polluante au monde).

Une consommation responsable devrait être d'utiliser uniquement les ressources qui nous sont nécessaires pour vivre : construire un abri, se vêtir pour se protéger du froid, se nourrir, se soigner, élever nos enfants, sociabiliser, créer de l’art. Le capitalisme érige la réussite financière en big success parce que ça sert sa roue du hamster. Plus on espère être reconnu·e et valorisé·e par nos paires, plus on consomme, mais plus on consomme, plus on s’éloigne du sens de toute chose et du sens d’appartenance universel à la nature, et plus on cherche le sens là où on nous fait croire qu’il est, dans la richesse et la possession.

 

Comment on fait alors, pour sortir de la roue du hamster ? Déjà, prendre conscience qu’elle existe, que ce sont les lobbies dépendants du capitalisme qui la font tourner, et qu’il faut donc se sevrer de ce qu’ils nous vendent. Premièrement, en arrêtant de consommer pour consommer. Vous avez besoin de quelque chose ? Utilisez ce qui existe déjà en achetant de seconde main, ou en customisant ou réparant ce que vous avez déjà. Intéressez-vous aux low techs plutôt qu’à la surenchère de la technologie.

Se rapprocher des marques éthiques est un premier pas et une bonne chose. Mais la multiplication de ces marques ne l'est pas, parce que ça rentre dans le même mode de pensée de toujours produire plus et neuf. Et encore, quand ce n'est pas du greenwashing et que l'éthique ne concerne qu'un seul produit de la marque (coucou H&M) ou qu'une petite partie du produit... Avant d'acheter un 5ème shampooing, même s'il est solide, demandez-vous plutôt si vous en avez vraiment besoin, et si terminer celui que vous avez déjà n'est pas une meilleure option.

Same quand vous voulez passer des rasoirs en plastique au rasoir de sûreté en métal. Ne jetez pas vos anciens rasoirs ! Vous pouvez les utiliser jusqu'au bout, ou les conserver pour voyager si vous prenez l'avion avec un seul bagage cabine (le service de sécurité à l'aéroport ne vous laissera pas passer avec un rasoir de sûreté, mieux vaut le savoir avant). Chercher à adopter un comportement responsable c'est top et bravo parce que ce n'est pas facile. Chercher à remplacer sa consommation par une consommation responsable ? Mauvais angle d'attaque...

Même si vous avez envie de soutenir des petites entreprises. Soutenez plutôt des recycleries, des entreprises de seconde-main, des boutiques vintage... La croissance par la consommation est un mirage. On ne peut pas construire en épuisant, en détruisant. La vraie croissance viendra des valeurs humaines mises en commun, de la bienveillance, de l’égalité, de la justice, de la tolérance, du partage, de la solidarité. Alors seulement, l’être humain connaîtra la vraie croissance. Comme un enfant qui comprend que partager ses jouets avec ses copains et copines est bien plus cool que jouer seul. Un enfant qui rejette l’égoïsme pour commencer à grandir.